LIVRESJean-Luc Reichmann vs Benjamin Castaldi: Le match des autobiographies

Jean-Luc Reichmann vs Benjamin Castaldi: Le match des autobiographies

LIVRESLes deux animateurs se racontent chacun dans des récits (très) personnels parus ce mercredi...
Fabien Randanne et Clio Weickert

Fabien Randanne et Clio Weickert

D’un côté, Jean-Luc Reichmann, animateur vedette de TF1, qui officie tous les jours à l’heure du déjeuner dans les 12 coups de midi. De l’autre, Benjamin Castaldi, ex-présentateur du Loft sur M6 et de Secret Story sur TF1, que l’on a brièvement retrouvé sur NRJ 12 aux manettes de L’Académie des 9 (déprogrammé depuis début octobre). Ces visages connus des téléspectateurs sortent tous deux un livre autobiographique ce mercredi : Jean-Luc Reichmann signe T’as une tache, pistache ! chez Michel Lafon et Benjamin Castaldi présente Pour l’instant, tout va bien aux Editions de l’Archipel. A l’occasion de ce double événement, 20 Minutes a décortiqué les deux livres pour découvrir ce que chacun avait dans le ventre.

  • Ce que nous dit le titre

T’as une tache, pistache ! : Le calembour bien connu des cours de récré ne se réfère pas uniquement au sens de l’humour un peu « pouet-pouet-camion » de Jean-Luc Reichmann. Il fait surtout allusion à l’angiome qui donne du caractère à son visage. L’animateur écrit qu’il lui a fallu du temps pour accepter cette « tache de vin » qui lui a valu tant de moqueries durant sa jeunesse. Il révèle que les adultes n’étaient pas les derniers à le railler, à l’image d’un prof de maths tintinophile qui l’avait affublé du surnom « Reichmann le rouge ». Dans une conclusion très lacanienne, « la tache » devient « l’attache ». Nul ne sait en revanche en quoi se meut la pistache.

Pour l’instant, tout va bien : Vraiment Benjamin ? Car finalement, on est quand même tenté de se dire : « Pas tant que ça ». L’ouvrage commence tout de même par son accident de la route en 2012 et se termine par des regrets adressés à ses enfants. En 186 pages, l’animateur s’échine à dévoiler ses forces et ses faiblesses, « ses avers et ses travers » selon ses termes, dans une sorte de plaidoirie mêlée à un mea culpa. Par ce titre, il semble sous-entendre qu’il a touché le fond (à maintes reprises), mais que le sort n’arrivera pas à latter la bête. Mais ce qui en ressort, c’est beaucoup de ressentiment et d’amertume, envers lui et les autres, et une crainte permanente du « Qu’est-ce qui va pouvoir encore me tomber sur la tronche ? ».

  • Les bourre-pifs avec le PAF

T’as une tache, pistache ! : Ceux qui attendent des règlements de compte entre stars du petit écran en seront pour leur frais. « On entend parler de la grande famille de la télévision, et certes nous sommes tous amis, mais en ce qui me concerne, nous ne nous fréquentons que très peu », écrit Jean-Luc Reichmann. Il déplore : « Les amis de télé ne sont pas nombreux à répondre aux SMS. J’en suis triste, mais ça fait partie du jeu. » Voilà pour les tacles. Le lecteur télévore pourra en revanche se délecter d’anecdotes sur la création des émissions phares de l’animateur ou ses remises en question professionnelles.

Pour l’instant, tout va bien : Benji n’y va pas avec le dos de la cuillère, surtout en ce qui concerne son récent passage sur D8 pour la présentation de la Nouvelle Star. Quand l’animateur parle de l’animateur vedette de la chaîne, Cyril Hanouna, on comprend bien qu’il ne le porte pas dans son cœur : « Chaque jour, l’émission (Touche pas à mon poste) faisait le buzz et surclassait la concurrence. Cyril Hanouna régnait en despote, pas toujours éclairé. J’aurais dû me rappeler le mot fameux : "Mieux vaut être roi au Sofitel que laquais au Crillon" ». Et bam, dans les dents.

