L’exclusivité du contenu - séries, films, événements sportifs… - ne suffit pas. « Etre premium, c’est l’être aussi dans les nouvelles technologies », lançait mardi Rodolphe Belmer, le directeur général de Canal + en introduction d’une présentation en grande pompe de trois innovations. D’abord, le renforcement de la plate-forme MyCANAL, et la création de « Suggest », un moteur de recommandations destiné à concurrencer les algorithmes de Netflix, mais évoluant lui en temps réel. Et en point d’orgue la présentation d’un nouveau décodeur faisant aussi office de box télé, le « Cube S », destiné à « porter pleinement les ambitions de Canal + sur l’OTT », soit la diffusion par internet (OTT pour « over-the-top »). Ce Cube S, c’est quoi ? Et pourquoi ?

S comme Stanley Kubrick

Prenez le monolithe noir de 2001, l’Odyssée de l’Espace, de Stanley Kubrick. Réduisez sa taille par cent et vous obtenez le nouveau décodeur : design épuré et forme carrée, pour seulement 8,5 cm sur chaque côté. Le « S » est pour « small », en réalité. Le cube tient dans la main. Disponible en magasin dès ce 9 juin et accessible en priorité aux nouveaux abonnés, il a l’avantage de pouvoir être déplacé de pièce en pièce et emporté partout, chez des amis ou en vacances, facilement, et sans aucun câble : « c’est le 1er décodeur 100 % Wi-Fi », se félicite Canal +.

Le Cube S / Canal+

S comme Salut les concurrents

Surtout, le cube est 100 % OTT, c’est-à-dire qu’il permet d’accéder à toutes les chaînes de Canal + et CanalSat uniquement via une connexion Wi-Fi, sans passer par les boîtiers télé des opérateurs. Le nouveau décodeur est donc aussi une box télé, avec un accès aux chaînes « affranchi de toutes contraintes », c’est-à-dire quel que soit le fournisseur ADSL de l’abonné. Même si le Cube S permet aussi une réception TNT, Canal enclenche donc la vitesse supérieure dans son pari sur l’OTT, qui a sa propre division depuis janvier 2014.

L’objectif du groupe ? « Maintenir leur territoire, reprendre la main, montrer qu’ils innovent, alors qu’ils vont être de plus en plus attaqués de l’extérieur, avec l’Apple TV, et Roku d’ici la fin de l’année », explique à 20 Minutes Ludovic Maux, expert OTT du cabinet de conseil Mediatvcom. Et en court-circuitant les FAI ? « Pas vraiment. Ils visent une cible complémentaire, et répondent à toute la population de jeunes - les millenials - qui veulent tout sur internet, et qui ne veulent pas des bouquets TV des FAI, ni d’antenne satellite, ni d’antenne TNT et quand même un accès à Canal », ajoute Denis Vergnaud, fondateur de Mediatvcom.

S comme Smartphone

Avec seulement le Wi-Fi, l’abonné pourra-t-il réellement avoir un accès fluide aux programmes ? Canal + indique un débit minimum requis de 1,7 Mégabits/seconde. « Mais ils ont développé une technique où le débit s’adapte au débit réellement disponible, ce qui leur fait prendre une longueur d’avance », remarque Denis Vergnaud de Mediatvcom. Le décodeur est enfin doté d’innovations qui séduiront les plus geeks : un pilotage par smartphone depuis MyCanal, permettant de lancer du contenu depuis son mobile et de poursuivre la lecture sur la télé, une possibilité de lancer des enregistrements à distance, toujours depuis MyCanal. Autre fonctionnalité inédite : la fonction Start Over, permettant un retour jusqu’à huit heures en arrière dans la programmation de la chaîne.