Trois bonnes raisons d’infiltrer «Le bureau des légendes» de Canal+
SERIES TV•Canal+ lance ce lundi soir à 20h55 sa nouvelle création originale, «Le bureau des légendes»…Annabelle Laurent
Malotru (Mathieu Kassovitz) revient de six années à Damas. Là-bas, il était Paul Lefebvre, un professeur de français: c’était sa «légende», sa couverture sous laquelle il opérait au service de la DGSE. Mais à son retour à Paris, au «Bureau des Légendes» depuis lequel sont formés et pilotés à distance les agents, Malotru décide de ne pas abandonner son identité fictive, au risque de mettre la vie des autres clandestins en danger, et alors qu’un autre, Cyclone, a disparu des radars en pleine mission en Algérie…
Le bureau des légendes ouvre ses portes ce lundi soir. Trois raisons d’infiltrer la DGSE sur Canal+.
Parce qu’Eric Rochant
Et Eric Rochant a une approche très personnelle de l’univers des espions, déjà à l’œuvre dans deux de ses films, Les Patriotes (1994), centré sur le Mossad, et Möbius (2013), sur le FSB, ex-KGB: miser sur les temps morts et le quotidien plutôt que sur le spectaculaire, préférer à l’action sa préparation. Le Bureau des légendes? Une planque cachée au sein de la DGSE, peuplée de «veilleurs» rivés sur leurs ordinateurs et de salles des réunions. On repassera pour le glamour. Mais c’est d’ici qu’il faut retrouver Cyclone, s’assurer qu’il n’est pas un agent double, mener les interrogatoires, sécuriser les autres infiltrés. «C’est plus intéressant de découvrir que notre destin ne tient pas à des surhommes, mais à des gens tout à fait normaux qui prennent parfois une mauvaise décision parce que leur femme ou leur mari leur pèse sur les nerfs», estime Mathieu Kassovitz, qui dit avoir été tout de suite séduit par le ton réaliste adopté par Eric Rochant. «Aujourd'hui, on n’a plus envie de Mission Impossible, plus l'envie d’être dans le fantasme», tranche-t-il. Derrière le réalisme se cache d'ailleurs la collaboration de la DGSE, qui, comme l'a découvert Eric Rochant, projetait depuis plusieurs années Les Patriotes à ses candidats durant leur formation.
Parce que l’espionnage
Qui dit espionnage dit géopolitique, présente ici avec la Syrie, l’Algérie, l’Iran. Mais c’est avant tout de psychologie et de ce fameux «facteur humain» qu’il est question. Qui ment, qui dit vrai, qui manipule. Une matière forcément très riche à exploiter, surtout quand on parle d’hommes et femmes contraints à vivre leur identité en double jusqu'à renoncer à l'une, du jour au lendemain. Les états d'âme de Malotru, qui brave l'interdit par amour pour une femme, une universitaire syrienne qu'il va mettre en danger sans le vouloir, fonctionnent d'emblée, portés par la gravité de Kassovitz, qui s'est plu dans cette «descente aux enfers d'un personnage qui pensait être plus fort que le système».
Parce que vous aurez bientôt la suite
Cette fois, l’attente d'une saison 2 ne durera pas trois ans comme pour Les Revenants. Eric Rochant et la création originale de Canal+ ont souhaité calquer leur modèle d’écriture et de production sur la méthode américaine. La saison 1 a été écrite en dix mois, en flux tendu, avec Eric Rochant – déterminé, après Mafiosa, à «participer au développement de la série en France», dit-il - dans un vrai rôle de showrunner, ce qui reste encore rare à quelques exceptions près, comme Frédéric Krivine pour Un village français. Un pool de scénaristes, une équipe de quatre réalisateurs, et un tournage en grande partie à la Cité du Cinéma à Saint-Denis pour que la salle d’écriture ne soit jamais loin du montage, mixage ou tournage. Le tout étant pensé pour durer: les acteurs ont signé pour trois saisons, et la saison 2, en écriture, sera tournée en septembre.