TELEVISION«NCIS», les raisons d'un succès

«NCIS», les raisons d'un succès

TELEVISIONAlors que la série a enregistré son record historique d'audience aux Etats-Unis et malmène la «Star Academy» chaque vendredi soir en France, retour sur un phénomène...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

La guerre du vendredi soir que se livrent TF1, avec «Star Academy», et M6, avec «NCIS», vire chaque semaine à l’avantage de la série américaine. Et cela ne devrait pas s’arrêter là: aux Etats-Unis, «NCIS» vient d’enregistrer son record historique d’audience, rassemblant 18,75 millions de téléspectateurs. Décryptage d’un succès.




Un univers à la fois mystérieux et proche du téléspectateur

Le pitch de la série est simple: elle suit les enquêtes du Naval Criminal Investigative Service (NCIS, donc), soit la police de la marine américaine. Un univers mystérieux qui attise les fantasmes et fleure bon le patriotisme et la testostérone. «L’image du marine a effectivement une résonance particulière aujourd’hui, mais "NCIS" n’enchaîne pas les scènes sur un bateau ou au sein de l’armée», tempère Pierre Serisier, auteur du blog le Monde des séries. «Les personnages se retrouvent aussi beaucoup pour échanger au bureau, à la manière de "Cold Case" (série diffusée sur France 2, ndlr).» Et la vie de bureau, ça parle aux téléspectateurs.




Des personnages stéréotypés, mais attachants

L’équipe est constituée autour d’un chef charismatique, «Gibbs», dit «patron», un ex-marine qui aime à rappeler son passé de soldat d’élite en sirotant son café Starbucks. «Il ressemble un peu à Gil Grissom (enquêteur des "Experts: Las Vegas", ndlr), c’est un homme bourru mais très protecteur et paternaliste envers son équipe», analyse Pierre Serisier. Vient ensuite Tony Dinozzo, son adjoint dragueur et blagueur un poil lourd; Ziva, agent du Mossad détachée au NCIS spécialisée en répliques acerbes et sport de combat; et McGee, le geek et bizut de service (surnommé «le Bleu» par Dinozzo). «Tous les personnages ont une forte personnalité à laquelle les téléspectateurs peuvent s’identifier», explique Enguérand Sabot, auteur du guide «NCIS restricted area» (Ed. de la Lagune).




A ces personnages s’ajoutent Ducky, le vieux médecin légiste qui exerce son art de la découpe sans se départir de son flegme britannique, et Abby, charmante fofolle gothique qui ne quitte jamais son labo, spécialisée en «trucs de pointe» nécessitant microscope et ordinateur surdoué. «Les rôles sont clairement définis et les liens entre les personnages sont très forts, poursuit Enguérand Sabot. Certains sont presque filiaux, comme la relation qu’entretient Gibbs avec Abby, qui lui rappelle la fille qu’il a perdue.» Une ambiance familiale qui rassure et permet à toute la famille de se retrouver devant «NCIS».




Un scénario rôdé

Un marine meurt, les gars du NCIS (oui, on inclut Ziva dans «les gars») mènent l’enquête tambour battant et la résolvent en un épisode, après moult interrogatoires musclés et aveux extorqués. A milles lieux des «Experts», où circonvolutions de l’esprit et analyses scientifiques sont reines, «NCIS» ne cherche pas à flatter l’intelligence du téléspectateur, mais à le décontracter. «"NCIS" met un point d’honneur à faire comprendre à tous comment se déroule une enquête, souligne Enguérand Sabot. Et l’ambiance n’est jamais pesante: il y a toujours un élément, de l’humour ou de l’amour, pour détendre l’atmosphère. Elle est moins élitiste et moins pointue que d’autres, c’est une façon de capter un auditoire plus jeune.»


«"NCIS" est une valeur sûre, car elle est bien ficelée et sans surprise, renchérit Pierre Serisier. On ne sera jamais scotché à son siège car la série évite de vraies prises de risque, mais on sait à quoi s’attendre.» Ce qui évite les déceptions. En plus, «NCIS» est un condensé qui mélange savamment drame, action, enquête et romance. De quoi contenter tout le monde.




Enfin, note Pierre Serisier, la crise a dopé les séries plus légères et qui donnent à rire, les téléspectateurs délaissant les séries anxiogènes.


L’effet «Star Acadamy»?

En France, la série bénéficierait-elle du désamour du public pour la désormais ringarde «StarAc»? «Non, assure Enguérand Sabot. Cette série a connu différentes cases de programmation: elle a commencé le mercredi soir puis, avec l’arrivée de "Nouvelle Star", elle a été décalée au jeudi soir, avant d’atterrir le vendredi, mais elle a toujours réalisé de bons scores d’audience.» Convaincu?


Racontez-nous pourquoi vous regardez, ou pas, «NCIS»...

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