Programmes TV: «Il ne faut pas diaboliser "Les Ch’tis" et "Les Marseillais"»
INTERVIEW•Spécialisé dans les jeux, talk-shows et téléréalités, Banijay Group est désormais numéro un des producteurs de télévision dans l’Hexagone. Son patron en France, François de Brugada, explique ce succès et se confie sur ses objectifs…Propos recueillis par Anaëlle Grondin
De notre envoyée spéciale à Cannes
Impossible de passer à côté de la société de production Banijay à Cannes cette semaine. Ses responsables, présents en force au Mipcom, marché international des contenus audiovisuels, ont installé un stand plus qu'imposant à l’entrée du Palais des festivals. Avec 1.551 heures de programmes diffusés en France la saison dernière, l’entreprise est passée en tête des producteurs d’émissions de télévision dans l’Hexagone, chipant la première place à Lagardère Entertainment. 20 Minutes a rencontré François de Brugada, directeur général de Banijay Group en France.
Banijay n’a que six ans d’existence, et voilà que la société est numéro un des producteurs de télé en France. Quel est le secret de ce succès?
On a acquis trois sociétés de production ici. Parmi lesquelles celle de Cyril Hanouna, H2O, qui fait beaucoup d'heures de programme. On a pas mal de quotidiennes chez lui, mais aussi chez Alexia Laroche-Joubert, à la tête de Banijay Production France, comme Les Ch'tis, Les Marseillais (W9) et aussi Une saison au zoo (France 4). On fait également beaucoup d’autres quotidiennes sur France Télévisions grâce à Nagui et à ses jeux, via sa société Air Productions [acquise par Banijay en 2008]. On est vraiment spécialisés sur les programmes d’access quotidiens.
C’est pourtant une case compliquée ces derniers temps. Les échecs successifs de France 2 en témoignent...
C’est une bataille terrible parce qu’il y a un enjeu d’audience et financier très important pour les chaînes. Je pense que tout le monde s’est dit à un moment que le public allait se lasser des jeux de Nagui, dans cette case depuis longtemps. Mais N’oubliez pas les paroles a su se renouveler. Les audiences se sont peut-être un peu tassées à un moment et France 2 a eu envie de tenter autre chose (le talk-show de Sophia Aram, celui de Laurent Ruquier), mais elle a fini par rappeler Nagui.
Cyril Hanouna vous permet aussi de vendre énormément d’heures de programmes. Comment expliquez-vous qu’il arrive à fédérer les téléspectateurs à chaque émission?
Cyril a une base de fans extrêmement fidèles, il a un vrai pouvoir d’attraction. Il y a aussi un facteur de bonne humeur. Les gens ont envie de rigoler, y compris avec des blagues un peu potaches. Parfois on le critique pour ça, mais je pense qu’il en faut pour donner aux gens la possibilité de se détendre en fin de journée. Aujourd’hui, dès qu’on dit «Cyril Hanouna», les gens qui aiment cet état d’esprit là sont au rendez-vous.
D’ailleurs, il va présenter un nouveau télé-crochet sur D8 mercredi soir, «The Cover». Il n’y en a pas déjà trop? Surtout que «Rising Star» ne fait pas d’étincelles…
Ce sera une seule émission et c’est plutôt une grande émission de divertissement. On va retrouver ce que beaucoup d’entre nous faisons sur Internet de temps en temps: chercher pour un morceau qu’on aime bien des reprises extraordinaires et farfelues. On s’est amusé à sélectionner des «performers» qui reprennent des tubes que l’on connaît par coeur de manière talentueuse et amusante.
Du côté de vos programmes de téléréalité, «Les Ch’tis» et «Les Marseillais» sur W9 réalisent aussi de très bonnes audiences. Vous n’allez pas les lâcher de sitôt…
Quand on a commencé Les Ch’tis, on ne s’attendait pas à faire autant d’émissions. Si on additionne avec Les Marseillais, et les versions bonus comme Les Ch’tis contre les Marseillais, on a fait 11 saisons. Tant que le public aura du plaisir à suivre leurs aventures on continuera.
Ca ne vous dérange pas que ces émissions soient critiquées? Elles sont parfois trash…
Ce n’est pas du tout trash. Il ne faut pas diaboliser Les Ch’tis et Les Marseillais. C’est une jeunesse qui existe en France et qui a le droit aussi d’être à la télévision. C’est un programme qui véhicule des valeurs de solidarité, d’amitié. Il n’en serait pas à sa 11e saison si c’était juste des bimbos vulgaires qui s’insultent. Les Hélène et les Garçons de l’époque, c’était pas si différent.
Banijay n’a en tout cas pas de soucis à se faire pour le moment. Quel est le chiffre d’affaires de la société?
On ne donne pas de chiffres. Mais on est très contents. Il y a encore quelques années on était un tout petit producteur en France. Mais il nous reste encore beaucoup à faire. On fait beaucoup de programmes quotidiens en access mais on fait peu de prime. On veut en faire plus pour France Télévisions, M6 et TF1. On sera content quand on sera aussi bons en prime time qu’en access.