Vous connaissez sûrement la fast fashion, mais avez-vous entendu parler de la fast déco ? Eh oui, la surconsommation et les modes éphémères ne se limitent pas au textile : la décoration, souvent oubliée, est également un secteur qui pollue énormément. Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), le nombre de déchets d’éléments d’ameublement est en hausse depuis 2014.

« Les marques jouent énormément sur ces nouvelles tendances pour encourager l’achat, créant une obsolescence émotionnelle, explique Coralie Vasseur, décoratrice et architecte d’intérieur à l’origine du podcast My Greenterior. Les objets de décoration et textiles deviennent rapidement démodés, poussant à les remplacer fréquemment, et les réseaux sociaux amplifient ce phénomène. »

20 Minutes a rencontré des experts du secteur pour décrypter cette tendance croissante en France, où plus de 1,2 million de tonnes de déchets d’ameublement ont été produites en 2020, selon le rapport de l’ADEME.

Trop de meubles achetés, puis jetés

La fast déco, repose sur des collections renouvelées rapidement, des prix très bas avec des promotions constantes, et une omniprésence sur les réseaux sociaux pour séduire les consommateurs et rendre certains produits tendance. Le tout est souvent associé à des conditions de production peu respectueuses de l’environnement et des travailleurs. Présente autant dans les enseignes de milieu de gamme que dans le low-cost, il devient difficile d’y échapper.

« Il est essentiel, en tant que consommateur, de réfléchir à ses besoins réels avant d’acheter. Se demander si un achat est vraiment utile permet de ne pas céder à des tendances éphémères », explique Manon Richert, responsable communication de l’association écologique Zéro Waste France. Une démarche qui pourrait freiner le flux constant d’incitation à l’achat, souvent présenté sous forme de « haul » sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, par exemple, les hauls de décoration low-cost d’enseignes comme Action, Temu ou Shein cumulent des millions de vues sous des hashtags comme #HaulHomeDecorStyle ou #hauldeco, mettant en avant des produits à moins de 20 euros.

Entre 2017 et 2022, la France a vu le nombre d’éléments d’ameublement mis sur le marché augmenter de 88 %, passant de 269 à 505 millions d’unités, selon Zéro Waste France. Cette hausse considérable alimente la surconsommation, le gaspillage de meubles et, par conséquent, l’impact écologique grandissant du secteur de la décoration.

Quelles options pour échapper à la fast déco ?

« Ne vous laissez pas happer par les tendances, mais écoutez-vous. » C’est le conseil clé de Coralie Vasseur, décoratrice et architecte d’intérieur spécialisée dans l’écoresponsabilité. « Si les gens choisissaient des objets qu’ils aiment depuis longtemps, il y aurait moins de risques de lassitude, donc moins de besoins de changer souvent. »

Aller à contre-courant de la fast déco n’est pas une tâche facile, mais c’est faisable, quel que soit votre budget. Coralie Vasseur propose plusieurs options adaptées à chacun. La première : évitez les enseignes grand public qui vendent des produits à la durée de vie limitée. Il existe des alternatives plus vertes, accessibles à tous.

« Si on a envie de changement sans jeter pour acheter neuf, il y a des solutions. Certains fabricants proposent des meubles modulables, comme un canapé qui change de housse ou une bibliothèque ajustable. » Ces investissements sont rentables sur le long terme selon la décoratrice et architecte. Mais si votre budget est plus serré, orientez-vous vers la seconde main. « Avec un peu de réparation ou de customisation, ils peuvent parfaitement s’adapter à vos goûts, et ça coûte très peu cher. » La seconde main peut parfois même être du neuf : par exemple, l’enseigne de déstockage Noz s’apprête à vendre le stock des 23 anciens magasins Interior’s, placés en liquidation judiciaire en avril dernier.

L’option la plus écologique reste cependant le réemploi solidaire. « Les ressourceries sont une excellente solution. Elles créent de l’emploi pour des personnes éloignées du marché du travail, tout en proposant des objets récupérés et réparés », ajoute Manon Richert, responsable communication de l’association écologique Zéro Waste France.

Pour ceux qui ont un budget plus conséquent mais ne savent pas où chercher, vous pouvez vous tourner vers des marques vertes comme Sunhai Design, qui propose des chaises modernes faites uniquement avec des sacs plastiques recyclés, ou vers l’artisanat local, comme les sets de table uniques de Claudia Petruzzi Granato. Cependant, Coralie Vasseur met en garde : « Si vous choisissez un matériau avec une durée de vie limitée, non recyclable ni réparable, son intérêt écologique est réduit. Le critère principal doit être la durabilité du matériau, plus encore que son origine. »

Vous avez désormais toutes les clés pour créer une décoration à la fois personnelle et respectueuse de l’environnement.