Vers, parasites, bactéries… Qui sont les terreurs des bacs à sable ?
Les bacs à sable font le bonheur des enfants quand viennent les beaux jours. Ils peuvent être aussi le terrain de jeu privilégié d’invités non désirés
Clio Weickert
L'essentiel
- Les beaux jours arrivent et les enfants retrouvent avec plaisir les joies du bac à sable.
- Ils peuvent aussi faire la connaissance d’invités non désirés qui peuplent parfois ces espaces en extérieur.
- Quels parasites et autres joyeusetés se terrent dans les bacs à sable ? Comment y faire face ?
Le temps est bon, le ciel est bleu et votre enfant joue gaiement avec ses compères dans le petit bac à sable du jardin public de votre quartier. Certains façonnent des châteaux – plus ou moins aboutis –, d’autres font rouler leurs mini tractopelles. Quelques irréductibles se lancent du sable à la figure ou en mangent goulûment par poignées… Malgré la légère impression de chaos et la loi de la jungle qui règnent dans ce microcosme, tout se déroule à merveille. Ou presque.
Tout bascule lorsqu’un parent vous lance avec légèreté, au détour d’une conversation, la question qui tue : « Au fait, le vôtre n’a toujours pas attrapé de vers à force de venir ici ? » Des vers ? ! Notre regard paniqué se fige vers cette petite plage urbaine qui nous semble désormais radioactive. Quels parasites et autres joyeusetés se terrent dans les bacs à sable ?
Le club de vacances des parasites
On peut en effet y trouver des oxyures, ces vers intestinaux qui se transmettent aux petits comme aux grands. « C’est le parasite le plus fréquent chez les enfants », explique la pédiatre Catherine Salinier, experte MPedia et ex-présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Une fois ingérés, les œufs d’oxyures vont éclore dans l’appareil digestif et les vers prennent le chemin des intestins. « La femelle va pondre ses œufs à la marge de l’anus, en particulier la nuit. Ça gratte énormément et ça empêche de dormir », précise-t-elle.
La toxoplasmose ou la toxocarose, des maladies parasitaires, peuvent aussi se nicher dans le sable, tout comme des bactéries, à l’instar de l’Escherichia coli, mais aussi des champignons qui peuvent provoquer des mycoses ou encore des virus, dont ceux à l’origine des verrues. Un réjouissant festival.
Mais pourquoi tout ce petit monde peut-il établir domicile dans ces espaces, entre une petite voiture et une pelle en plastique ? Parce que les sols meubles sont aussi les terrains de jeux privilégiés d’autres cibles adorées des parasites : nos amis les chiens et les chats, sans oublier les souris, les rats et éventuellement certains volatiles.
Ils peuvent y faire leurs besoins et éparpillent à travers leurs déjections des larves et autres comparses qui se trouvent dans leurs propres appareils digestifs. D’où l’intérêt (en plus du bien-être animal), de déparasiter ou vermifuger sa petite boule de poils.
Des espaces surveillés
Si les propriétaires d’animaux doivent veiller à ce que leurs petits compagnons ne se soulagent pas dans ces endroits, les municipalités peuvent être aussi responsables de ces espaces lorsqu’ils se trouvent dans des squares, parcs ou jardins publics.
A Paris, par exemple, la DEVE (Direction des Espaces Verts et de l’Environnement de la Ville de Paris) gère actuellement 77 petits bacs à sable et 38 grands bacs ayant une utilisation mixte (surface de réception pour des structures de jeux et aire de sable).
Des périmètres scrutés et entretenus, « ratissés quotidiennement pour retirer les détritus, les objets contondants, d’éventuelles déjections, nous explique la Ville de Paris. Le sable est remis à niveau sous les jeux pour garantir les propriétés amortissantes. Ils sont retournés tous les trimestres pour éviter le développement des bactéries anaérobies [qui se développent en absence totale d’air ou d’oxygène]. »
De même, la Ville indique effectuer « des contrôles chaque année par le Service Parisien de la Santé Environnementale ». L’objectif ? « Vérifier que ces bacs à sable sont exempts de contaminations bactériologiques ou parasitologiques (provoquées par des déjections d’animaux principalement). En cas de présence de bactéries au-delà des normes autorisées, il est préconisé un retournement intégral du sable suivi d’une contre-analyse et si les tests sont toujours non conformes, le sable est changé. Si la présence d’œufs de parasites excède les normes autorisées, le bac est vidé, nettoyé et le sable renouvelé », nous précise-t-on.
Les petits citadins ne sont pas les seuls concernés. Qu’ils soient en ville, à la campagne ou près d’un lac, tous ces espaces sableux peuvent héberger des parasites s’ils ne sont pas protégés et surveillés, rappelle la pédiatre Catherine Salinier.
Bas les pattes
Des mesures peuvent être prises par les familles pour limiter les risques de contamination. Si les petits chopent plus facilement des vers, c’est parce qu’ils tripatouillent tout ce qu’ils trouvent puis portent leurs petits doigts adorables (mais cracra) au visage et à la bouche. Dont ces parasites qui se collent à la peau ou sous les ongles.
Pour Catherine Salinier, une seule solution : « Il faut redoubler de vigilance sur l’hygiène et sur les gestes basiques, c’est-à-dire se laver les mains. On ne le fait pas assez. De la même façon que lorsqu’on manipule des courses ou de l’argent, on doit le faire quand on va jouer dans le sable ou la terre ».
Au mieux, on rince les mains de son enfant dès la sortie du bac à sable. Au pire, on les lave juste après être rentré chez soi. La pédiatre préconise également de leur couper les ongles courts. Outre la bouche, on fait aussi attention à ce que notre petit ne se frotte pas les yeux, pour éviter une possible conjonctivite (autre joie fréquente de la petite enfance).
Et si notre bambin a mangé du sable, intentionnellement ou non, c’est le drame ? « Ce n’est pas grave, rassure Catherine Salinier. L’enfant ne va pas plus se contaminer parce qu’il aura mis du sable à la bouche que parce qu’il y aura mis ses mains sales. C’est un moyen d’exploration pour eux. Il faut leur dire que ce n’est pas propre mais ils comprennent vite que ce n’est pas bon et arrêtent d’eux-mêmes. »
Un espace de sociabilisation « bénéfique »
Enfin, au moindre doute ou symptômes, il ne faut pas hésiter à aller consulter son pédiatre ou son médecin généraliste, en lui précisant où son enfant a traîné ses guêtres.
Très bien pris en charge et traités, « les parasites du bac à sable ne sont pas plus dangereux que les otites et les rhinos de la crèche », souligne la pédiatre. Par ailleurs, on peut attraper ces vers intestinaux dans d’autres endroits en collectivité.
Face à ces déconvenues, tout parent inquiet pourrait être tenté de bannir à vie les bacs à sable du quotidien de son enfant, du moins jusqu’à sa majorité. Or, ces espaces de jeux ne sont pas sans intérêt dans son développement.
« C’est quelque chose de très bénéfique. Les bacs à sable ont plusieurs vertus, estime Catherine Salinier. D’un point de vue de la manipulation, c’est très sympa, d’autant qu’ils adorent patouiller des sols meubles comme le sable. En plus de ça, ils sont en général plusieurs et il y a donc tout ce côté convivial d’y rencontrer d’autres enfants. »
Notre dossier Vie de familleC’est aussi un espace de sociabilisation pour les parents. En papotant entre eux, ils sont moins obnubilés par le moindre grain de poussière qui s’approche de leurs petites merveilles et les laissent jouer en paix. Sans compter sur la possibilité de s’échanger des bons plans, des conseils… Ou de nouvelles angoisses, au choix.