« L’amour est dans le pré » : Notre journée « à cent à l’heure » dans la ferme de Noémie
plein champ•Critiques, notoriété, lettres… Depuis la diffusion de son portrait sur M6, Noémie 25 ans a vu sa vie changer. « 20 Minutes » a passé 24 heures avec la plus jeune agricultrice de « L’amour est dans le pré ».Maxime Fettweis
L'essentiel
- Noémie, dite « Nonoche », 25 ans, est l’un des visages emblématique de la 17ᵉ saison de L’amour est dans le pré. « 20 Minutes » lui a rendu visite dans sa ferme près de Dole, dans le Jura.
- La télé ? « Ce n’est pas du tout [son] monde », mais elle a dû s’adapter, notamment face aux critiques dont elle est la cible depuis le début de la diffusion.
- Elle se réjouit de participer à une émission qui compense la « très mauvaise image du monde agricole » qu’elle constate dans son quotidien.
De notre envoyé spécial dans le Jura,
L’amour sera-t-il dans le pré pour Noémie ? A cette question, la candidate laisse planer le doute. Devenue personnalité locale depuis la diffusion de son portrait dans L’amour est dans le pré, le 14 février, puis du premier épisode de la saison 17 fin août, Noémie raconte qu’elle a déjà lu et entendu une cinquantaine de fois cette interrogation depuis son passage dans l’émission présentée par Karine Le Marchand.
C’est avec son sourire communicatif, sa voix puissante et son franc-parler que « Nonoche » accueille 20 Minutes mi-septembre dans sa ferme, près de Dole, dans le Jura. C’est ici que la blonde, qui retrouve petit à petit ses « vrais cheveux » après un « caprice capillaire » l’ayant contrainte à apparaître cheveux courts devant les téléspectateurs et téléspectatrices, élève 55 vaches charolaises.
La vie de la jeune femme n’a pas été chamboulée par la petite notoriété acquise depuis qu’elle passe sur M6, même si elle concède de petits changements dans son quotidien.
Une vie « à cent à l’heure »
Sa vie, elle la vit toujours « à cent à l’heure ». En pleine période de vêlage, elle n’a pas le temps de souffler. « On a fait notre deuxième césarienne de l’année hier soir, ça n’arrive jamais d’habitude », avance-t-elle entre deux coups de fourche dans l’enclos où gambadent ses petits « broutards », les veaux nés cette saison.
Ici, aucun jour n’est semblable au précédent mais la période d’août à novembre, lorsqu’elle doit s’occuper des nouveau-nés, est particulièrement intense. « En ce moment, je mets mon sommeil entre parenthèses car les journées sont longues et quand je rentre, je saute dans ma voiture pour aller voir des copains », confie-t-elle. Si le quotidien à la ferme demande de l’endurance, Noémie tient à préserver sa vie sociale bien remplie.
C’est quand elle sort qu’elle remarque des regards devenus plus insistants. « Samedi lors d’un comice [une manifestation agricole ouverte au public] à Dole, j’avais à peine passé la porte que quelqu’un a crié "C’est Nonoche de L’amour est dans le pré" et tout le monde nous regardait », raconte celle qui, à 25 ans, est devenue la plus jeune candidate du programme de M6.
« Pas du tout mon monde »
Tandis qu’elle vient de clôturer les tournages successifs dédiés à l’émission avec son « bilan » à Paris enregistré du 12 au 16 septembre, la Franc-Comtoise reconnaît un certain plaisir dans l’intrusion des équipes de l’émission quelques jours dans son quotidien lors du passage de Gaël et Romain dans sa ferme. « Mais ce n’est pas du tout mon monde », tranche-t-elle dans son combo tee-shirt rouge, collant noir lui permettant de s’adonner à toutes les activités qu’impose la vie d’agricultrice.
Alors qu’elle n’a jamais regardé l’émission, ce sont ses amis et amies qui ont présenté sa candidature à l’émission en août 2021. « Ils voulaient m’inscrire depuis au moins deux ans mais, de mon côté, j’étais persuadée de ne jamais être sélectionnée car je n’avais pas 30 ans. » L’âge est effectivement une condition pour passer le casting du programme. Cette barrière n’a pas freiné la production de l’émission qui n’a pas tardé à l’appeler. Durant 90 minutes, Noémie s’est dévoilée au téléphone. « Avant de raccrocher, la personne m’a dit qu’elle me voulait dans l’émission car j’étais un "rayon de soleil" », s’amuse encore la Jurassienne.
Quelques semaines plus tard, la jeune femme a reçu un ultime appel pour lui confirmer qu’elle fera partie de la saison 17 du programme. « Je lui ai dit : "Je ne sais pas s’il faut que je pleure ou que je rigole" ! » La curiosité de voir une équipe de tournage s’introduire dans son quotidien l’a finalement emporté, d’autant qu’elle espérait trouver l’amour.
« Mon métier d’agricultrice en a effrayé plus d’un, raconte-t-elle. Une fille de 25 ans à la tête d’une exploitation agricole, ce n’est pas simple. J’ai déjà vécu la situation où le mec n’a pas su trouver sa place parmi tous les hommes qui m’entourent… » Entre les premiers contacts et la diffusion, l’aventure a déjà duré un an et se poursuit avec ses passages réguliers dans le petit écran.
