TELEVISIONHervé Gourdel: Fallait-il (ou pas) diffuser les images?

Hervé Gourdel: Fallait-il (ou pas) diffuser les images?

TELEVISIONLes médias français ont choisi de ne pas diffuser la vidéo de la décapitation d’Hervé Gourdel…
Alice Coffin

Alice Coffin

Diffuser ou pas la mise en scène de l’assassinat d'Hervé Gourdel par les terroristes de Daesh? Le dilemme n’existe pas, puisqu'aucune chaîne de télévision française ne l’a fait. Même si certaines, France 2 ou France 3 par exemple, ont opté pour ne montrer aucune image de la vidéo, alors que d’autres, TF1 ou les chaînes d’information continue, ont mis à l’antenne des captures écrans. L’AFP avait, par la plume de son rédacteur en chef France, donné le ton très vite après qu’on a appris l’existence de ces images mercredi.

« "Message de sang pour le gouvernement français" #Gourdel. Mais l'#AFP ne diffusera pas la vidéo comme pour les autres otages. — Didier Lauras (@didlauras) September 24, 2014 »



La ministre Fleur Pellerin félicite la presse

Ce jeudi, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin a salué cet «effort qui a été fait par la presse en France de ne pas entrer dans le jeu des terroristes. Pour eux c’est un jeu, ils souhaitent mettre en scène leur barbarie, ils souhaitent effrayer, a-t-elle expliqué sur France 2. Je crois qu’il faut informer nos concitoyens mais ne pas entrer dans cette spirale (…) Je n’ai pas à réguler, à réglementer, à interdire. La presse est libre. La responsabilité qui a été démontrée ce matin (….) est un bon référentiel.»

Des débats et les choix de CNN

Ce n’est pas la première fois, et pas le premier pays, dans lequel la question se pose aux journalistes. La directrice de l’information de l’AFP, Michèle Léridon, a exposé dans un texte les enjeux de la diffusion ou non des images. «Avec l’organisation de l'Etat islamique, nous sommes confrontés à une utilisation sans précédent de l’image à des fins de terreur», précise-t-elle.

Aux Etats-Unis aussi, le débat a lieu depuis plusieurs années, et a été relancé après la décapitation du journaliste James Foley. Parmi une série de textes publiés sur l’American Journalism Review of Journalism, sa consoeur Jackie Spinner s’interrogeait: «Un groupe terroriste réalise une vidéo après avoir assassiné un journaliste et l’envoie via les réseaux sociaux pour qu’elle soit vue et partagée. Sommes-nous complices si nous le faisons?»

Le vice-président de CNN, Tony Maddox, avait lui détaillé à l’antenne les raisons pour lesquelles il refusait de montrer les images: «CNN est un enjeu de taille au Moyen Orient. Et si CNN décide de ne pas diffuser quelque chose, cela a du retentissement, en particulier si nous expliquons pourquoi nous ne le diffusons pas.»

Ces décisions des médias n’empêchent pas d’autres canaux de diffuser cette vidéo. Le site L’internaute notait que «Message de sang», nom donné par les meurtriers à leur séquence, faisait partie des expressions les plus recherchées mercredi soir sur Google.