TELEVISIONDes programmes télé de plus en plus fous et extrêmes, pour se retrouver sur YouTube

Des programmes télé de plus en plus fous et extrêmes, pour se retrouver sur YouTube

TELEVISIONLes dernières tendances en matière de divertissement ont été dévoilées au marché international des contenus audiovisuels (Mipcom) ce lundi…
Anaëlle Grondin

Anaëlle Grondin

De notre envoyée spéciale à Cannes (Alpes-Maritimes)

Des célébrités qui vivent sur un camp de base à 4.500 mètres d’altitude et se battent pour atteindre le sommet d’une montagne, des citoyens qui tentent d’échapper à la vidéosurveillance de leur pays pendant 28 jours, des malades en phase terminale qui acceptent d’être filmés en fin de vie… Vous ne rêvez pas. Ces trois concepts d’émission existent. Repérés par la société The Wit, ces formats ont été présentés au marché international des contenus audiovisuels (Mipcom) à Cannes ce lundi, parmi tant d’autres du même acabit.

Des aveugles escaladent le Kilimandjaro

Au moins trois pays proposent des téléréalités pour les alpinistes aux images spectaculaires et bandes-annonces au ton dramatique (« ils risquent leur vie », « ils vont devoir repousser leurs limites ») : Monte Bianco en Italie, qui met en scène sept célébrités en train de se disputer l’ascension du Mont-Blanc, The Ultimate Expedition en Finlande, qui suit huit stars mises au défi de grimper une montagne de 6.000 mètres, et Blind to the Top aux Pays-Bas, qui fait escalader à des personnes aveugles le Kilimandjaro.

« La montagne, c’était une thématique qui n’était pas investie pour l’instant, un des derniers terrains de liberté. C’est dans cette tendance qu’on appelle "chercher de l’air frais" et qui permet aux gens de s’échapper un peu», analyse Bertrand Villegas, cofondateur de la société The Wit, qui analyse les tendances de la télé dans le monde.

« Une obsession des producteurs de faire des contenus qui sont "YouTubables" »

Ce genre d’émissions très visuelles, avec des images fortes est indispensable aujourd’hui, car il est, selon lui, « de plus en plus difficile de faire asseoir les gens devant la télé pendant deux heures ». En outre, « il y a une obsession des producteurs de faire des contenus qui sont "YouTubables", soit rigolotes, soit spectaculaires avec des programmes un peu fous fous. Le critère de valeur aujourd’hui sera : "est-ce que je peux le mettre sur YouTube ?" », souligne Bertrand Villegas.

D’autres divertissements présentés au Mipcom ce lundi montrent que les producteurs s’orientent effectivement vers des concepts de plus en plus extrêmes. Toujours avec ce souci de savoir si les images sont assez fortes pour devenir virales.

Les Pays-Bas proposent par exemple le programme My Last Time qui suit des patients en phase terminale vivre leurs dernières semaines. L’Italie et l’Allemagne ont des émissions de « dating », Undressed et Kiss Bang Love, ayant pour finalité des relations sexuelles entre les candidats. Quant aux jeux télé, ils nécessitent toujours plus de mises en scènes spectaculaires, d’humiliations et de décors dynamiques qui tapent à l’œil. Au Mexique et en Espagne, The Wacky Old Games propose dans une même émission une combinaison des jeux les plus fous et bizarres de la planète. Le résultat à l’écran est absurde.

La réalité augmentée pour en mettre « plein les mirettes »

Du côté des «talent shows», certains producteurs ont vu très grand pour réussir à capter l’attention des téléspectateurs également. La star du Mipcom cette année est signée Talpa et s’appelle Dance, dance, dance. L’émission pourrait bien rivaliser avec Danse avec les stars.

Dans ce nouveau programme, des célébrités doivent s’entraîner d’arrache-pied pour réussir à réaliser des chorégraphies. Leur objectif : rejouer les vidéoclips des plus grandes stars. La mise en scène finale, réalisée à l’aide de la réalité augmentée, est bluffante et extrêmement proche de la vidéo d’origine. Lancée en septembre aux Pays-Bas, l’émission est déjà renouvelée pour une saison 2.



Bertrand Villegas n’est pas étonné : « C’est un show de pro, le plus ambitieux cette année. On en a plein les mirettes. Je pense qu’il va se vendre dans de nombreux pays. » « Le talent show est là pour durer, ajoute-t-il. On est dans une société où tout est orienté vers le "like" et la reconnaissance de l’autre comme ça. Maintenant c’est naturel de se filmer en train de chanter ou de faire n’importe quoi sur YouTube. »