«Kaboul Kitchen»: On a joué sur les mots avec Stéphane De Groodt

Stéphane De Groodt: Les auteurs de «Kaboul Kitchen» «m’ont fait un costume sur mesure»

INTERVIEW« 20 Minutes » a échangé quelques mots avec le maître des jeux de mots qui incarne, à la suite du départ de Gilbert Melki, Michel Caulaincourt dans la série déjantée de Canal +…
Propos recueillis par Anne Demoulin et Inès Chapon

Propos recueillis par Anne Demoulin et Inès Chapon

Le restaurant Kaboul Kitchen rouvre ses portes ce lundi à 21 heures sur Canal + après trois ans d’absence. Jacky Robert, le patron du lieu, personnage principal des deux premières salves incarné par Gilbert Melki, n’est plus là. Au menu de cette troisième saison ? Michel Caulaincourt (Stéphane De Groodt), petit escroc, débarque à Kaboul pour se refaire une santé sur le dos d’un programme humanitaire et s’associe pour cela au puissant Colonel Amanullah (Simon Abkarian).

Stéphane De Groodt, même s’il enfile le peignoir de Jackie, n’est pas celui qui remplace, mais vient parfaire la série, pour le meilleur et pour le rire. 20 Minutes a échangé quelques bons mots avec l’humoriste et comédien belge, maître des jeux de mots.

En deux mots, qu’est-ce qui vous a donné envie d’intégrer le casting de « Kaboul Kitchen » ?

Deux mots, c’est court ! Le personnage, Michel Caulaincourt, était très intéressant à composer, l’histoire dans laquelle il allait pouvoir se révéler à lui-même et aux autres, le fait d’être confronté à des acteurs comme Simon Abkarian que j’aime beaucoup. C’était aussi une manière de retrouver et de garder un pied chez Canal +, cette chaîne qui a été tellement importante pour moi.

On ne va pas mâcher nos mots, c’est un sacré défi, que celui d’enfiler le peignoir de Jacky ?

Je ne remplace pas Jacky ! Les auteurs ont créé un nouveau personnage, qui fait de cette troisième saison, un nouvel opus, un nouveau démarrage. Kaboul Kitchen est réinventée d’une autre manière, je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, c’est vraiment autre chose, une autre couleur.

Quel mot d’ordre pour faire oublier Gilbert Melki ?

Michel Caulaincourt est très différent, très éloigné de ce qu’était Jacky et de ce que pouvait faire Gilbert Melki, qui par ailleurs est un comédien que j’aime beaucoup. Je n’ai pas vu la série, je n’ai pas voulu voir ce qui s’est passé avant. Je ne voulais pas connaître l’interaction des personnages les uns avec les autres, mais découvrir pendant les scènes ce qu’était ce Michel Caulaincourt au niveau des yeux de ceux qui gravitent autour du Kaboul Kitchen.

Les mots justes pour décrire ce Michel Caulaincourt ?

C’est quelqu’un qu’on a un peu de mal à décrire, à cerner. Il est comme un caméléon, il s’adapte à chaque situation pour pouvoir en tirer le meilleur. C’est un personnage qui n’est pas si vil que ça. Il est charmant, charmeur, trouble. C’est un Arsène Lupin, un escroc élégant, un méchant gentil, un gentil méchant. On ne sait pas très bien qui il est. C’est une anguille. Il est gluant, il est collant, il est fuyant. Michel Caulaincourt est riche de tout ça. C’est aussi pour cela que j’ai eu envie d’endosser ce costume, qui a différentes couleurs, différentes matières. C’était très excitant.

Simon Abkarian (Député-Colonel Amanullah), Stephane de Groodt (Michel Caulaincourt) dans la saison 3 de « Kaboul Kitchen ».
Simon Abkarian (Député-Colonel Amanullah), Stephane de Groodt (Michel Caulaincourt) dans la saison 3 de « Kaboul Kitchen ». -  Xavier Lahache/Stephane Grangier

Si vous pouviez toucher un mot sur le duo que vous formez avec Simon Abkarian, alias le Colonel Amanullah ?

