«Jour Polaire»: Comment tourner une série quand il fait jour 24h sur 24?
SÉRIE•La nouvelle création originale de Canal+ avec Leïla Bekhti débarque tout droit de Suède ce lundi 28 novembre sur nos écrans...Mélanie Wanga
Si vous pensiez que le mois de novembre était un peu frisquet, Jour Polaire va vous faire changer d'avis. La série, annoncée comme l'événement de la fin d'année de la chaîne cryptée, plonge une Leïla Bekhti momentanément descendue des ors du septième art dans un rôle rugueux de flic parisienne, partant enquêter dans une petite ville rurale de Suède après qu'un citoyen français y a été assassiné.
Et pour le coup, cette série originale l’est tout autant dans sa conception: imaginée par les créateurs de l’excellente Bron, Jour polaire allie aux éléments habituels du «scandinoir» (meurtres, déprime et scènes gore) un contexte géographique pour le moins inhabituel.
Décalage horaire et été glacial
Pour l'équipe de tournage de cette coproduction franco-suédoise de luxe, l'expérience fut assez rude. Car il faut savoir que Kiruna, ville minière de 18.000 habitants, ne voit pas la nuit durant plusieurs mois. Et si ce décalage horaire extrême a mis la pression sur la santé psychologique déjà bien délabrée des héros, elle n'a pas été de tout repos non plus pour celle des acteurs et techniciens.
«Les deux premières semaines, c’était assez fou, je ne dormais pas, explique Leïla Bekhti. Et quand j’y parvenais, je mettais mon réveil à 4 heures du matin parce que je ne comprenais pas que le soleil n’allait pas se coucher!» Mais passé l'effet de surprise arrive la fatigue... L'équipe technique, quant à elle, a utilisé à son avantage les conditions très spécifiques de cette ville proche du cercle polaire.
Olivier Bibas, l'un des producteurs de la série, explique: «Les quinze premiers jours ont été tournés complètement en extérieur, au moment du solstice d’été. On ne cherchait pas le soleil qui était haut, mais celui en ligne de crête pour l’avoir dans le cadre à chaque fois. Nos horaires étaient donc décalés, on faisait du 3 heures de l’après-midi 3 heures du matin, en pleine nature. Il y a eu une perte de repères très forte pour l’équipe.»
A côté du jour perpétuel, auquel l'héroïne française Kahina a bien du mal à s'adapter (les crises d'insomnie sont au programme), il faut aussi composer avec des températures tournant autour de... 0°C sur l'année. Leïla Bekhti en rigole encore: «Il faisait très froid, même quand c’était censé être l’été ! A des moments, on parlait avec du sable dans la bouche, tout en étant transis. Et on se disait : “Bon, on comprend rien à ce qu'on dit, on va la refaire hein…”»
La terre d'un peuple marginalisé
Quatre mois de tournage pour une histoire qui se déroule sur moins de dix: oui, l'investissement est conséquent. Mais en mêlant à la trame de l'histoire le destin du peuple des Samis, une ethnie suédois marginalisée vivant au Nord du pays, les auteurs et réalisateurs Mans Marlind et Björn Stein ont créé une vision sociale d'un bout du monde où spiritualité et ruralité vont de pair.
Sofia Jannok, actrice sami dont la série était la première expérience d'actrice, développe le rapport à la nature de son peuple: «Les paysages ont été bien capturés par la photographie, mais ils sont encore plus grandioses en vrai. Quand vous êtes debout dans la toundra, vous comprenez que vous n'avez pas d'autre choix que de vous adapter à la nature, pas l'inverse. Nous ne sommes pas au-dessus de la nature, nous sommes en dessous. Les Samis ont ce respect profond pour elle et pour l'idée de ne faire qu'un avec elle.» Pas de doute, cet hiver, Jour polaire est le scandinoir qui vous fera garder les yeux grands ouverts.