  • L’anecdote croustillante

T’as une tache, pistache ! : Celui qui s’y connaît niveau « Question co… Question in… Question coquiiiine » a croisé des candidats peu farouches. Jean-Luc Reichmann consacre un chapitre à ces petites histoires mémorables. On retiendra celle d’une candidate des Z’amours qui, après l’enregistrement du jeu, l’attendait seins nus sur le parking pour lui « proposer l’improbable improposable ». Ou alors cette autre qui, à la question « Quel est l’endroit le plus chaud ou vous ayez fait l’amour ? » a répondu, après un temps d’hésitation, « Euh… Ben… Dans l’anus ! »

Pour l’instant, tout va bien : Castaldi fils ne se fait pas prier pour balancer des dossiers. Et l’une des anecdotes qui peuplent l’un des derniers chapitres, « Secrètes scories », est particulièrement croustillante. « Les archives de Secret Story regorgent d’images embarrassantes », révèle-t-il. « Me croirez-vous si je vous dis que certains avaient imaginé de faire avaler une pilule abortive, la fameuse RU499, à une candidate enceinte, d’ailleurs sélectionnée pour cette raison ? Il a fallu expliquer à cette équipe pleine de ressources que la jeune femme risquait d’expulser son bébé sous la douche, devant les caméras. On marchait sur la tête. » Toujours plus loin, toujours plus fort.

  • Le grand déballage ?

T’as une tache, pistache ! : Pas vraiment. L’essentiel des 300 et quelques pages qui composent T’as une tache pistache ! concernent la vie professionnelle de Jean-Luc Reichmann. De ses premières expériences dans des radios locales à Toulouse à la consécration avant le 13 Heures sur TF1. L’animateur évoque à plusieurs reprises ses proches, mais reste plutôt pudique sur ce pan de sa vie privée.

Pour l’instant, tout va bien : Clairement, oui. Dans ce livre, tout y passe, que ce soit sur les plans professionnels ou personnels : de Simone Signoret et Yves Montand, ses grands-parents, à Flavie et Vanessa, ses ex-femmes, en passant par Nonce Paolini sur TF1 et Félicien de Loft Story qui « défèque devant la porte de sortie »… Benjamin Castaldi nous dit tout.

  • Le passage « Sortez les mouchoirs »

T’as une tache, pistache ! : A la grande surprise de Jean-Luc Reichmann, Bernard Laporte a accepté de participer à un Attention à la marche spécial rugby, en 2007. Le jour de l’enregistrement, celui qui est à l’époque à la tête du XV de France, révèle à son hôte pourquoi il a dit oui : sa grand-mère était une inconditionnelle d’Attention à la marche. « Toi, Jean-Luc, tu l’as accompagnée pendant des années tous les midis, et je la revois encore avec ce sourire qui n’appartenait qu’à elle, face à la télé… », lui dit alors Bernard Laporte, très ému. Et de poursuivre : « Ma grand-mère, elle est morte quelques semaines [après que je lui ai rendu visite]. C’est pour ça que je suis là, minot. »

Pour l’instant, tout va bien : De nombreuses séquences émotion, dont le message de rupture de Flavie Flament, par SMS : « "Mes jambes ne me portent plus, je sais que tu prendras soin d’Enzo." Un message froid, plus ou moins clair, mais direct. Elle n’était plus là. (…) Elle n’avait pas seulement tourné la page, elle l’avait brûlée. De notre passé, ne restait qu’un petit tas de cendres ». Et visiblement, la pilule a eu du mal à passer.

  • Et si on parlait du style ?

T’as une tache, pistache ! : Jean-Luc Reichmann s’adresse au lecteur sans emphase. Qu’il raconte l’accident qui lui a valu plusieurs semaines de coma et des mois de rééducation, qu’il évoque avec une grande tendresse sa petite sœur malentendante, qu’il parle de ses déconvenues professionnelles ou de ses blessures personnelles, le ton de la confidence ne verse jamais dans l’impudeur. Le langage est familier et les traits d’humour tombent parfois à plat, mais l’ensemble est plutôt spontané. Le livre s’adresse aux fans de télé et aux inconditionnels de l’animateur, les cyniques et ceux qui ont faim de récits graveleux peuvent passer leur chemin.

Pour l’instant, tout va bien : Un point de vue très intimiste, sur ses peines (son divorce avec Flavie Flament notamment), ses déboires (son fichage à la Banque de France), l’acharnement de l’administration et les trahisons de certains proches. De ce côté, rien à signaler. En revanche, son espèce d’autoanalyse permanente pourrait en irriter certains (« Je dois souffrir d’un manque, d’une fissure intime », écrit-il), tout comme son très fort penchant à parler de lui à la 3e personne, avec ses « Benji, one point » et des comparaisons quelque peu démesurées : « Je n’ai jamais compris cet empressement à m’éjecter (de la Nouvelle Star). Encore un malentendu. Après tout, Colloredo a bien chassé Mozart à coups de pompe dans le derrière… » On frôle fréquemment la mégalomanie.