«Black Mirror» sur Netflix: Et si notre futur (connecté) n'était pas si sombre?
SÉRIE TV•Après deux saisons acclamées par le public et la critique, la série « Black Mirror » revient pour une salve de six épisodes inédits sur Netflix, toujours critiques sur notre monde ultra-connecté, mais aussi, et c’est une première, plus optimistes…Vincent Jule
Alors que la saison 3 inédite débarque vendredi sur , il est bon de rappeler qu’en seulement sept épisodes, diffusés sur France 4, la britannique s’est imposée comme une série importante, et même implacable, sur notre société ultra-connectée. Juste en poussant légèrement les curseurs, en se projetant pas plus tard que demain, son créateur Charlie Brooker questionnait comme personne notre rapport aux nouvelles technologies, et tendait au spectateur un miroir déformant, le « sombre miroir » du titre.
Black Mirror Go
Mais il ne s’attendait peut-être pas à faire l’actualité. Dans son premier épisode, Black Mirror voyait le Premier ministre contraint d’avoir une relation sexuelle avec un cochon en direct à la télé. Le phénomène Pokémon Go ? Impossible de ne pas penser à l’épisode White Bear et sa horde d’individus courant et brandissant leur smartphone. Black Mirror, série prophétique ? Pessimiste surtout, mais la lumière est à portée de clic.
« Je suis en fait pro-techno »
« Cela surprend beaucoup de gens, mais je suis en fait vraiment pro-technologie », révélait récemment Charlie Brooker au . « Elle n’est pas le méchant de l’histoire, poursuit-il sur . C’est toujours une faiblesse humaine qui mène à la catastrophe. » Malgré son passage, et internationalisation, sur Netflix et une double ration d’épisodes, Black Mirror saison 3 n’en reste pas moins fidèle à sa réputation de cauchemar numérique éveillé. Surtout avec le cyber chantage de Shup Up and Dance, la réalité plus ou moins virtuelle de Playtest ou l’armée du futur de Men Against Fire.
Deux histoires lumineuses, deux histoires de femmes
Pourtant, pour la première fois, le tableau, ou l’écran, n’est pas tout noir, et les épisodes San Junipero et Nosedive se révèlent aussi différemment qu’humainement optimistes. Déjà sur la forme. San Jupinero plonge le spectateur en pleines années 80, des néons d’un club au soleil d’une plage californienne, pour une rencontre amoureuse entre Yorkie et Kelly, exceptionnelles Mackenzie Davis et Gugu Mbatha-Raw. Il y a bien sûr un twist, entre Un jour sans fin et Ouvre les yeux, l’occasion d’interroger le rôle de la technologie sur la fin de vie, et sur l’immortalité.
Seul épisode non écrit par Charlie Brooker, mais par Mike Schur et Rashida Jones de la série positive et bienveillante Parks and Recreation, Nosedive choisit la satire rose bonbon (oui c’est possible) pour décrire un monde entre Desperate Housewives et Les Femmes de Stepford, régi par le like, le retweet, la note HumanAdvisor. Lacie (Bryce Dallas Howard) en est le prototype parfait, une « control freak » avec une note de 4,1 sur 5, que les retrouvailles avec une ancienne amie vont faire passer de l’autre côté. Une apparente descente aux enfers, qui se révélera, selon un schéma très hollywoodien (ce bon vieil Hollywood), salutaire. Deux histoires au final lumineuses, deux histoires de femmes.