Les jeux restent un enjeu majeur pour la télévision
TELEVISION•Inédits en France ou remis au goût du jour, les jeux télévisés ont une présence toujours plus grande sur les grilles de programme…Anaëlle Grondin
Préparez-vous à voir déferler dès cet été pléthore de nouveaux jeux à la télé. Cyril Féraud, sur France 3, sera aux commandes d’un programme baptisé Personne n’y avait pensé, Jean-Luc Reichmann présentera à la rentrée le jeu de questions-réponses Le Champion de la TV sur TF1 et NRJ 12 a annoncé qu’elle allait relancer L’Académie des 9. Trois exemples parmi tant d’autres. Les jeux télévisés sont tout sauf ringards. François Viot, directeur de la rédaction de Télé Câble Sat Hebdo avait publié en 2009 le livre Le jackpot des jeux télé. Il « persiste et signe » : ce genre est plus que jamais « un enjeu majeur pour la télévision ».
Un rapport qualité/prix défiant toute concurrence. « Dans cette période de crise que traversent les chaînes, le jeu télévisé est un genre très rentable », indique François Viot. « Le budget pour un jeu, c’est 10 % de celui d’une fiction » et il est possible d’enregistrer plusieurs émissions à grosses audiences à la suite dans une même journée. A l’heure de la scripted-reality low cost, on pourrait croire que ce genre, plébiscité par les jeunes, soit parti pour supplanter le jeu télé. Il n’en est rien, affirme François Viot : « la téléréalité coûte plus cher qu’un jeu. » Il souligne qu’NRJ 12 abandonne d’ailleurs certains formats comme L’Île des vérités. « Les chaînes de la TNT découvrent les vertus des jeux », assure-t-il. « Elles sont en demande de marques fortes et de rendez-vous fédérateurs », renchérit Aliette de Villeneuve, responsable du pôle contenus de NPA Conseil, cabinet spécialisé dans les médias.
Un remède face à la crise. En plus d’être un genre fédérateur et de réunir toutes les générations, « les jeux télévisés continuent de faire rêver les téléspectateurs », affirme François Viot, évoquant une « dimension évasion » et la popularité des jeux d’aventure (malgré le drame de Dropped). Il y a aussi une « dimension spectacle » importante. « Il faut des décors somptueux », ajoute-t-il, en donnant l’exemple de Boom !, le jeu de culture générale animé par Vincent Lagaf, extrêmement visuel. « C’est une tendance des jeux télé », selon lui. De la même manière, les animateurs qui font le show avec les candidats, comme Nagui dans N’oubliez pas les paroles, sont plébiscités. « Ca s’est accentué ces derniers temps », indique François Viot. « Même dans Questions pour un Champion on voit des bons clients maintenant. Aujourd’hui, tout le monde est "casté", même pour des jeux comme ça. » Les professionnels chargés de rechercher les meilleurs candidats possibles sont d’ailleurs très recherchés.
Une réponse à la nostalgie. Avec les émissions « revival », les téléspectateurs retrouvent une sorte de madeleine de Proust. « Les gens ont en mémoire les fous rires et ont envie de les revivre », commente François Viot. Pour les chaînes de télé, « recycler » de vieux concepts a deux avantages : minimiser la prise de risque et faire des économies, puisque développer un concept et créer des pilotes coûte beaucoup d’argent. Les chaînes préfèrent miser sur des formats qui ont déjà fait leurs preuves en les modernisant (une nécessité pour éviter le flop immédiat). D8 a ainsi redonné une seconde vie au Maillon Faible l’an dernier avec Julien Courbet aux manettes. Même si les scores sont faibles ces derniers temps pour ce programme, Aliette de Villeneuve affirme que « le jeu télé traditionnel reste un genre particulièrement contributeur aux audiences des chaînes ». Elle ajoute que les émissions cultes qui reviennent sont « rassurantes » pour les téléspectateurs.
Une flamme entretenue. Questions pour un champion est diffusé sur France 3 depuis 1988 et Motus sur France 2 depuis 1987. Certaines marques emblématiques de la culture populaire télévisuelle n’ont jamais disparu de l’antenne et ont conservé une forte notoriété même si elles ont forcément dû se renouveler au fil du temps. François Viot affirme qu’il y a toujours derrière ces émissions une base de fans « hyper fidèles qui entretiennent la flamme. » Pour un long moment encore, visiblement.