«Sense8» et «The Get Down» annulées... Netflix, une chaîne de télé comme les autres?
SÉRIE TV•La fête est finie, Netflix se met à annuler ses séries, non pas pour faire des économies mais pour attirer de nouveaux abonnés...V. J.
Et une nouvelle polémique pour Netflix. Après s’être mis à dos les exploitants avec ses films présents en compétition à Cannes mais pas dans les salles françaises, le service de streaming vidéo a, cette fois, énervé les fans, les sériephiles. Soit ses premiers défenseurs. Considéré comme le nouvel eldorado des séries avec ses super-héros (Daredevil, Luke Cage…), ses résurrections (La fête à la maison, Gilmore Girls) et sa liberté (The OA, Stranger Things), Netflix a annulé coup sur coup deux séries, The Get Down au bout d’une saison et Sense8 au bout de deux. Pour le spectateur qui pensait que la plate-forme ne s’embarrassait pas de ce type de considérations (nombre et longueur d’épisodes, renouvellement et annulation), c’est une surprise. Au point de faire dire à certains : « Netflix, c’est bel et bien de la télé ».
Gros budget, petite audience
Le groupe avait déjà annulé des séries, cinq pour être exact, en cinq ans de contenus originaux. Mais par exemple, ils avaient prévenu en avance les auteurs de Bloodline pour qu’ils bouclent toutes les intrigues lors de la troisième et dernière saison. Sense8, elle, se termine sur un cliffhanger, pendant que 13 Reasons Why est renouvelée alors qu’elle n’avait rien demandé - elle est l’adaptation fidèle et fermée d’un roman. Une question d’audience ? Netflix n’a jamais voulu communiquer de chiffres, mais d’après une étude SymphonyAM, Orange Is The New Black, La fête à la maison, Stranger Things ou Luke Cage comptent parmi ses séries les plus regardées. Si The Get Down et Sense8 n’ont pas cette chance, elles se rattrapent par un écho critique et médiatique indéniable. Proportionnel à leur budget ?
Prendre plus de risques, et donc annuler plus de séries ?
En effet, Sense8 et The Get Down sont aisément les séries les plus chères du catalogue Netflix, la première a été tournée aux quatre coins de monde et la seconde a coûté pas moins de 10 millions de dollars… par épisode. Ceci explique peut-être cela, il s’agirait d’une décision économique. Sauf que, comme l’explique le patron de Netflix, Reed Hastings, ces dizaines de millions ne représentent que 1 % du budget destiné aux fameux Netflix Originals (on parle de plus de 6 milliards). Lui évoque « un ratio trop élevé » et une volonté de « prendre des risques, essayer des choses folles et donc d’avoir un taux d’annulation plus élevée ». Traduction : fini le renouvellement quasi automatique, Netflix ménagera le même suspense que les autres networks en fin de saison. House of Cards ? Marseille ? Reviendra ou reviendra pas ?
Des nouvelles séries plutôt que de nouvelles saisons
Mais par des séries « risquées » et « folles », Reed Hastings ne veut-il pas tout simplement dire de nouvelles séries ? Car Netflix a tout de même une spécificité. Une fois que l’utilisateur s'est abonné, il y a peu de risques qu’il parte. Mais il y a aussi peu de chances qu’un nouvel abonné s’inscrive pour la saison 3 de Sense8. Il s'agit donc bien d'une décision économique, mais pas pour faire des économies. Netflix a besoin que son nombre d’abonnés (près de 100 millions) augmente pour gagner de l’argent, et donc de créer l’événement encore et toujours. Mieux vaut pour lui de lancer de nouvelles séries que de nouvelles saisons, un Punisher ou un G.L.O.W. que la suite de The Get Down. De ce point de vue, The Defenders se révèle un compromis malin, puisqu’il s’agit à la fois de la suite des séries Marvel et une nouvelle série. Le 18 août à la télé… enfin sur votre écran.
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