VIDEO. Yann Barthès, douze ans d'impertinence au «Petit journal»
PORTRAIT•L’animateur, qui a commencé à Canal+ en tant que stagiaire, quittera l’émission qu’il a créée en fin de saison…O. P.-V.
«Je ne présenterai plus Le Petit Journal la saison prochaine. Je souhaite écrire avec les équipes de Bangumi [sa société de production, Ndlr] une nouvelle histoire et vivre de nouvelles aventures », a-t-il annoncé. Yann Barthès, 41 ans, fondateur, producteur et animateur depuis 2004 de l’émission de Canal +, va laisser sa place le 23 juin, date de la dernière de la saison.
La chaîne a été informée de ce départ il y a deux semaines, et a réagi à l’annonce de Yann Barthès par deux tweets, l’un pour remercier l’animateur, l’autre pour rassurer sur la pérennité du Petit Journal. Selon Le Monde, le propriétaire de Canal, Vincent Bolloré, envisageait un passage en crypté du Petit Journal, qui attire encore entre 1,3 et 1,4 million de téléspectateurs chaque soir en semaine, deux fois plus que Le Grand Journal.
D’où cette décision prise par le créateur de l’émission, à l’origine, en 2004, une simple pastille dont il était… la voix off. Le Petit Journal durait alors quelques minutes insérée dans le programme présenté par Michel Denisot. Son ton particulier tournant en dérision la communication politique a rencontré rapidement un public et, à partir de 2007, la voix off est devenue un visage, celui du natif de Chambéry, qui a fait son apparition en plateau. Sa rubrique, présentée en costume-cravate impeccable, gagne alors du temps d’antenne chaque année. En 2011, Barthès monte sa société de production Bangumi, avec Laurent Bon, producteur éditorial du Grand Journal, et obtient sa propre plage horaire, juste après Le Grand Journal, et son propre plateau. Bangumi produit également depuis 2012 Le Supplément, autre programme phare de Canal + en clair.
« Une histoire se termine »
« 18 ans à Canal +…Une histoire se termine. Très ému », commente sur Instagram l’animateur. Dix-huit ans, oui, car l’animateur-producteur est entré dans le groupe en 1998, comme simple stagiaire au service communication, après des études d’anglais en Savoie et de journalisme à Bordeaux. Il prépare alors une revue de presse tous matins pour Pierre Lescure, qui ne s’en souviendra pas, comme l’ancien dirigeant de la chaîne l’explique sur le plateau de C à Vous en 2015.
A partir de 2002, il est assistant pour + Clair, programme animé par Daphné Roulier, avant de créer, à trente ans, Le Petit Journal en 2004. En dehors de son parcours professionnel, peu d’informations sont connues sur Yann Barthès, qui n’accorde quasiment pas d’interviews. « Je ne sais pas si j’ai grand-chose à dire. Je suis le premier à ironiser sur ceux qui répètent les mêmes choses, alors si je parlais à tout le monde, on pourrait me renvoyer la balle », justifiait-il en 2013 à Paris Match.
Pas grand-chose à dire, mais beaucoup à faire : admirateur du Japon (il apprend la langue), Barthès est unanimement décrit comme un énorme travailleur. « De 8 h 30 à 21 heures, je travaille pour la télé alors, quand j’ai fini mon taf, j’ai besoin de passer à autre chose », expliquait-il à GQ, dans l’un de ses rares entretiens. A la limite du « control freak », le présentateur aux tempes grisées gère tout jusqu’à être surnommé « Complicus » par sa rédaction. « C’est un peu Louis XIV, personne ne s’oppose à lui », racontait à GQ un ancien du Petit Journal. Jusqu’à présent indissociable de Canal +, l’animateur avait également fait quelques caméos (apparitions brèves) dans des fictions produites par le groupe, comme Bref et Platane.
Yann Barthès va désormais « écrire une nouvelle histoire » loin de la chaîne cryptée. Peut-être à France 2, où l’envoie Europe 1, ou à TF1, selon GQ ?