Cagnotte à 300 euros ou cadeau fait maison… Les instits sont gâté(e)s en fin d’année
Merci maîtresse•« 20 Minutes » a demandé à ses internautes parents ce qu’ils et elles offraient aux instituteurs et institutrices de leurs enfants en fin d’année scolaireBenjamin Chapon
L'essentiel
- La fin de l’année scolaire, c’est dans une grosse semaine. Les parents d’élèves s’organisent pour faire des cadeaux aux instits.
- Certains organisent des cagnottes, d’autres préfèrent des cadeaux personnels mais la tendance est à des cadeaux de plus en plus conséquents.
- 20 Minutes a demandé à ses internautes comment ils s’y prenaient.
«Bon, on offre quoi à la maîtresse de Timéo ? » C’est l’une des galères de fin d’année scolaire pour les parents (en attendant les inscriptions aux activités et les fournitures scolaires… Nous sommes des héros du quotidien), trouver un présent, ni trop gros ni trop petit, pour l’instit. D’après les témoignages recueillis par 20 Minutes, il y a un premier dilemme : cadeau collectif ou personnel. « Cette année c’est cagnotte pour la maîtresse du petit – certainement une carte-cadeau, raconte Marie-Claire. Pour le maître de mon plus grand, on n’arrive pas à se mettre d’accord sur qui organise la cagnotte. Qui organise…. Donc ça va se finir sur du "classique" c’est-à-dire petits chocolats, confitures… C’est plus compliqué d’autant que l’on ne sait rien de lui… »
Pour les parents de plusieurs enfants, l’enfer des boucles WhatsApp peut saper le moral. « C’est infernal, ça n’en finit jamais, raconte Elodie. Il y a le débat sur quelle plateforme choisir, sur la somme max, la somme minimum… Puis quel cadeau choisir, quand lui offrir, récolter les mots personnels de chacun, acheter une carte… J’ai envie de désinstaller WhatsApp franchement ! »
Argument à l’embauche
Mais d’ailleurs, avant WhatsApp, une époque pas si lointaine au regard de l’histoire de l’humanité ou même de l’éducation nationale, les cadeaux de fin d’année aux instits étaient beaucoup moins importants. Ainsi, même si aucune étude précise ne vient chiffrer cette tendance, plusieurs sites d’e-commerce ont noté une augmentation exponentielle des achats, fin juin, de cadeaux personnalisés. Plusieurs d’entre eux ont ainsi un onglet spécial pour ces cadeaux, sorte de Fête des mères avec un peu moins de cœurs…
Mieux, l’éducation nationale elle-même a bien conscience que depuis une dizaine d’années, les cadeaux de fin d’année représentent désormais des avantages en nature non négligeables. « C’est vrai que depuis le confinement, c’est devenu assez important, avec parfois des cadeaux assez chers, remarque une directrice d’école maternelle de région bordelaise avant de s’esclaffer. J’ai déjà remarqué que la rectrice était un peu jalouse de mes cadeaux. Moi j’échange volontiers mes chocolats contre son salaire… » Deux institutrices contractuelles en poste dans une école primaire de région parisienne nous ont raconté que lors de leur entretien, l’inspecteur d’Académie avait répondu à leurs interrogations sur la faiblesse du salaire en disant « oui mais en fin d’année vous pouvez avoir jusqu’à 400 euros de cadeaux, ce n’est pas rien. »
La vérité des cagnottes
A en croire les témoignages recueillis par 20 Minutes, la plupart des cagnottes collectives pour les instits sont tout de même loin d’atteindre ces sommes et varient plutôt entre 100 et 250 euros. « J’ai trois enfants à l’école et je donne 5 euros par maîtresse, explique Nadia. Mais c’est vrai que je peux ajouter un petit truc perso. Si tous les parents font ça, ça fait un petit noël du mois de juin pour la maîtresse… »
Les situations d’une école à l’autre sont très disparates et dépendent notamment de l’implication des parents d’élèves délégués souvent à l’initiative de ces cagnottes. « Depuis trois ans, on a une maman hyper investie qui organise tout ça, fait des relances, s’occupe des achats, soupire Denis. Résultat : je suis carrément jaloux des cadeaux. Mais bon, ça me semble mérité vu le taf qu’elles font les maîtresses. »
Clichés et râleurs
Outre la somme récoltée, certains internautes de 20 Minutes se plaignent de la nature des cadeaux réalisés avec ces cagnottes. « Je refuse de payer pour un bouquet de fleurs. Ecologiquement, c’est inepte d’offrir des fleurs coupées, tranche Sonia. Comme il faut un cadeau consensuel, cette année ça a fini en bons d’achat Amazon, j’étais hors de moi. » Ithier a le même ressenti : « Les idées, ça ne vole pas haut. Des soins pour le visage et des chocolats pour les maîtresses, des beaux livres pour les maîtres… C’est hyper cliché et pas du tout personnel. »
Comme de nombreux parents râleurs qui ont tenu à témoigner auprès de 20 Minutes (mais qui ne forment sans doute pas la majorité des parents…), Pierre est « choqué par cette pratique, car ça devient de la surenchère ! Qu’un enfant offre un dessin ou une fleur, pourquoi pas… Ce geste vient du cœur de l’enfant… Mais qu’une cagnotte soit mise en place parce que l’enseignante a fait savoir qu’elle voulait acquérir un objet de valeur c’est excessif et au-delà des règles d’éthique. » Isabelle estime aussi que c’était mieux « AVANT » – tout en majuscules – quand « ça n’existait pas ce genre de cadeau. Désolée, mais elles sont payées pour faire ce métier…. On fait des cadeaux aux caissières dans les supermarchés. Celui qui a inventé cette coutume aurait mieux fait de boire une bière. »
Inventivité et efficacité
Faute de bière, on peut aussi boire son seum et remarquer que des parents se creusent la soupière pour un petit geste attentionné à l’égard des instits. Adeline préfère ainsi les cadeaux personnels : « Cette année, j’offrirai mon sempiternel calendrier perpétuel. Depuis plusieurs années désormais, c’est devenu mon cadeau préféré à offrir. Il est fait main, en papier cartonné et fait son petit effet… Mais avant de trouver cette idée, il y a eu des cookies, des tableaux mémo, des porte-clés, des étuis à mouchoirs… Mais toujours faits main en carterie ou en couture ! »
Florian mise sur l’efficacité du numérique… « Moi j’ai trouvé la solution sur un site de vente de jolies cartes personnalisées. En deux minutes mon achat était imprimé et prêt à être offert à la maîtresse de ma fille… » Enfin, Gwenaëlle a pris l’instit à son propre jeu : « Je lui ai fait un dessin et un poème. Ma fille a enregistré une chanson que j’ai mise sur une clé USB. J’espère que ça la fera rire… »
Que vous soyez partisans des beaux cadeaux issus de cagnotte ou des bricoles qui viennent du cœur, le mot de la fin revient à Philippe, papa d’une institutrice : « S’il vous plaît, évitez les mugs ! Elle en a une collection à ne plus savoir quoi en faire. Les chocolats, paniers garnis, spécialités locales lui sont bien plus agréables… »
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