PORTRAITViré de Canal+, Ara Aprikian prend sa revanche sur TF1

Viré de Canal+, Ara Aprikian prend sa revanche sur TF1

PORTRAITQui est Ara Aprikian, l’homme qui a « fait » Cyril Hanouna et qui pourrait sauver TF1…
V. J.

V. J.

C’est l’histoire d’un retour. Non, l’histoire d’une vengeance. Non, les deux… La télévision est un univers impitoyable. Après son départ forcé de Canal + et son arrivée discrète à TF1, le plan de reconquête (de revanche ?) d’Ara Aprikian est lancé : Yann Barthès, Grégoire Margotton, Yves Calvi… TF1 fait un retour spectaculaire dans l’actu et le jeu médiatiques, accaparés depuis des mois par les feuilletons Canal + (Bolloré, Hanouna…) et France Télévisions (Ernotte, Field, Lepers…).

Le grand architecte du nouveau TF1

A l’été 2015, pendant que Vincent Bolloré « vire » Ara Aprikian de Canal, TF1 connaît son audience la plus basse de son existence. La première chaîne doit réagir. Mais elle a pris son temps, attendu son heure. Avant même la nomination de Gilles Pélisson comme nouveau PDG à la place de Nonce Paolini début 2016, Ara Aprikian est déjà, dès octobre, approché pour jouer les conseillers sur la ligne éditoriale des chaînes gratuites du groupe.Il est aujourd’hui directeur général adjoint de tous les contenus, c’est-à-dire le maître d’oeuvre, le grand architecte du nouveau TF1, la chaîne mais aussi la marque avec TMC, NT1, HD1 et MyTF1.fr.

Né le 12 janvier 1966 d’un père musicien et d’une mère couturière, Ara Aprikian, d’origine arménienne, a grandi à Paris. Après des études à l’Ecole Nationale de Statistique et de l’Administration Economique (E.N.S.A.E.) et à Sciences Po, il est chargé d’études chez Horizon Media et Médiamétrie, avant d’entrer au marketing de TF1. Il en devient le directeur adjoint en 1998, puis prend la direction des jeux, variétés et divertissements en 2003. C’est là que Canal + le débauche pour s’occuper de son pôle flux. Mais son nom ne sort d’un relatif anonymat que lorsqu’il devient le président de D8 et D17.

Il n’a pas fait que Hanouna, mais tout D8

Son passage à la tête de D8 est souvent résumé à un « coup », un nom : Cyril Hanouna. Ara Aprikian a eu le nez fin en prenant à France 4 Touche pas à mon poste, son présentateur et ses chroniqueurs. A l’époque, Direct 8 devenu D8 était en pleine mutation, en pleine recherche d’identité, le plus loin possible du kitsch de ses débuts. Son nouveau patron a ainsi testé des choses, avec souvent du succès : l’info par Guy Lagache, Le Grand 8 de Laurence Ferrari, la reconversion télé de Roselyne Bachelot… et au final sept heures de programmes inédits par jour. Si son slogan est « La nouvelle grande chaîne », il a surtout fait de D8 la première chaîne de la TNT, devant TMC.

Stratégie et synergie

Aujourd’hui, c’est à cette dernière qu’Ara Aprikian s’attaque. Avec la même stratégie ? Pas loin. Malgré la diffusion de séries américaines premium comme The Walking Dead ou Gotham, « Télé Monte-Carlo » reste dans l’esprit de beaucoup de téléspectateurs une mini-généraliste dépassée, la chaîne des Mystères de l’amour et d’Hercule Poirot. Avec l’arrivée de Yann Barthès, il cherche à provoquer un nouvel effet Hanouna, mais ourdit également sa « vengeance ». Il pique à Canal et Bolloré leur dernier élément fort et le met en confrontation directe avec leur poulain. Et si cela ne suffit pas pour affaiblir « Baba », Arthur est à la même heure, à la rescousse, sur TF1.

C’est la nouveauté de cet ordre de bataille : la synergie, que « toutes les chaînes du groupe marchent main dans la main ». Par exemple, les téléspectateurs n’auront pas forcément tout de suite le réflexe d’aller tous les soirs sur le canal 10 de la TNT. C’est pourquoi Yann Barthès sera aussi sur TF1, l’occasion de lui tailler un costume d’animateur incontournable. Il aura une hebdo, en deuxième partie de soirée… face à Ruquier ? Ara Aprikian n’a pas peur de s’attaquer à un autre gros poisson. Pour l’instant, il a toute la confiance de Gilles Pélisson, et les moyens de Martin Bouygues.