Yannick Bolloré tacle la com' de Canal+ et défend «l'amuseur» Cyril Hanouna
COMMUNICATION•Le fils de Vincent Bolloré s’est exprimé sur la stratégie de son père pour Canal+, le conflit avec la société d’auteurs et les «dérapages» de l’animateur Cyril Hanouna...A.D.
Canal+, la grande famille ! A 37 ans, Yannick Bolloré est le patron d’Havas, en cours de fusion avec Vivendi, dont dépend Canal+, et membre de son conseil de surveillance. Deux sociétés, dont le groupe Bolloré, fondé par son père, Vincent, est actionnaire.
Et ce dernier a déclaré au cours de la dernière assemblée générale du groupe familial que son fils était appelé à prendre des « responsabilités croissantes dans Vivendi ». Lors d’un déjeuner avec l’Association des journalistes médias ce mardi, le fils de Vincent Bolloré s’est exprimé sur la stratégie de son père à Canal+, le conflit avec la société d’auteurs et les « dérapages » de l’animateur Cyril Hanouna.
« La communication de Canal+ n’a pas été bien faite, je préconiserais d’en changer »
« Vous parlez d’erreurs. Moi je préfère parler de tentatives de redressement de Canal+ », a-t-il lancé aux journalistes au sujet du travail de son père, rappelant notamment la nouvelle offre de 20 euros par mois pour les abonnés et la distribution désormais ouverte aux opérateurs télécoms, qualifiée « vraie révolution culturelle ».
Le patron de Havas a également estimé que le principal problème de Canal+ résidait dans sa communication. « Elle n’a pas été bien faite, je préconiserais d’en changer », a-t-il ainsi jugé. « Il n’est pas normal que les tentatives de redressement du groupe, qui certes n’ont pas toutes porté leurs fruits, notamment sur les grilles de programmes, soient perçues dans la presse comme des errements. » Il a recommandé à Canal+ de « s’appuyer sur Havas pour gérer la communication ». Et de tacler au passage le concurrent DGM, l’agence conseil de Vivendi-Canal +.
Le PDG du groupe français de conseil en communication a même estimé qu’il pouvait aider Canal+ à réduire son taux élevé de désabonnement[la chaîne cryptée a perdu quelque 492.000 abonnés en 2016] « en partageant vraiment la data pour mieux comprendre les attentes des abonnés et mieux anticiper les désabonnements. »
Le conflit avec les sociétés d’auteurs « est une situation ubuesque »
Concernant le conflit qui oppose la chaîne cryptée et les sociétés d’auteurs, Yannick Bolloré a confié qu’il espérait qu’un accord serait trouvé rapidement.
« C’est une situation ubuesque, et évidemment, ce n’est pas bon pour l’image du groupe, a-t-il déclaré. Là aussi, la communication devrait mieux faire son travail. Nous, même si ça fait sourire, on veut faire une chaîne "auteurs friendly". Après, demander des rabais de 20 %, ça ne me choque pas, mes clients m’en demandent tous les jours ! Par exemple, le contrat que Havas vient de resigner avec Peugeot, eh bien, il n’est pas du tout au même niveau qu’avant ! » La comparaison entre l’industrie automobile et la création artistique risque de plaire aux auteurs.
« Cyril n’est pas homophobe. C’est un plaisantin, un amuseur public »
Enfin, le patron du groupe Havas est revenu sur la séquence jugée homophobe, diffusée dans l’émission Radio Baba, le 18 mai sur C8. Il déplore la contestation par C8 de la sanction publicitaire du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à l’encontre de Touche Pas à mon poste. « Avoir une relation conflictuelle avec son régulateur n’est pas la meilleure stratégie », a-t-il martelé.
« Si ce passage a heurté des gens, c’est triste. C’est bien de s’être excusé. Mais à la place de Cyril Hanouna, j’aurais fait une pause. C’est ce que je lui ai dit. Ça aurait permis de calmer les esprits », a expliqué Yannick Bolloré. Et d’ajouter : « Ça a été horrible à gérer. On a été les premiers à appeler les annonceurs pour leur dire de se retirer de l’émission, pour ne pas que la polémique leur retombe dessus. »
« Cyril n’est pas homophobe. C’est un plaisantin, un amuseur public, a-t-il expliqué au sujet de son "ami" et partenaire de tennis. Après, il doit aussi se rendre compte que présenter un show qui rassemble autant de gens, ce n’est pas la même chose comme si on était à la radio ou en troisième partie de soirée. »
« Maxime Saada et Gérald Brice-Viret ne parlent pas assez »
A noter que Yannick Bolloré ne reproche pas à l’animateur de s’exprimer au nom de la chaîne dans les médias. « S’il le fait, c’est que la nature a horreur du vide, a-t-il lancé. Les directeurs de Canal+, Maxime Saada et Gérald Brice-Viret, ne parlent pas assez, et je le leur ai dit ! »
S’il s’est dit « très heureux » à Havas et a priori « plutôt contre intellectuellement d’hériter d’une entreprise comme ça », Yannick Bolloré a toutefois convenu qu’il allait peser de plus en plus dans le groupe Vivendi. « Le chemin naturel s’inscrit dans cette direction. »