C’est précieux pour un comédien que de pouvoir avoir un très bon partenaire de jeux, surtout quand on passe 12 épisodes et trois mois de tournage ensemble ! Pour séduire les gens, Michel Caulaincourt va aller chercher leurs faiblesses pour éveiller une sensibilité particulière, c’est ce qui se passe avec Sophie, joué par Stéphanie Pasterkamp, la fille de Jackie, et avec le colonel. Il y a une part de tendresse et d’humanité, même chez les personnages les plus bourrus, les plus agressifs en apparence. Et Michel Caulaincourt parvient à déceler cela chez l’autre, c’est ça force. A la fin de la saison, les deux personnages se rapprochent et la force de tout ça, c’est que ce n’est pas le Colonel Amanullah plus Michel Caulaincourt, mais c’est que nous sommes parvenus à créer un duo, dans la vie et dans la série. Entre eux, il y a un peu le même rapport qu’entre le clown blanc et l’Auguste, nous sommes très complémentaires. Il n’y a pas eu de problèmes d’ego, et nous avons été très heureux de travailler en binôme là-dessus.

Avez-vous eu votre mot à dire sur le personnage, le scénario, ou les dialogues ?

J’ai eu des moments où j’ai souhaité adapter certaines répliques de mon personnage. Bien sur, j’ai eu mon mot à dire ! J’avais des commentaires à faire et des suggestions à proposer. Mais le personnage était tellement bien dessiné, les auteurs et les créateurs de la série connaissent tellement bien leur bébé, que je suis devenu le parrain de tout ça de manière assez naturelle. Quand c’est bien écrit, ce n’est pas la peine de vouloir retravailler les choses, ils m’ont fait un costume sur mesure quand même !

Est-il plus difficile de maîtriser les mots des autres que de jongler avec les siens comme dans vos chroniques sur Canal + ?

En tant que comédien, c’est plus facile pour moi de m’adapter à l’univers de quelqu’un, à m’approprier leurs mots que de me servir moi. J’ai un peu plus de mal à jouer ce que je pourrais écrire. La contrainte du comédien est de s’appliquer pour reproduire ce que quelqu’un a pensé à votre place.

Le tournage s’est-il déroulé sans un mot plus haut que l’autre ?

Le tournage s’est passé sur trois mois, avec trois réalisateurs différents, avec des horaires assez intenses, alors forcément, à un moment donné, il y a des choses qui dérapent un peu, parce que nous étions très investis et fatigués. Mais dans l’ensemble, je dois dire que passer trois mois avec les mêmes personnes, à jouer sur des enjeux et à évoluer dans un métier qui est très égotique, à l’arrivée, ça s’est super-bien passé. On était vraiment une bande de potes, on jouait toute la journée et le soir, on se retrouvait à boire des coups et à dîner. Cette aventure a été un peu comme une colonie de vacances. Il n’y a pas eu de tensions, ça a été une vraie partie de plaisir, j’ai adoré me retrouver sur cette série.

Réussissez-vous à baragouiner quelques mots de dari [le persan afghan, NDLR] ?

Quelques mots de Darry Cowl ? Je baragouine, comme vous dites.

Télévision, cinéma, théâtre, série, livres et BD, avez-vous dit votre dernier mot?

Je n’ai pas dit mon dernier mot, non, non ! Mon parcours est une longue phrase à laquelle je n’ai pas envie de mettre un point. Je termine Tout ce que vous voulez au théâtre Édouard VII fin février. Nous sommes sur les planches depuis septembre avec Bérénice Béjo. Il y a d’autres projets de théâtre, j’écris mon long-métrage, je vais réaliser un court-métrage pour Talents Adami de Cannes pour le mois de mai, je vais écrire des livres encore avec Plon, j’ai des projets de tournage de film, la suite de Kaboul Kitchen en septembre, la tournée de la pièce en janvier, il y a du pain sur la planche !

Le mot de la fin ?

J’ai faim !