Quels sont les bienfaits de l’hypnose ?
hypnothérapie•Si elle est entourée de préjugés, l’hypnose s’affirme dans le domaine de la santé, démontrant son efficacité pour soulager douleurs et phobies, tout en offrant une relaxation durableFostine Carracillo pour 20 Minutes
L'essentiel
- L’hypnose, en focalisant l’attention sur la voix du thérapeute, plonge le patient dans un état de rêve éveillé qui facilite la découverte de solutions, bien que son efficacité varie d’une personne à l’autre.
- Pour une séance efficace, optez pour un praticien certifié, avec des séances de 30 à 60 minutes affichées entre 45 et 85 euros.
- En 2015, l’Inserm a confirmé que l’hypnose est efficace pour gérer le stress, traiter le syndrome de l’intestin irritable, soulager les affections psychosomatiques et réduire l’usage de sédatifs lors des interventions médicales.
Et si vous pouviez apaiser le stress, calmer l’urticaire, et surmonter les addictions, le tout avec une seule méthode ? La réponse se trouve dans l’hypnose. Cet état de conscience modifié offre un accès unique à l’inconscient, une région du cerveau souvent inaccessible autrement. En facilitant un lâcher-prise profond, l’hypnose permet de revisiter et transformer ses comportements et émotions.
L’hypnose, prouvée scientifiquement depuis 1992
L’hypnose, dérivée du grec « hypnos » signifiant sommeil, désigne un état qui permet d’explorer l’inconscient tout en restant conscient. Bien que pratiquée depuis des millénaires, l’hypnose a attiré l’attention scientifique au XVIIIe siècle avec le Dr Mesmer et sa théorie du magnétisme animal, vite discréditée.
Ce n’est qu’au XIXe siècle, grâce à James Braid, que l’hypnose est reconnue pour ses effets bénéfiques via la suggestion. En 1955, la British Medical Society valide son usage médical, et en France, elle est officiellement reconnue en 1992 par l’Inserm. Aujourd’hui, l’hypnose est largement utilisée pour traiter divers troubles, du stress aux addictions.
Comment ça marche ?
L’hypnose invite à faire abstraction de son environnement pour se concentrer pleinement sur la voix de l’hypnotiseur. En induisant cet état, le patient devient hypersensible et réceptif, permettant une vue plus claire et reculée sur ses problèmes. Ce dernier entre dans un rêve éveillé où les sens sont détournés et l’esprit est libre d’explorer de nouvelles solutions. Malgré ces bienfaits pointés du doigt par nombre d’experts, l’efficacité de l’hypnose reste sujette à débat : tout le monde n’est pas réceptif à cette méthode, ce qui soulève des questions sur son universalité.
Une séance d’hypnose, ça ressemble à quoi ?
L’hypnose, généralement pratiquée en séance individuelle avec un hypnothérapeute, s’ouvre aujourd’hui à de nouvelles formes, telles que les consultations en ligne via Skype. Pour des troubles comme le tabagisme ou les troubles alimentaires, des séances de groupe peuvent aussi être proposées, facilitant l’accès aux soins et offrant un soutien d’urgence.
Les hypnothérapeutes utilisent divers outils pour aider leurs patients à se concentrer : visuels (images apaisantes), auditifs (la voix du thérapeute) et tactiles (contact physique). Ces techniques sont personnalisées pour chaque patient, favorisant ainsi une immersion plus profonde dans l’état hypnotique.
Lors de votre première rencontre avec un hypnothérapeute, la séance commence par une discussion sur vos besoins et votre état général. Vous vous installez confortablement, les yeux fermés ou fixant un point, tandis que la voix du thérapeute vous guide vers une profonde détente en évoquant des pensées apaisantes et en ajustant votre respiration. Cette phase de « préinduction » prépare votre esprit à la véritable induction, où la voix du thérapeute devient le fil conducteur pour mobiliser vos ressources intérieures.
Contrairement à l’idée reçue des spectacles d’hypnose, vous restez pleinement conscient durant la séance. L’hypnothérapeute n’exerce aucune emprise coercitive. La session se termine par un compte à rebours pour faciliter votre retour à la normale.
Les bons réflexes pour choisir son hypnothérapeute
Pour garantir une expérience efficace, choisissez un praticien formé avec des diplômes reconnus ou des formations de qualité, comme celles de l’Association Française pour l’Étude de l’Hypnose Médicale (AFEHM). Les séances, d’une durée de 30 à 60 minutes, coûtent entre 45 et 85 euros. Les consultations réalisées par des médecins peuvent être partiellement remboursées par la Sécurité Sociale et la mutuelle.
Les bénéfices de l’hypnothérapie
En 2015, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a passé au crible l’efficacité de l’hypnose en scrutant les recherches médicales disponibles. Le verdict est clair : l’hypnose se révèle utile pour maîtriser le stress et l’anxiété, traiter le syndrome de l’intestin irritable et soulager les affections psychosomatiques telles que le psoriasis, l’asthme et l’eczéma. Elle est également efficace pour réduire le besoin de sédatifs et d’analgésiques lors de procédures médicales, facilitant ainsi les interventions comme les chirurgies ou les biopsies.
