MIPTV: Pourquoi TF1 veut produire ses propres séries américaines
ECLAIRAGE•A l’occasion du MIPTV de Cannes, TF1, NBCU Television et RTL Deutschland ont annoncé une alliance inédite...Annabelle Laurent
De notre envoyée spéciale à Cannes
L’accord est inédit. Conclue entre le groupe TF1, le groupe de télévision allemand RTL Deutschland et le studio américain NBC Universal, l’alliance annoncée lundi dans le cadre du MIPTV devrait permettre, sur deux ans, la production de trois séries américaines, tournés aux Etats-Unis, avec un casting américain. Mais quel est l’intérêt de TF1 là-dedans? Et à quelles nouvelles séries américaines calibrées pour la France faut-il s’attendre?
Pour TF1, l'intérêt est d'abord économique, puisque le financement est partagé de façon égalitaire avec RTL Deutschand et NBC Universal, permettant de viser des «budgets américains»: 2 à 3 millions d'euros par épisode. Les recettes obtenues des ventes des séries dans d’autres territoires seront également divisées en trois parts, permettant à TF1 de créer de la valeur.
Eviter l’arrêt d’une série jackpot comme «Mentalist»
Mais l'objectif est aussi de créer des séries sur mesure. «Il s’agit d’abord de décider de l’avenir des séries, explique TF1 à 20 Minutes. Sans être tributaire des décisions éditoriales d’un diffuseur américain.» Jusqu’ici, TF1 s’approvisionnait grâce à ces «deals» avec Warner, Sony et Universal, lui donnant le droit de se servir dans les séries produites par les studios, mais toujours après l’achat de la série par une chaîne américaine. TF1 devait donc se plier aux décisions du diffuseur. The Mentalist cartonne sur TF1, mais CBS a décidé que la saison 7 serait la dernière. «L’histoire s’arrête donc là, indépendamment de notre volonté», regrette la chaîne, qui pleure déjà Simon Baker, capable de lui offrir (en octobre 2014) une audience de 10,5 millions de téléspectateurs. Même enjeu avec Dr House, qui s’était achevé en juin 2013 au grand regret de la chaîne.
Produire des bonnes vieilles séries procédurales
Aux Etats-Unis, la production de séries épisodiques (où chaque épisode peut se regarder individuellement), et en particulier des procédurales (surtout policières, mais le héros peut aussi être avocat, ou détective) connaît un ralentissement, au profit des séries feuilletonnantes, ancrées dans de nouveaux univers. Dans l'idée qu'un Law and Order (New York, Police Judiciaire), avec ses vingt saisons et ses moult spin-offs, a sans doute largement fait son temps...
Or c’est précisément les séries américaines sur lesquelles mise TF1, et dont le public allemand est également friand. Egalement pour une question de grilles de programmes: un épisode avec un crime résolu s'intègre plus facilement. D'où la proposition de NBC Universal de combler le décalage et de permettre aux deux chaînes de créer leurs propres séries procédurales, en les associant de façon inédite à la création, en amont, à travers un comité éditorial. «NBC Universal est très à l’écoute de ce que veut notre public.» Téléspectateurs de TF1, si vous avez des requêtes particulières, des idées de scénario, écrivez donc à TF1 avec Universal en copie. Et pour ceux en overdose de séries procédurales, passez votre chemin.