«La France a un incroyable talent»: On était sur le tournage de la saison 12 que M6 a suspendu
REPORTAGE•«20 Minutes» a été convié, le 1er septembre, à assister à la dernière journée des auditions du concours de talents…Fabien Randanne
L'essentiel
- Les auditions de la saison 12 de « La France a un incroyable talent » ont été enregistrées fin août et début septembre.
- Apres les accusations portées contre le producteur Gilbert Rozon, qui est l’un des jurés de l’émission, M6 a annoncé qu’elle suspendait la saison 12.
- L’émission devrait faire son retour à l’antenne prochainement mais les images tournées lors de ces auditions, auxquelles « 20 Minutes » a assisté, risquent de ne pas être utilisées.
Rendez-vous était donné le vendredi 1er septembre, à 14 heures précises, au théâtre André-Malraux de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). 20 Minutes était convié à assister à la toute dernière journée des auditions de la saison 12 de La France a un incroyable talent. Une immersion au cœur de l’émission star de M6 qui aurait donné lieu à un article pour le lancement de l’émission, jeudi prochain. Mais ça, c’était avant que les accusations portées contre Gilbert Rozon, emblématique juré de l’émission, conduisent la chaîne à suspendre le programme.
Incroyable Talent reviendra bien à l’antenne prochainement mais, en tout état de cause, les images enregistrées cette fin d’été risquent de ne pas être utilisées. Petit compte rendu de ces quelques heures de tournage qui pourraient ne jamais être présentée à l’antenne (1)…
Une ambiance de troupe
L’après-midi commence par un petit tour dans les coulisses. On y croise un Gilbert Rozon jovial et blagueur, un Jérôme Anthony profitant d’un moment de répit sur un canapé et le fils de David Ginola venu saluer son animateur de père. L’atmosphère est à la bonne humeur, une ambiance de troupe où tout le monde se connaît depuis longtemps ou en donne l’impression.
Même si, depuis le lancement de La France a un incroyable talent en 2006, les jurés et les présentateurs ont changé, la mécanique du concours reste la même. Les téléspectateurs ne se lassent pas - l’an passé, ils étaient en moyenne 3.5 millions au rendez-vous chaque semaine - et s’il y a bien une émission pour laquelle l’adjectif « familiale » est pertinent, c’est celle-ci. Il suffit de balayer du regard le public présent ce jour-là au théâtre Malraux pour constater que tous les âges sont représentés et que les paires d’yeux viennent de toute la France, qu’il s’agisse de familles, de groupes d’amis ou de clubs de retraités.
Spectateurs à bloc
Sur certaines émissions, le chauffeur de salle porte bien son nom tant il doit se démener pour remédier à l’ambiance glaciale. Celui d’Incroyable talent, tout aussi bon soit-il - on salue son sens de la répartie -, pourrait presque économiser ses efforts. Les spectateurs sont à bloc, les plus jeunes savourent ce moment à quelques jours de la rentrée scolaire, et tous se prêtent aux demandes de la réalisation qui emmagasine les plans de coupes, c’est-à-dire les visages hilares, les applaudissements frénétiques et les « au suiiiivaaant ! » qui seront disséminés au montage pour rythmer l’émission.
Les jurés Hélène Ségara, Eric Antoine, Kamel Ouali et Gilbert Rozon prennent enfin place derrière leur table. Le tournage commence. David Ginola refait sa première prise. Les candidats, eux, n’auront pas le droit de recommencer s’ils trébuchent. Il y a d’abord un périlleux numéro de cadre effectué par un duo sud-américain, puis un contorsionniste qui fait vriller les regards avec ses poses démantibulées, ensuite ce sont deux humoristes qui se tartinent de yaourt… Il y a de l’émerveillement, de la surprise, de la gêne. En deux mots : du spectacle.
« Vivre une expérience »
On fait alors un tour derrière les rideaux pour rencontrer des candidats qui s’apprêtent à passer sur le gril. Là encore, le contraste : on repère vite les visages les plus zens et les plus flippés. Etonnamment, la motivation de la plupart d’entre eux n’a rien à voir avec la compétition. On y croise une quinzaine de majorettes nordistes ravies de « vivre une expérience », deux prestidigitateurs attirés par le « défi artistique » qui pourrait offrir un coup de pub au spectacle qu’ils jouent en ce moment, ou encore des artistes de cabaret venus « pour délirer » en costume de vache.
Il y a aussi des candidats arrivés de l’étranger - contrairement à son titre, l’émission n’est pas réservée aux Français -, ce qui permet d’entendre dans un même périmètre des intonations italiennes, des exclamations anglophones et des accents hispaniques. Comme celui des acrobates sud-américains qui se disent ravis des « critiques constructives » et concèdent que, comme le jury leur en a fait la réflexion, leurs costumes « sont moches ».
« Vous pensez qu’on risque d’être coupés au montage ? »
Leur bête noire à tous ? Gilbert Rozon. Poser la question était même inutile, car tous les candidats affirment redouter les remarques acérées et parfois peu amènes du Québécois. « Il y a eu quelques mots limites, très durs », se désole une danseuse d’un groupe folklorique dont la démonstration n’a pas convaincu tous les jurés. Les autres membres de la troupe confirment mais la présidente du club note que « ça s’est terminé par des mots encourageants ».
Une jeune femme se tourne alors vers nous, inquiète : « Vous pensez qu’on risque d’être coupés au montage ? » A l’époque, personne n’aurait pu répondre. Un mois et demi plus tard, c’est la diffusion de l’ensemble du tournage qui est compromise.
(1) Au cas où certains rushs seraient conservés et/ou certains artistes conviés à participer à nouveau pour le retour de l’émission, l’identité des candidats n’a pas été précisée dans l’article.