Si vous faites partie des 8 Français sur 10 qui se réveillent la nuit, l’hypnose pourrait être précieuse. Une étude menée à Zurich et Fribourg montre que l’hypnose, en induisant un état de relaxation profonde, peut augmenter de 81 % la durée du sommeil réparateur. Bien que son efficacité dépende de la réceptivité individuelle, l’hypnose aide à atténuer les troubles du sommeil en agissant sur le stress et l’anxiété, offrant une qualité de sommeil améliorée.
Les phobies, qu’elles soient bien connues comme l’agoraphobie ou plus rares comme la thalassophobie (peur de la mer), naissent souvent d’une réponse de survie démesurée face à des peurs irrationnelles. L’hypnose, en exploitant des suggestions et des images mentales, pourrait offrir une solution efficace en permettant au patient de reprogrammer ses peurs et de transformer les associations négatives en perceptions positives. En évitant l’affrontement direct avec la peur, cette méthode aide à réduire leur impact paralysant et à restaurer le contrôle.
L’autohypnose, vraiment utile ?
L’autohypnose est une pratique autonome qui vous permet de retrouver calme et sérénité, où que vous soyez et quand vous le souhaitez. En seulement 10 minutes, vous pouvez vous recentrer, apaiser votre stress, soulager des douleurs ou affronter les défis quotidiens. Elle peut être votre alliée pour développer la confiance en soi, réduire les tensions, se préparer aux examens ou puiser dans vos ressources internes.
En vous concentrant sur un point précis ou en évoquant un souvenir agréable, vous activez un mécanisme de détente profonde. Les séances peuvent durer de quelques minutes à une vingtaine, selon vos besoins et votre disponibilité.
Pour une séance d’autohypnose relaxante, allongez-vous dans votre lit, lumière éteinte, et concentrez-vous sur le plafond. Prenez plusieurs respirations profondes et laissez vos yeux se fermer progressivement. Visualisez un lieu paisible que vous aimez et imprégnez-vous de ses sensations apaisantes. Vous pouvez aussi imaginer un endroit de votre passé, un coucher de soleil apaisant, ou une roue à aube ralentissant pour calmer les pensées.
Pour approfondir votre pratique, explorez les livres L’hypnose : adieu l’anxiété ! (Éd. In Press) du Dre Heloïse Delavenne-Garcia, 96 exercices faciles d’autohypnose (Éd. Leduc) de Jean-Michel Jakobowicz, et Manuel de l’autohypnose (Éd. Eyrolles) de Wilfrid Nkodia.
Une pratique qui continue d’interroger en termes d'efficacité
En 2016, l’Inserm s’est lancé dans une vaste évaluation de l’hypnose, en scrutant près de soixante essais cliniques. Résultat : un bilan plutôt nuancé. La pratique de l’hypnose se révèle très variée, allant de l’hypnose spectaculaire de cabaret à des approches thérapeutiques plus sérieuses comme l’hypnose ericksonienne. Cette diversité commence par soulever des questions sur la cohérence de l’utilisation du terme.
Concernant son efficacité, l’Inserm a trouvé des preuves solides dans la gestion de la douleur, notamment en anesthésie. Cependant, les résultats sont moins clairs pour d’autres applications, comme l’accouchement sous hypnose, où le vécu de la douleur semble atténué, même si l’intensité rapportée reste inchangée.
L’hypnose montre un potentiel thérapeutique dans certains domaines, comme le syndrome du côlon irritable, mais reste décevante pour le sevrage tabagique et en psychiatrie, malgré des témoignages enthousiastes de certains praticiens. L’Inserm a ainsi indiqué que, bien que l’hypnose ait ses mérites, ses applications et son efficacité nécessitent encore des recherches approfondies.
Des bienfaits qui restent à prouver
L’Organisation mondiale de la santé et l’Inserm restent ainsi sceptiques quant à l’efficacité de l’hypnose pour arrêter le tabac. Son utilité dans d’autres domaines reste également à démontrer, notamment pour réduire les douleurs dentaires chez les adultes et les enfants, prévenir la dépression post-partum, atténuer les bouffées de chaleur liées à la ménopause et traiter la schizophrénie. Néanmoins, des études ont révélé des effets prometteurs de l’hypnose pour la perte de poids chez les personnes en situation d’obésité.
Des contre-indications à connaître avant de se tourner vers l’hypnothérapie
L’hypnose, bien que généralement sans danger, est déconseillée aux personnes souffrant de troubles psychotiques graves comme la schizophrénie ou la paranoïa. Loin des clichés alarmants, elle n’entraîne ni douleur ni risques majeurs, et l’idée d’être coincé en état d’hypnose ou d’agir contre sa volonté est un mythe.
Le rapport de l’Inserm souligne que l’hypnose n’entraîne pas d’effets indésirables graves, bien que des incidents rares ne soient pas totalement exclus. Néanmoins, il est important d’éviter les pratiques non régulées et de se tourner vers des professionnels reconnus pour une hypnose sûre et sérieuse.
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