À vos marques (de maillot)Peut-on vraiment préparer sa peau au soleil ?

Vacances d’été 2024 : Peut-on vraiment préparer sa peau au soleil ?

À vos marques (de maillot)Alors que beaucoup s’apprêtent à partir en vacances estivales, penser à protéger sa peau du soleil peut éviter de nombreuses déconvenues
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Les vacances scolaires démarrent, et beaucoup s’apprêtent à partir en vacances… sous le soleil.
  • À cette occasion, les risques de prendre un coup de soleil ou de développer une lucite estivale, forme d’allergie solaire, sont élevés.
  • Pour se prémunir de ces risques mais aussi du risque de cancer de la peau, il faut bien se protéger des UV. Mais peut-on préparer en amont sa peau au soleil ?

Selon la région où l’on habite, le beau temps et l’été, ce n’est qu’une vue de l’esprit. Pourtant depuis vendredi soir, c’est officiel, ce sont les vacances scolaires, et beaucoup vont prendre la route. Direction le soleil et la douceur de vivre estivale, pour se faire dorer la pilule.

Sauf qu’on le sait depuis longtemps maintenant : si, à juste dose, le soleil nous permet de synthétiser la vitamine D essentielle à la bonne santé de nos os et à notre immunité, en excès, il peut être mauvais pour la peau. Alors, à quelques jours ou semaines des vacances d’été, peut-on préparer sa peau au soleil ?

« Faire en sorte que sa peau ne souffre pas du soleil »

À cette question, le Dr Isabelle Rousseaux a une première réponse assez catégorique : « On ne peut pas préparer sa peau à recevoir beaucoup de soleil, c’est comme si on pouvait préparer ses poumons à avoir un cancer après avoir reçu deux paquets de cigarettes par jour ! » Oubliée donc, cette tendance d’un autre temps d’aller faire des séances d’UV en cabine de bronzage avant de partir en vacances.

« La pratique du bronzage artificiel est plus dangereuse qu’une exposition au soleil sans protection, rappelle l’Institut national du cancer (Inca). Le bronzage artificiel ne prépare pas la peau au bronzage ». En revanche, ce que l’on peut faire, tempère le Dr Rousseaux, « c’est de faire en sorte que sa peau ne souffre pas du soleil. Pour cela, la seule façon de se protéger est de s’exposer tout doucement et pas longtemps, d’y aller progressivement, conseille la dermatologue.

S’exposer au fur et à mesure

En s’exposant peu et petit à petit, on permet à la peau de fabriquer de la mélanine, ce bronzage naturel qui a pour but de protéger la peau des UV, à condition de ne pas prendre trop de soleil d’un coup. Donc on ne reste pas toute la journée sur la plage, même avec de la crème, insiste-t-elle. La crème solaire ralentit la vitesse de survenue d’un coup de soleil, mais ce n’est pas un filtre total, d’autant qu’on a tendance à ne jamais en mettre en quantité suffisante ».

Pour la dermatologue, la marche à suivre, c’est de « se baigner, et de se mettre à l’ombre. Mais aussi de s’exposer le moins longtemps possible : mieux vaut s’exposer douze fois cinq minutes au fil de la journée que de rester une heure d’affilée au soleil. Si on veut un teint hâlé, on peut très bien tricher avec des crèmes ou des compléments alimentaires autobronzants. Cela ne protège pas la peau du soleil, mais cela empêche de s’y exposer inutilement si on veut simplement avoir la peau bronzée ».

Éviter « la lucite estivale »

Évidemment, « on ne s’expose pas aux heures les plus chaudes de la journée : entre 11 heures et 16 heures, c’est là où le soleil est vertical et où les rayons du soleil sont les plus dangereux, avertit le Dr Rousseaux. Donc on évite, même avec un écran solaire indice 50 ». Autre avantage à s’exposer progressivement : éviter le risque de développer une lucite estivale, une forme d’allergie solaire qui touche principalement les femmes, dont Solène, 32 ans, sujette à la lucite depuis l’adolescence.

