Inde: Ecran noir et colère du descendant de Gandhi après l'interdiction d'un film sur le viol
MEDIAS•La chaîne indienne NDTV a affiché dimanche soir un écran noir pour protester contre la censure d’un film. Elle a été soutenue par de nombreuses personnalités...Alice Coffin
Une chaîne d'information indienne a affiché un écran noir pendant une heure dimanche soir pour protester contre l'interdiction de diffusion d'un documentaire sur le viol en réunion d'une étudiante qui avait bouleversé l'Inde fin 2012.
La chaîne NDTV a diffusé de 21h à 22h un écran noir avec une flamme vacillante au moment où était prévue la diffusion de ce documentaire à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. La chaîne n'a fait aucun commentaire sur cette interdiction mais sa directrice de la rédaction Sonia Singh avait écrit auparavant sur Twitter: «Nous ne hurlerons pas mais nous serons entendus.»
« We won't Shout but we will be Heard @SharmaKadambini: #IndiasDaughters 9pm to 10pm pic.twitter.com/UKfqtTImL7” — sonia singh (@soniandtv) March 8, 2015 »
L'arrière-petit-fils de Gandhi réagit
Un tribunal indien avait ordonné l'interdiction de ce documentaire India's Daughter en raison de propos tenus par l'un des condamnés à mort pour le viol en réunion et la mort d'une étudiante fin 2012 à Delhi, les autorités craignant des troubles à l'ordre public.
Le ministre de l'Intérieur, Rajnath Singh, avait estimé, pour justifier la demande d'interdiction, que les commentaires du condamné, Mukesh Singh, diffusés dans ce documentaire étaient «très offensants et (constituaient) un affront à la dignité des femmes».
La décision de NDTV largement saluée
«J'aimerais pouvoir poster un "tweet noir" en solidarité avec la protestation de NDTV», a twitté Tushar Gandhi, l'arrière petit-fils du héros de l'indépendance, le Mahatma Gandhi.
« Wish I could post a blank tweet in solidarity with NDTV's India's Daughter protest. — Tushar A. Gandhi (@TusharG) March 8, 2015 »
Le documentaire de la réalisatrice britannique Leslee Udwin devait être diffusé dans sept pays dimanche à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. La BBC avait anticipé sa diffusion dès mercredi après son interdiction en Inde.
Le père de la victime -la jeune femme était décédée de ses blessures- a estimé que tout le monde devait voir ce documentaire qui dévoile «l'amère réalité» de la situation de la femme en Inde.
Les autorités de la prison où est incarcéré Singh ont assuré que la réalisatrice avait violé les termes de l'accord permettant son interview, ce qu'a démenti Udwin.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, n'a fait aucun commentaire à ce sujet mais a exhorté dimanche à la lutte contre toute discrimination envers les femmes.