Romain Goupil, cinéaste

Romain Goupil, cinéaste

En 2003, Romain Goupil était l’une des seules personnalités françaises à soutenir la guerre en Irak. En février dernier, le réalisateur est parti un mois, caméra au poing, filmer la vie de tous les jours d’une famille irakienne. Quotidien Bagdad Quotidie
© 20 minutes

© 20 minutes

En 2003, Romain Goupil était l’une des seules personnalités françaises à soutenir la guerre en Irak. En février dernier, le réalisateur est parti un mois, caméra au poing, filmer la vie de tous les jours d’une famille irakienne. Quotidien Bagdad Quotidien, feuilleton documentaire en quatre parties, est diffusé à partir de ce soir sur Arte, à 20 h 15. Entretien. Faire ce film, est-ce un mea culpa à la suite de votre engagement pour l’intervention militaire en Irak ? Sûrement pas ! Je reste intimement persuadé qu’il fallait intervenir. Ceci est ma position de citoyen militant. Mais ma position de cinéaste est autre : mon boulot n’est en aucun cas d’illustrer un discours par des images, comme un tract. Le maximum que je puisse espérer de mes films, c’est de susciter des questions, pas de donner des réponses. Je laisse cela à d’autres, comme Michael Moore ou William Karel. Selon moi, eux font un cinéma de propagande. Vous ne mâchez pas vos mots ! Je ne pourrais signer aucune de leurs images. D’après moi, ils ne font qu’un cinéma d’illustration, proche de la mystification. Selon quels critères avez-vous choisi la famille irakienne dont vous filmez le quotidien ? Je n’ai pas organisé de casting. J’ai pris la première famille acceptant d’être filmée assez longtemps. Je l’ai trouvée en trois jours, via mes contacts sur place, comme les correspondants de l’AFP et du Monde. J’ignorais complètement les opinions politiques de cette famille. Ceci pour redire que je ne suis pas allé à Bagdad poussé par une action militante. Votre film s’attache à montrer les gestes de tous les jours d’une famille que vous filmez du réveil au coucher. De la télé réalité en quelque sorte ? Ils n’étaient pas filmés en continu... Mais on s’approche plus ici de la réalité que dans ces émissions comme le « Loft » qui, pour moi, sont de la télé-irréalité absolue. Vos protagonistes ont-ils vu le film ? Pas encore. Mais j’ai pris l’engagement de retourner les voir en février 2005. Je filmerai alors leurs réactions lorsqu’ils découvriront le documentaire. Et s’ils estiment que j’ai menti, ils pourront le dire à la caméra. Propos recueillis par Emmanuelle Bosc