TELEVISIONLe porno peut-il sauver Canal+?

Le porno peut-il sauver Canal+?

TELEVISIONCanal+ n'est plus la première sur le foot, le cinéma, mais il lui reste le porno à papa...
V. J.

V. J.

«La chaîne du foot et du porno». Pendant des années, surtout les années 90, c’est ainsi que les téléspectateurs appelaient Canal +, au point d’en devenir son slogan officieux. Mais maintenant qu’elle a perdu les droits du championnat anglais et que l’accord avec BeIN Sports a été rejeté, le porno serait-il le dernier salut de Canal ?

La question a le mérite d’être posée alors qu’en pleine fuite des animateurs et des abonnés, le groupe lance une nouvelle campagne, originale et digitale, intitulée « Le meilleur du X est parti sur Canal ». Cette série de vidéos et de gifs parodie les pires clichés du genre et propose de s’abonner à son parc de chaînes dédiées : Dorcel TV, XXL, Pink, Penthouse, Colmax TV, Libido TV…

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Le porno n’est plus un vecteur d’abonnés »

Du côté de Canal +, on plaide le hasard de calendrier : « Cette campagne n’est pas du tout liée à l’actualité qui agite le groupe, elle était prévue depuis plusieurs mois. Le X a toujours été un pilier de Canal +, avec le foot et le cinéma, et cela fait longtemps que nous n’avions pas communiqué dessus. L’offre est en phase avec notre cible, mais elle manquait de notoriété, il fallait la redynamiser. » Si Le Journal du Hard et le film du samedi soir de Canal + ne sont pas directement concernés par la publicité, ils pourraient tout de même profiter de ses effets.

Selon le journaliste spécialisé de Hot Vidéo Gérôme Lorenzo, le porno n’est plus un vecteur d’abonnés pour Canal + ou CanalSat. En revanche, il trouve la démarche sympathique et pense qu’il s’agit d’une question d’image : « La pub rappelle que Canal est une chaîne jeune, cool, ouverte d’esprit, et elle en a bien besoin en ce moment. Le X est dans son ADN, et si demain elle l’arrête, on pourra dire que l’esprit Canal est vraiment mort ». Il évoque aussi une réorganisation interne autour du contenu X et pense que le groupe a voulu lui donner un petit coup de boost médiatique.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Canal + versus Youporn

La démarche a beau être sympathique, n’est-elle pas complètement vaine ? Le porno n’a-t-il pas fui la télévision, et les vidéoclubs, pour investir Internet ? « L’un n’empêche pas l’autre, réagit Gregory Dorcel, directeur général de la célèbre boîte de production X Marc Dorcel. C’est une vision biaisée de la réalité. Il y a bien sûr une énorme consommation de X sur les "tubes" [YouPorn, Pornhub, Xhamster…] par les jeunes, et mêmes les mineurs, mais il y a aussi un marché mature, qui assume, qui le regarde en couple et qui veut un service de qualité. Dorcel comme Canal ont vocation à répondre à ce public. »

C’est « la cible en phase avec notre offre » évoquée par Canal +. Gregory Dorcel donne ainsi le chiffre d’un million d’abonnés France pour Dorcel TV et de 30 % du marché de la VOD pour le contenu adulte: « loin d’être négligeable », note le patron de Marc Dorcel.

Un public plus mature

Gérôme Lorenzo abonde : « Le public des premiers samedis du mois sur Canal a plus de 45 ans, des habitudes et une préférence pour les films plus scénarisés, à l’instar des oeuvres d’Ovidie ou de John B. Root. » Avant d’ajouter : « Il ne faut pas oublier que le X coûte très peu cher à Canal. Je ne pense pas que Bolloré soit dans une grosse réflexion sur le porno, c’est même le cadet de ses soucis. »

Dorcel salue lui aussi Canal pour sa campagne, qui ne fait pas du X un tabou, qui prend le sujet à bras le corps. Il parle même d’une prise de risque salutaire et aimerait que les autres opérateurs fassent de même dans une France qu’il juge moralisatrice, « le pays occidental le plus conservateur des 56 avec lesquels nous travaillons ».