Après ce prologue, «Star Trek Discovery» a besoin de décoller
TELEVISION•La série de CBS, diffusée par Netflix en France, tente de séduire les fans et les néophytes…P.B.
Ah, Star Trek Discovery. Après une production chaotique, la première série dans la franchise depuis la fin d’Enterprise en 2005 a donc fait ses débuts sur CBS aux Etats-Unis et sur Netflix dans le monde entier ce dimanche. Avec un budget digne d’un blockbuster, le double épisode qui fait office de prologue sert avant tout à présenter l’héroïne et la guerre face aux Klingons. Mais on n’a encore rien vu de l’USS Discovery ni de son équipage, et la série va devoir passer la seconde si elle veut atteindre l’hyperespace.
Le bon : La production, l’accessibilité et l’esprit Star Trek
Le budget pharaonique atteint presque le niveau de HBO (8 millions de dollars par épisode, selon Variety, contre environ 10 millions la saison 7 de Game of Thrones). Du coup, la série n’a pas à rougir face aux films de J.J. Abrams. On est loin des maquettes en carton du siècle dernier, même si la direction artistique laisse un peu à désirer côté maquillage. Mais la plus grande réussite de ces premières 90 minutes est leur accessibilité. Les Trekkies pourront décortiquer la timeline et juger de la continuité de cette préquelle (tout se passe 10 ans avant la série originelle) mais les néophytes sont suffisamment tenus par la main pour s’y retrouver.
Avec Michelle Yeoh et Sonequa Martin-Green, libérée de son contrat de The Walking Dead, à la barre de l’USS Shenzhou, CBS a coché la case diversité comme un élève appliqué. Les deux actrices répondent cependant présentes et portent ce prologue sans forcer. Enfin, on retrouve les thèmes chers à Gene Roddenberry : l’exploration, la diplomatie, le multiculturalisme et la logique. Ça fait du bien par les temps qui courent.
Le moins bon : La mise en place longuette
Le reboot de Battlestar Galactica s’était également lancé via un long téléfilm. Mais on faisait connaissance avec tous les personnages. Là, le reste de l’équipage fait de la figuration, à l’exception du science officer Saru (Doug Jones). Il faudra attendre l’épisode 3 pour apercevoir le capitaine de l’USS Discovery, interprété par Jason Isaacs (l’excellent psychopathe-kidnappeur de The O.A.) et ses lieutenants. Enfin, avec le changement de cap provoqué par la mise à l’écart du showrunner Bryan Fuller, on peut craindre que CBS, qui compte sur Discovery pour lancer son service de streaming payant, ait préféré jouer la sécurité et n’ose pas vraiment s’aventurer loin des sentiers (re)battus.
Le mauvais : Les Kligons
Ce n’est pas parce que Game of Thrones nous a habitués à entendre du dothraki qu’il faut abuser des longues scènes en klingon. Surtout, on attend davantage de subtilité dans les relations politiques et diplomatiques de la confédération. Pour l’instant, Discovery reste loin de The Expanse, la référence SF du moment.