Finies les courses en pyjama
Alors qu’un épisode du programme doit être diffusé le soir même, Noémie n’échappe pas aux charges qu’impose son travail. Ici, chaque vache a un nom, attribué dès sa naissance. « Ce veau-ci, c’est Paprika car sa mère s’appelle Omelette, du coup c’est facile à retenir, comme une omelette au paprika », sourit Noémie. Passionnée par son travail, elle vérifie que chaque veau est auprès de sa mère, encadre les petits travaux dans la ferme ou amène du foin à ses bêtes au volant de son tracteur.
« Je ne peux plus aller faire mes courses en pyjama le dimanche », déplore-t-elle. Car si elle n’est pas toujours arrêtée par les personnes qui la remarquent, les regards ont changé et elle est aussi parfois prise en photo à son insu. « C’est très frustrant car je ne peux pas protéger mon entourage. Moi j’ai accepté cette médiatisation mais ce n’est pas le cas de mes proches qui subissent parfois les sorties avec moi depuis qu’on me voit dans L’amour est dans le pré. »
Lorsqu’on la reconnaît, les échanges tournent généralement autour de l’image qu’elle renvoie dans l’émission. C’est souvent la curiosité des téléspectateurs qui la retrouvent au-delà du petit écran qui les poussent à venir engager la conversation. « À chaque fois que je sors, on vient met demander qui j’ai choisi, si je suis encore en couple… Désolé mais ça, personne n’aura jamais la réponse avant la fin de l’émission. »
« Je ne prends aucun plaisir à me regarder »
Depuis le début de la diffusion des épisodes, Noémie a pris l’habitude d’éviter la section commentaires des réseaux sociaux, surtout lors de la diffusion d’extraits où elle apparaît. C’est en ayant le mauvais réflexe d’y plonger qu’elle a pris cette résolution au fil de la diffusion. « La chaîne nous avait prévenus de ne pas le faire mais c’est assez humain d’aller voir quand même, par curiosité », confie-t-elle. Remarques sur son physique, sur ses choix, et sur la manière dont elle traite ses prétendants, l’agricultrice n’est pas épargnée. « Je reste super contente de mon aventure, ce qui arrive derrière est incontrôlable, malheureusement. »
Elle tient tout de même à ne rater aucun épisode. C’est désormais un rendez-vous hebdomadaire entre elle et sa bande de potes. Chaque lundi, elle zappe sur M6 pour découvrir comment ses aventures sentimentales ont été mises en image dans L’amour est dans le pré. « Pour le speed dating, je n’ai pas du tout kiffé le montage. On avait l’impression que je ne pensais qu’à la taille de mes prétendants et à leur volonté de faire des enfants avec moi… Ce que je prends dans les dents, c’est dingue, d’autant que je ne suis pas Beyoncé pour critiquer qui que ce soit, ça ne correspond tellement pas à mon tempérament », se plaint-elle tandis qu’elle reçoit encore des critiques sur cette séquence, pourtant diffusée il y a plusieurs semaines. « On ne voit que deux minutes de speed dating mais ça a duré dix minutes par prétendant. J’ai posé bien d’autres questions mais elles n’ont pas été gardées donc on a l’impression que je suis focalisée sur ces informations », se défend-elle.
Elle raconte aussi ne pas être tout à fait à l’aise avec l’image qu’elle renvoie dans certaines séquences. « Parfois quand je me vois, j’ai vraiment envie de me gifler », avoue Noémie. Critiquée sur son physique, elle raconte avoir toujours été la cible de moqueries. Si, comme elle l’explique dans son portrait, cela a longtemps été une source de mal-être pour elle, elle sait aujourd’hui s’en défendre. « Mes amis me reconnaissent à travers l’écran, c’est le principal, se console-t-elle encore. Avant je ne disais rien, je n’avais pas de caractère et je me laissais marcher dessus donc je préfère ne pas faire l’unanimité mais être moi-même. »
Une vitrine pour les agriculteurs
Noémie se focalise désormais sur les remarques positives qu’elle reçoit, souvent par message privé sur les réseaux sociaux. Plusieurs fois dans la journée, elle s’accorde une pause pour partager un peu de son quotidien et répondre aux messages bienveillants qu’elle reçoit. « Là, je viens de recevoir un "Bravo pour l’image que vous renvoyez à la TV" ou encore "Je te trouve trop rigolote, tu représentes bien les filles avec des formes", se réjouit l’agricultrice. Ça fait trop plaisir ! Du jour au lendemain, j’ai aussi commencé à recevoir des compliments que personne ne m’avait jamais fait à part ma famille. »
Elle se félicite aussi de participer à une émission qui rend accessible et véhicule une image positive du métier d’agriculteur, « un métier passion » malgré des conditions de travail chaque année plus difficiles. « Au niveau administratif, c’est devenu une horreur », confie celle qui est née d’un père agriculteur et d’une mère coiffeuse. Elle collabore désormais avec l’un de ses frères et son père pour la gestion de son exploitation. « On se rend compte que les gens ont une très mauvaise image du monde agricole. Parfois tu te déplaces en tracteur et on te fait un doigt d’honneur sans raison… »
Dans les années à venir, elle aimerait ouvrir sa ferme aux enfants venus de la ville pour les sensibiliser à l’importance du travail agricole et éveiller leur conscience sur les enjeux qui le traversent. « Les personnes plus âgées, on ne peut plus changer leurs mentalités mais je suis convaincue qu’on peut encore sensibiliser davantage les enfants et j’aimerais faire ma part du travail. »
Un travail encore long. Noémie est consciente qu’un mépris persiste en France, notamment de certains téléspectateurs envers les « paysans » mais elle assume et invite même n’importe quel citadin à la rejoindre. « On est des beaufs mais moi j’adore ça, c’est ça la vie simple ! »
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