«Mentalist», les raisons d'un succès
TELEVISION•La série a réuni plus de 9,2 millions de téléspectateurs, mercredi sur TF1...Sandrine Cochard
«Mentalist», nouvelle valeur sûre pour TF1. Chaque mercredi depuis la rentrée, la chaîne enregistre de très bons scores d’audience (lire l’encadré) grâce à la série, dont elle diffuse actuellement la saison 2. Pourquoi un tel succès? Décryptage.
Un personnage charismatique
«Mentalist» fait évidemment référence à son personnage principal, Patrick Jane. «D’emblée, il est bâti pour susciter une empathie du téléspectateur, note Pierre Serisier, auteur du blog Le Monde des séries. Avec son histoire personnelle - sa femme et sa fille ont été assassinées par un tueur en série – on a envie de le plaindre.» Outre son passé douloureux, Patrick Jane est un personnage «complexe». «Il a sa propre vision d’une enquête, voit des choses que les autres ne voient pas et n’en fait qu’à sa tête. Un caractère qui rappelle House ou Cal Lightman, de “Lie to me”», affirme Pierre Langlais, auteur du blog Tête de séries sur Slate.fr. Et Patrick Jane sait capter le public féminin. «Le charme de l’acteur australien Simon Baker (qui interprète Jane, ndlr) y est pour beaucoup dans le succès de la série», confirme Pierre Langlais. Autre atout: il flatte l’instinct maternel de son public. «Sa partenaire Teresa Lisbon semble le materner et prendre soin de lui, reprend Pierre Serisier. La série inverse le rapport de force, c’est la femme qui protège l’homme.»
L’humain au cœur de l’intrigue
«Mentalist» fonctionne aussi car elle évite la prise de risque de l’innovation. «C'est une série à l'ancienne», expliquait le consultant américain en scénario John Truby à 20minutes.fr en janvier dernier. «C’est prêt à consommer, il n’y a pas de tentative pour être originale ou se montrer innovante», souligne Pierre Serisier. Elle rappelle même d’autres héros du petit écran. «C’est un enquêteur à la Columbo, juge Pierre Langlais. Il est plus humain et plus proche du téléspectateur qui en avait peut-être assez des séries désincarnées qui se concentrent sur l’enquête pure, comme “Les Experts” par exemple. “Mentalist” remet le personnage au centre de la série.»
Facile à suivre
Autre point fort de la série, elle est facile à suivre: l’histoire est resserrée autour d’une poignée de personnages – ce qui évite de noyer le téléspectateur - et chaque épisode a son intrigue propre, avec une structure en trois actes et donc une résolution. «Elle réclame une assiduité moindre que pour les séries dites feuilletonnantes, comme “Mad Men” ou “Breaking Bad” par exemple, analyse encore Pierre Langlais. “Lost” a été une expérience déterminante pour cela: les chaînes se sont aperçues que les téléspectateurs qui manquaient un ou plusieurs épisodes ne revenaient pas à la série.» «Mentalist» propose tout de même en fil rouge l’histoire de John le Rouge, ennemi intime de Patrick Jane.
Un genre roi dans les séries
La série policière reste la plus répandue et la mieux accueillie par le public. «Elle reste un réceptacle important aux grandes questions sociétales, note Pierre Langlais. C’est un décor propice pour tout ce qui attire le téléspectateur: drame, intrigue, enquête, suspense, action… Plus la dose de fantasme qui entoure la police.»
Un produit «mainstream»
C’est tout le savoir faire américain, proposer un produit bien ficelé et facile à exporter, quitte à le lisser. «Les personnages sont calibrés, donc attachants, et la série est aseptisée, explique Pierre Serisier. A la différence des comédies, comme «30 Rocks», elle évite les références américaines qui pourraient ne pas être comprises par un autre public. Elle est donc facilement consommable partout.» Y compris en France, donc.