« Cela se manifeste par de petits boutons rouges sur le décolleté, les bras ou encore les jambes, c’est très incommodant. Et cela m’a déjà pourri plusieurs fois mes vacances, parce qu’une fois que la lucite apparaît, cela provoque des démangeaisons, mais aussi une sensation de brûlure dès que la peau est réexposée au soleil ». Une réaction qui peut apparaître en moins de trente minutes d’exposition et qui peut durer plusieurs jours. « On parle d’allergie solaire parce que l’exposition au soleil va entraîner une réaction cutanée, décrit le Dr Rousseaux.

Attention à la « décharge de soleil »

C’est comme recevoir une décharge trop forte de soleil d’un coup : la peau réagit à un ensoleillement trop intense et brutal. Ce qui est embêtant, c’est que la réaction cutanée peut durer jusqu’à quatorze jours et que le traitement est de ne plus s’exposer du tout au soleil en attendant que cela parte complètement. Si cela démange, on peut appliquer une crème à base de cortisone le soir. Mais en suivant ces consignes dès le départ, il n’y aura pas de souci », rassure la dermatologue.

Pour tenir la lucite à l’écart, Solène prend depuis plusieurs années des compléments alimentaires, « une cure de gélules solaires enrichies notamment en vitamine E et en sélénium, et depuis, j’ai moins d’épisodes de lucite ». Des cures « recommandées aux personnes souffrant de lucite, confirme le Dr Rousseaux. Beaucoup de patientes confirment moins souffrir de lucite en suivant ce type de cures, à commencer deux à quatre semaines avant de partir. Mais cela ne protège pas contre les UV et ne dispense pas de mettre de la crème ».

« La crème protège, mais pas totalement »

De toute façon, « les écrans solaires ne sont pas faits pour bronzer mais pour se protéger des méfaits du soleil, rappelle le Dr Rousseaux. Donc se tartiner de crème pour faire une séance de bronzette en plein soleil et avoir une belle peau bronzée n’a aucun sens. D’autant que les UVA, responsables du vieillissement de la peau et des cancers, passent le plus souvent la barrière de la crème solaire, insiste la dermatologue. Les crèmes solaires absorbent les UVB, responsables des coups de soleil, mais les UVA eux, ne sont pas arrêtés. Seules quelques crèmes ont une action contre les UVA, mais elle n’est pas totale ».

« Idem sur le crâne »

Or, aujourd’hui encore, « il y a des gens qui pensent qu’ils ne bronzeront pas s’ils mettent de la crème solaire », regrette le Dr Rousseaux. Et après de longs mois de météo maussade, beaucoup comptent bien se rattraper en vacances. « Si on aime passer la journée dans l’eau et rester au soleil, alors mieux vaut porter des vêtements, un chapeau et des lunettes de soleil, même dans l’eau, pour éviter tout risque, prescrit-elle. Sans oublier de mettre de la crème sur les zones fragiles comme le nez et les oreilles. Et au soleil, on évite son stick hydratant classique, sous peine de "faire frire" sa bouche, prévient la dermatologue. Pour le contour de la bouche, fin, on met une protection solaire adaptée indice 50. Idem sur le crâne chez les hommes qui n’ont plus de cheveux, c’est une zone très sensible. C’est pour cela qu’ils ont tout intérêt à porter une casquette : les cancers du cuir chevelu chez les hommes qui ont peu ou plus de cheveux sont fréquents. Et cela vaut aussi sous les nuages, sous lesquels on peut aussi attraper de vilains coups de soleil ».

« On se met à l’ombre » en cas de coup de soleil

D’ailleurs, si on en attrape un, « on se met à l’ombre, on hydrate sa peau et on ne se réexpose pas trop vite, conseille le Dr Rousseaux, parce que les cellules de la surface de la peau sont endommagées, donc il faut mettre une crème bien hydratante pour faire un film occlusif, protéger l’épiderme et permettre aux cellules de se renouveler. Biafine, aloe vera, crèmes à base de panthénol ou Cica crèmes à base de cuivre et de zinc sont à avoir dans sa trousse, et à appliquer en couche épaisse bien blanche, à laisser poser comme un masque. La peau qui a déjà été brûlée risque de rebrûler encore plus vite, et il y a un risque accru d’avoir un cancer sur les zones où il y a eu des coups de soleil fréquents, et ce dès l’enfance, souligne-t-elle. C’est le fameux capital solaire qu’on a dès l’enfance : les coups de soleil, c’est de la graine de cancer ! », conclut la spécialiste. Avant toute chose, attendons d’abord de voir si l’été sera chaud.