«The Evil Within 2»: Un jeu vidéo peut-il vraiment foutre la trouille?
JEU VIDEO•Le créateur de «Resident Evil» revient hanter vos parties de jeu vidéo...V. J.
L'essentiel
- The Evil Within 2 espère faire réellement peur à ses joueurs.
- Les premiers jeux vidéo d’horreur parvenaient à terroriser grâce à un gameplay rigide.
- Une nouvelle génération de jeux revient à l’horreur simple et efficace.
Vous n’avez pas eu peur devant le film Ça ou la nouvelle saison d' American Horror Story, vous devriez peut-être essayer un jeu vidéo, par exemple The Evil Within 2*. En effet, la mécanique de la peur fait partie de l’ADN du jeu vidéo de manière assez évidente, du fait qu’il est un support interactif. Mais attention, on ne parle pas ici de la peur de perdre, du game over, inhérent à tout jeu, même un Mario, mais de la vraie peur, la grosse trouille, le pipi dans la culotte.
Le survival horror est né
Si les jeux d’horreur existent depuis aussi longtemps que le jeu vidéo moderne, avec des titres tels que Sweet Home en 1989 ou Alone in the Dark en 1992, il devient un genre à part entière, on parle de survival horror, avecResident Evil de Shinji Mikami en 1996. « Pendant une bonne décennie, l’horreur connaît un âge d’or sur consoles, jusqu’à la fin de la PlayStation 2, explique Kevin Bitterlin, rédacteur en chef de JV Magazine, qui met The Evil Within 2 en une de son dernier numéro, avec la question Le jeu vidéo peut-il encore faire peur ? Nous sommes alors dans une période de convergence : l’introduction de ressorts cinématographiques, à commencer par le hors-champ, la vague de J-Horror avec les films Ring, The Grudge, et la rencontre des imaginaires : zombies, fantômes… »
Plus d’empathie, plus de peur
Les franchises Silent Hill et Project Zero améliorent même la proposition de Shinji Mikami, avec plus d’empathie pour le premier et plus de folklore pour le second. « Le survival horror se nourrissait également de la rigidité des contrôles, ajoute Kevin Bitterlin. Tu souffrais, parce que tu galérais. A l’instar des héros vulnérables, des Monsieur et Madame-tout-le-monde. » Un veuf qui ne sait pas se battre, ou une jeune file seulement armée d’un appareil photo.
Mais avec les progrès techniques et l’avènement des Call of Duty et Gears of War, le genre a évolué et s’est plié au tout action, à l’image d’un Resident Evil 4, Cold Fear ou Dead Space. Le rédacteur en chef de JV et fan de survival horror le regrette : « Tu ne peux pas créer la peur avec des personnages de soldats surentraînés ». Même dans le récent Resident Evil 7 et retour annoncé aux sources, le héros, un quidam, manie le shotgun trop vite, trop bien.
Masters of Horror
C’est pourquoi Kevin a bien accueilli le premier Evil Within en 2014: « Shinji Mikami offrait aux fans un jeu fourre-tout, best of, qui racontait moins une histoire qu’il ne proposait une anthologie à la Masters of Horror. Chaque chapitre était ainsi un cliché du genre, ou une lettre d’amour c’est selon. » The Evil Within 2 voit le retour du détective Sebastian Castellanos, qui ne doit plus s’échapper du monde cerveau du psychopathe Ruvik, mais de ses propres traumas et cauchemars. Vous n’avez rien compris ? C’était aussi le cas de certains joueurs du premier, et son postulat à la Inception, ce qui a poussé les auteurs à développer une histoire plus compréhensible, et un jeu plus accessible. Une bonne série B.
Pour un bon coup de flippe, le red’chef de JV conseille également Silent Hill 2 (« une tension de tous les instants, un scénario remarquable »), SOMA (« une de mes dernières grosses expériences de trouille »), Project Zero 2 (« poupées, pantins, fantômes… tu es tellement sollicité que tu craques ») et P.T., la démo promo pour le Silent Hills de Hideo Kojima et Guillermo del Toro, un jeu qui ne verra finalement jamais le jour : « Ils avaient tout compris ! C’est court, répétitif, bizarre, expérimental, unique ».
*Sur PC, Xbox One, PlayStation 4