TELEVISIONDavid Pujadas: Quinze ans de JT, quinze ans d'évolutions du monde de l'info

VIDEO. Adieux de David Pujadas: Quinze ans de JT, quinze ans d'évolutions du monde de l'info

TELEVISIONArrivée des chaînes d’info en continu, émergence des réseaux sociaux... Le présentateur du 20 Heures de France 2 a assisté à de nombreux bouleversements du monde de l’info…
Clio Weickert

Clio Weickert

Sans transition. Ce jeudi à 20 heures, les téléspectateurs du JT de France 2 assisteront aux adieux d’un des piliers de la chaîne : David Pujadas. Un journal qu’il présentait depuis 2001, jusqu’à sa brutale éviction en mai dernier par la présidente de France Télé, Delphine Ernotte. Si David Pujadas a consacré plus de quinze ans à passer quotidiennement l’actualité en revue, le journaliste a également assisté – et résisté —, à de profonds bouleversements du monde de l’info, de l’apparition des chaînes d’info en continu à l’émergence des réseaux sociaux.

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Le déferlement des chaînes d’info en continu

En quinze années de JT, David Pujadas en a vu de toutes les couleurs. A commencer par l’apparition en France des fameuses chaînes d’info en continu, et notamment BFMTV en 2005 avec l’apparition de la TNT. « La façon de présenter l’info a complètement été modifiée, confirme à 20 Minutes Patrick Eveno, historien et économiste des médias. Ce sont deux façons complètement différentes de consommer l’information : le 20 Heures c’est le moment où les gens se posent en fin de journée, les chaînes d’info se regardent de manière plus saccadée, quand il y a de l’actu chaude ».

Une multiplication de canaux qui ont certes fait de l’ombre au traditionnel JT, mais qui ne l’ont pas pour autant mis à mort. « Le JT reste un moment de fédération, explique Patrick Eveno, il ne rassemble plus les 15 millions de téléspectateurs comme à la grande époque, mais il demeure un rendez-vous important. » Comme le précise Libération, les journaux télé, que ce soit France 2 ou TF1, se contentent désormais de scores d’audience autour des sept-huit millions, relativement honorables donc.

La révolution des réseaux sociaux

Autre bouleversement majeur du XXIe siècle, l’émergence des réseaux sociaux. Facebook et Twitter sont devenus d’importants vecteurs d’information, avec souvent une bonne longueur d’avance sur les rendez-vous télévisés. Un avantage net en termes de timing et d’immédiateté, surtout à une époque où l’on souhaite savoir tout sur tout, tout le temps.

Mais si les réseaux sociaux ont leurs avantages, ils possèdent également leurs inconvénients. « Ils font appel à des ressorts différents, où la notion d’opinion est très forte, développe l’historien des médias. Se retrouvent alors des informations sérieuses, issus de médias traditionnels, mais aussi toute une série de "fake news", de rumeurs, voir de propagande… »

L’émergence de l’infotainment

Doucement mais sûrement, un autre concept relativement récent a quelque peu affecté l’attachement des téléspectateurs à leur JT, et en particulier les plus jeunes : l’infotainment. Yann Barthès dans son Petit journal sur Canal (désormais Quotidien sur TMC), ou encore Laurent Ruquier et ses interviews politiques dans On n’est pas couché sur France 2, ont réussi à imposer un savant mélange d’information et de divertissement. Un regard décalé sur l’actualité, bien plus moderne que le classique journal télé. De quoi donner un sacré coup de vieux à David Pujadas et ses compères…

La fin d’une époque ?

Enfin, Pujadas a aussi assisté à l’effondrement d’une époque, et aux figures qui l’incarnent. Patrick Poivre d’Arvor, évincé en 2008 au profit de Laurence Ferrari, ou encore Claire Chazal, écartée de son 20 Heures en 2015 et remplacée par Anne-Claire Coudray. Place au sang neuf. Aussi surprenante fut l’annonce de son départ fin mai, David Pujadas, personnalité marquante de France Télé, n’était ni plus ni moins que le dernier de son espèce.

Emportera-t-il avec lui la « grand-messe » du JT ? « Flinguer le journal, actuellement, ce n’est pas possible, estime Patrick Eveno, mais le problème c’est qu’on ne sait pas comment le faire évoluer. Les téléspectateurs qui n’ont pas encore fui en ont encore besoin, mais la question est de savoir pour combien de temps… »