TELEVISIONEn quoi l'histoire de la téléréalité est-elle si incroyable?

En quoi l'histoire de la téléréalité est-elle si incroyable?

TELEVISIONCe mardi à 20 h 55, W9 diffuse le premier volet d'un programme retraçant « L’incroyable histoire de la téléréalité »...
Clio Weickert

Clio Weickert

Loana, Chimène Badi, Karine Ferri, Julien Doré, Nabilla… Tous des enfants de la téléréalité. Pour célébrer les presque quinze ans de ce genre télévisuel qui a émergé au début des années 2000, W9 diffuse ce mardi à 20 h 55 Les années Loft Story, le premier volet d’une série intitulée L’incroyable histoire de la téléréalité. La promesse ? « Plonger au cœur d’un phénomène qui a révolutionné la télévision du XXIe siècle », annonce la chaîne, et « qui a le pouvoir de réaliser tous les rêves, consacrer une icône populaire et créer les stars de demain ». Un voyage quasi « historique », par le biais d’extraits d’émissions et de témoignages de candidats ou jurés. Mais l’histoire de la téléréalité est-elle si incroyable ?

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Incroyable… mais pas si révolutionnaire ?

De Loft Story au Bachelor, en passant par Popstars, ce premier épisode (W9 devrait en diffuser un autre sur Les années Star Academy), met l’accent sur le caractère « novateur » de la téléréalité dans les années 2000 en France. Ces émissions proposaient alors un tremplin incroyable désormais à la portée de tous. « Mais ça a existé auparavant », observe François Jost, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne Nouvelle. « Le vieux thème de la télé qui accomplit un rêve n’est pas nouveau. Mireille Mathieu s’est fait connaître par le Jeu de la Chance, le télé-crochet de l’émission Télé Dimanche de Raymond Marcillac dans les années 1960 », rappelle-t-il.

Incroyable… d’authenticité ?

Pionnière du genre, Loft Story a marqué son époque. Pour la première fois en France, des inconnus évoluaient en vase clos, pendant de nombreuses semaines, des caméras espionnant leurs moindres faits et gestes. « Les vraies différences avec les reality-shows des années 1990, précise François Jost, ce sont les votes par téléphone qui coïncident avec la montée du téléphone cellulaire, mais aussi les décors et le pseudo-direct. Même s’il y avait quelques minutes de décalage pour la diffusion, les images ne devaient pas trop être manipulées, il y avait un caractère authentique. »

Une authenticité sur laquelle s’accorde Loana, qui s’était confiée à 20 Minutes à l’occasion de la Nuit des publivores. Selon elle, « la téléréalité d’aujourd’hui est très différente. J’ai l’impression qu’on pousse les candidats à pleurer, à se disputer, à mentir. Alors que dans le Loft, l’ambiance était très bon enfant, nos larmes étaient sincères et nos rires, aussi. »

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Incroyable… d’ennui ?

Mais l’authentique ne paie pas à tous les coups, et très vite, ces émissions n’ont plus été diffusées en direct. La raison ? « La lassitude et l’ennui, souligne François Jost. Quand vous voyez quelqu’un en train de s’habiller, c’est très ennuyeux… Depuis on a davantage scénarisé, on a construit des ellipses pour rendre ça plus dynamique. Au début, le mot d’ordre était : “Restez vous-mêmes”. Désormais, c’est : “Méfiez-vous des apparences”, plus dans le domaine du jeu. »

Incroyable… et amnésique ?

Si la téléréalité a réussi à faire de l’intime un spectacle, elle a aussi fait quelques ravages : suicides, accidents, dépressions… L’incroyable histoire de la téléréalité évacue de manière surprenante ces pans de son histoire en y faisant très peu allusion. « Ils mettent l’emphase sur les candidats dont on a réalisé les rêves, réagit le professeur à la Sorbonne Nouvelle. Ça fait un peu sourire car sur à peu près mille candidats, on ne parle que de ceux-là. Mais la téléréalité compte aussi son lot de drames humains. Les gens sont assez amnésiques pour ce genre de choses, regardez Koh Lanta… ».