Patricia Loison: «Les présentateurs ont des gros ego, on n’est pas là par hasard»
INTERVIEW•Entrée à France 3 en 2011, Patricia Loison est l’un des visages qui incarne l’information sur la chaîne publique. A la rentrée, elle va présenter Le Grand Soir 3, désormais seule…Propos recueillis par Joel Metreau
L’équipe dédiée du Grand Soir 3, une quinzaine de personnes, va graviter autour d’elle à la rentrée prochaine. Mais l’émission d’informations de deuxième partie de soirée sur France 3 va être raccourcie en termes de durée et elle voit le départ de Louis Laforge, coprésentateur depuis 2013. Patricia Loison se retrouve à nouveau seule aux manettes après être arrivée sur France 3 en 2011. Rencontre avec la journaliste de 44 ans à l’occasion de la conférence de rentrée de France 3 ce lundi.
Vous comprenez que le « Grand Soir 3 » devienne plus court ?
Quand on voit la qualité des documentaires diffusés par la chaîne, c’est tout à fait logique qu’elle veuille ne pas les diffuser trop tard. On est dans une équipe, on doit tous faire des compromis. C’était peut-être une exception que pendant deux ans on ait eu cette chance d’avoir cette heure d’antenne à la télévision. Ça ne s’était jamais vu.
Qu’avez-vous appris ?
Beaucoup de choses. Déjà travailler à deux, ce n’est pas évident. Les présentateurs ont des gros ego, on n’est pas là par hasard. J’aime bien travailler à plusieurs donc ça ne m’a pas déplu. On se sent beaucoup en sécurité à deux que seul. Et c’est plus joyeux, moins solennel. Et j’ai rencontré une belle personne…
A lire : Quelles nouveautés à la rentrée sur France 3 ?
Quels invités vous ont marqué au cours de ces deux années ?
On a été touchés que Christiane Taubira vienne parler chez nous du futur grand mémorial de l’esclavage. Pour le côté paillettes, c’est un truc de midinette, mais rencontrer Julien Clerc et Michel Legrand, ça permet aussi de se détendre après 55 minutes d’infos. Et il y a aussi tout ce qu’on a fait autour de la commémoration de la libération d’Auschwitz.
Seule, pensez-vous davantage imprimer votre personnalité ?
Je suis consciente de ma chance et de la confiance qu’on me fait. Grace à Louis, pendant deux ans, j’ai musclé mon jeu, je serai mieux dans mes baskets.
Dana Hastier, directrice de l’antenne et des programmes de France 3, a évoqué lundi la féminisation de France 3, en êtes-vous l’un des visages ?
Si c’est le cas, j’en suis fière. On est encore dans une société beaucoup trop machiste, dans toutes les professions et tous les milieux. On est la moitié de l’humanité, on n’est pas plus bête que l’autre moitié masculine. Quand les enjeux et les responsabilités montent, on devrait être autant concernées, on est toutes aussi compétentes.
La féminisation, puis aussi la diversité, car vous n’êtes pas blanche ?
Oui, à France 3, il y a aussi Sébastien [Folin] pour les jeux. Je ne suis pas née en France, mais depuis 43 ans et 6 mois, je suis Française. Je ne me suis jamais sentie très concernée, car je ne passe pas ma vie à me regarder dans le miroir, mes cousins sont normands, mon mari est breton…
Même sans y penser, vous êtes un symbole…
Oui, mais il le serait davantage avec quelqu’un d’origine du Maghreb ou africaine, ce qui n’est pas mon cas. La minorité indienne est très minoritaire en France, elle est moins liée à l’histoire de la France que celle de l’Angleterre. Mais si je peux participer à représenter la diversité, c’est indispensable. On est très souvent vus comme une élite, à l’image des politiques, coupée des réalités. En régions sur France 3, la diversité est plus respectée. Ils sont plus nombreux et sans doute plus représentatifs. Mais quand des gens d’origine du Sri Lanka ou du Bangladesh dont je ne parle pas un mot, pas plus que vous, m’interpellent pour me dire « c’est super », je trouve ça très bien.