MODEVIDEO. «La robe de ma vie» de Cristina Cordula, une émission ringarde?

VIDEO. «La robe de ma vie»: Pourquoi la nouvelle émission de Cristina Cordula n’est pas si ringarde?

MODELa présentatrice phare de M6 propose une émission sur les robes de mariée, un concept pas si rétrograde, le sujet passionne…
Cristina Cordula présente depuis le 12 juin sur M6 «La robe de ma vie».
Cristina Cordula présente depuis le 12 juin sur M6 «La robe de ma vie». - Vicente de Paulo/Emma Laupa/M6
Anne Demoulin

Anne Demoulin

M6 teste depuis lundi une émission de téléréalité sur le thème du mariage, intitulé La Robe de ma vie. Présentée par Cristina Cordula, qui s’est mariée le 7 juin à la surprise générale, l’émission propose de suivre en boutique de futures mariées le jour où elles choisissent la robe pour le jour J. Une émission sur des robes de princesses en 2017 ? Un concept pourtant pas si ringard. Explications.

La robe de mariée, un symbole très fort

La Robe de ma vie a rassemblé lundi quelque 545.000 téléspectateurs, soit 8,3 % de part d’audience, selon Médiamétrie. Le second numéro, mardi, a réuni 593.000 personnes, soit 9,6 % du public. Le programme a donc gagné quelque 48.000 curieux et 1,3 % de PDA en une journée. Surtout, l’émission grimpe brutalement à 20,3 % sur le Graal de l’audimat, les femmes de moins de 50 ans. Une hausse de 8,2 % point ! Pourquoi un tel engouement pour ces frous-frous d’un jour cinquante ans après mai 1968 ?

a

« La robe de mariée est toujours un symbole très fort », commente Olivier Picard, coauteur avec Pascale Wattier de Mariage, sexe et tradition, paru chez Plon en 2002. Historiquement, la robe de mariée blanche n’est apparue qu’à la fin du 19e siècle. « Elle permettait à la femme de se distinguer, à une époque où les femmes étaient asservies, la robe de mariée permettait d’être la reine d’un jour », rappelle l’expert.

« Le mariage marque désormais la consécration d’un couple »

A l’époque, « le mariage était un rite essentiel qui marquait le début d’un couple, la naissance d’une famille, et pour la fille, le passage de l’autorité du père à celle de l’époux », poursuit Olivier Picard.

Le mariage a progressivement changé depuis le début des années 1960, notamment avec la loi sur la réforme des régimes matrimoniaux le 13 juillet 1965, qui a permis aux femmes de pouvoir ouvrir un compte en banque et signer un contrat de travail sans avoir besoin du consentement marital, mai 1968, le mouvement d’émancipation des femmes, la pilule, etc.

« Le mariage marque désormais la consécration d’un couple. Mais, en dépit de ce bouleversement profond, la robe de mariée conserve un rôle central, même alors que de nombreuses femmes ont 1000 autres occasions de briller », observe Olivier Picard.

Au début des années 1970, « quelques babas cool ont tenté la désacralisation de la robe de mariée, mais la majesté de la robe est revenue de façon très forte, surtout au début des années 2000 », note encore le spécialiste.

La robe de mariée, le clou du mariage spectacle

« Dans la vie d’une femme, l’achat de sa robe de mariée est un moment crucial, une expérience unique, c’est le vêtement le plus important qu’elle va porter dans sa vie », déclarait ainsi à juste titre Cristina Cordula dans le premier épisode de La robe de ma vie. Le rituel de la robe de mariée est très puissant. « Rares sont les grands couturiers qui dérogent à la règle de terminer avec une robe de mariée », constate Olivier Picard.

« Nous sommes dans l’ère du mariage spectacle. La mise en scène, dans un monde où tout est scénarisé, est importante pour les héros du jour », remarque Olivier Picard. Et le clou du spectacle, c’est la tenue de la mariée.

« Le couple est sous les projecteurs. Le choix de la robe concentre donc l’attention et les tensions », résume-t-il, d’autant plus que « la robe représente une part du budget importante, l’enjeu est capital. »

« Le choix de la robe n’est pas anodin, il est révélateur »

« Le choix de la robe n’est pas anodin, il est révélateur. Il ne se fait pas au dernier moment, on n’y réfléchit. Il n’y a pas beaucoup de légèreté dans le choix, la robe est rarement provocatrice », poursuit-il. Parce que même à l’heure du divorce, « le mariage est associé à un rêve d’éternité, symbolisé par la robe », explique Olivier Picard.

L’offre en matière de robes de mariée est très diversifiée, du sexy à la meringue classique en passant par le bohème chic. « Les déclinaisons sont grandes mais peu s’affranchissent du blanc », examine l’expert. Lorsque Brigitte Trogneux épouse Emmanuel Macron en 2007, « même si leur histoire de couple est atypique, Brigitte Macron ne déroge pas à la règle et porte une robe blanche. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

La robe de mariée, un « catalyseur d’émotion »

Deux options s’offrent alors à la mariée. « Soit la mariée cultive la magie du secret ou le choix de la robe devient une séquence de complicité avec le futur époux », détaille l’auteur. Le choix de la robe se fait généralement entre femmes.

« L’essayage se fait avec la mère, parfois les copines. La mère finance souvent la robe et son choix est souvent le théâtre de conflits. Le choix de la robe cristallise beaucoup d’enjeux souterrains, d’atmosphère passionnelle », analyse Olivier Picard. « La robe de mariée est un catalyseur d’émotion », résume Cristina Cordula.

Déjà une petite polémique

Une mine d’or pour une émission de téléréalité. Dans le premier épisode de l’émission, une mère, insatisfaite de la proposition d’un gérant, s’en prend physiquement à une vendeuse et après seulement deux épisodes, le programme a déjà créé une petite polémique à la suite des commentaires sexistes du gérant d’une boutique. « La préparation d’un mariage, qui devrait être un plaisir, est souvent vécue comme un chemin de croix. Beaucoup ont l’impression de se faire confisquer leur mariage », souligne l’expert.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« La télévision est un média émotionnel qui se contente de surfer sur l’emblématique et le symbolique : la robe, la cérémonie et son organisation. Cristina Cordula ne s’éloigne pas de ce qui marche, avec une petite dose de voyeurisme et de “beauferie” », conclut Olivier Picard, qui regrette que « le mariage soit, à la télévision, décrit comme un événement indépendant de l’histoire du couple qu’il célèbre, comme s’il était tabou d’explorer le contenu du mariage, la question du doute, de l’engagement au 21e siècle. »