«On n'est pas couché»: Une séquence jugée «violente, agressive et peu constructive»
débat•La séquence opposant Christine Angot et Yann Moix à Sandrine Rousseau a suscité de nombreux commentaires chez les lecteurs de « 20 Minutes »…Anne Demoulin
Un clash violent très commenté. Le passage qui a opposé la chroniqueuse d’On n’est pas couché, Christine Angot, à Sandrine Rousseau, victime présumée de Denis Baupin, venue justement témoigner de la difficulté de parler après une agression sexuelle, a suscité de nombreuses réactions, très partagées. L’avis des lecteurs de 20 Minutes.
Sandrine Rousseau ne doit pas « abandonner son combat »
De nombreux lecteurs ont tenu à manifester leur « soutien » à l’ancienne ancienne secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie-Les Verts, Sandrine Rousseau. « Dès demain, j’irai acheter ce livre Parler qui est digne d’être lu car il y a trop de femmes et d’enfants qui n’osent parler, et merci à Sandrine Rousseau d’avoir eu le courage d’être venue sur ce plateau et surtout d’avoir écrit son livre », lance Jeanie. « La rudesse de Christine Angot et de Yann Moix ne doit pas la faire abandonner son combat », poursuit-elle encore.
« Une des scènes les plus humiliantes vues à la TV »
« Avoir mis Sandrine Rousseau dans un tel état de stress est inadmissible. Lesviolences que madame Angot a subies n’excusent pas son attitude », considère Catherine. « Une des scènes les plus humiliantes vues à la TV », pour Patrice. « Un spectacle répugnant », pour David.
« ONPC devient une sorte de lynchage », juge Consuel. « ONPC en roue libre », estime quant à lui Omar. Pour lui, Sandrine Rousseau « succombe à ses larmes face à des interlocuteurs qui affectent les airs d’un juge, signifient leurs pensées comme des arrêts et prennent leur doctrine pour une magistrature, tout en dénigrant sa souffrance, son mal, sa douleur ». Même son de cloche chez Olivier : « L’émission est devenue un tribunal. »
Une position partagée par Isabelle qui estime qu’« on peut ne pas être d’accord mais pour autant rester respectueux des autres, qui plus est quand on est face à une victime. » Jugeant la séquence « violente, agressive et peu constructive », elle ne voit « plus d’intérêt à continuer à regarder cette émission dans ces conditions », conclut-elle.
« L’occasion d’entendre des paroles de femmes avec des témoignages et des positions différentes »
Comme Isabelle, de nombreux lecteurs ont été « choqués » par l’attitude des deux chroniqueurs, Yann Moix et Christine Angot, et l’absence de réaction de l’animateur Laurent Ruquier. Alain estime que « les critiques ne laissent plus place pour l’échange » et qu’un peu d’« empathie » aurait été bienvenue. « Des moments comme celui-là décrédibilise cette émission », déplore-t-il encore.
D’autres lecteurs estiment que, loin d’être « un naufrage télévisuel », comme l’écrivait un twittos, l’émission a été « une occasion pour nous téléspectateurs de prendre conscience de la réalité et d’entendre des paroles de femmes avec des témoignages et des positions différentes », considère Claire.
« Personne n’a le monopole de la souffrance », rappelle Adèle. Et certains lecteurs de comprendre la colère de Christine Angot qui « relève justement l’utilisation très tordue des mots », comme le résume Noëlle. « Madame Rousseau appelle son livre Parler. Un livre s’écrit, il ne peut être en rien une parole. Donc, oui, c’est un discours, donc forcément construit, à l’opposé d’une parole qui se dit pour une oreille qui écoute », poursuit Noëlle qui souligne que « les seules personnes qui peuvent écouter une parole sont des psychanalystes ». Et de conclure que « madame Rousseau a dû faire face à son imposture, inconsciemment, bien sûr. C’est ce que madame Angot met à jour dans son mode d’intervention. Pour la première fois à l’antenne quelqu’un essaie justement de parler ». Un avis partagé par Bruno : « Bravo à Christine Angot. Je la trouve presque toujours d’une justesse admirable. Hier soir, elle s’est encore exprimée avec une vérité crue. »
Sous le pseudo Iconoclaste07, un internaute analyse ce qui s’est finalement (peut-être) joué sur le plateau : « En fait chacune parle et interpelle à partir de sa propre histoire : Christine Angot a été victime d’inceste. Elle était une enfant. À cet âge, la parole est impossible. Le silence est en lui-même une violence dont elle ne s’est visiblement pas encore remise. Et donc elle a dû se débrouiller avec… on ne guérit pas facilement de cela. L’écriture permet à Madame Angot de dépasser son impossibilité de parler. Pour Madame Rousseau, qui était adulte au moment des faits, la parole est une libération et elle en fait usage. Et elle a raison. »