20 ans de «Friends»: «J’ai regardé une vingtaine de fois chaque épisode»
SERIES TV•Le Fan Club Français de «Friends», qui de 1997 à 2004 se réunissait chaque semaine pour voir les épisodes, organisait une rencontre ce samedi pour les 20 ans de la série…Annabelle Laurent
«Je n’ai dit à personne que je venais, on m’aurait traitée de tarée. Et ils auraient bien raison», lance Jennifer («avec deux n, comme Jennifer Aniston»). Comme 60-70 personnes ce samedi au Financier, un pub de Montparnasse, la jeune interne en médecine de 28 ans s’est laissée tenter par l’appel du Fan Club Français de Friends.
Il y a 20 ans, le 22 septembre 1994, les Friends arrivaient sur NBC, pour y rester dix ans, jusqu'en mai 2004. De 1997 à 2004, le Fan Club se réunit dans une quinzaine de villes en France. Des soirées chaque semaine. Des week-ends, même. Une encyclopédie. C’est loin, maintenant, «faut pas se mentir, on est tous passés à autre chose», mais Franck Beulé, le fondateur du club, voulait «marquer le coup», avec une rencontre et une projection.
Quatorze minutes sauvées
Il y a tant de moment cultes. Impossible de résister à Chandler, coincé dans une banque avec Jill Goodacre. Au pétage de plomb de Ross («I'm fine!») quand il reçoit chez lui Joey et Rachel, brièvement en couple.
Au sublime clip de «Smelly Cat». A Gunther et Rachel. A la découverte, par chacun, du couple Monica-Chandler. Franck a concocté des montages thématiques jouissifs, et la salle – des trentenaires, quelques-uns plus jeunes, une majorité de filles – ne boude pas son plaisir. En prime, des scènes inédites, récupérées - avec une patience ahurissante - des versions US coupées pour la diffusion française. Sourire glorieux: «Sur l’épisode 923, il y a 14 minutes que vous n’avez pas vues». On est fan ou on ne l'est pas. Deux heures de projo, «deux mois de travail» pour Franck, un peu déçu: les inscrits étaient plus nombreux sur Facebook.
«Une maladie»
«Tous passés à autre chose», vraiment? William, Allan et Sami ont vu l’intégralité des épisodes «au moins trois fois». Marc a tout re-regardé cette année. Anne-Laure, 31 ans, «dix fois, facile». Mais Jennifer est la championne incontestée. Un peu gênée, elle répond: «C’est une maladie… Peut-être une vingtaine de fois chaque épisode». Cet été, elle est «retombée dedans» en déménageant. Le coffret de cassettes dépoussiéré, et hop, c’était reparti.
«C’est toute mon adolescence… C’est un point de chute, une bulle. Ca m'a donné de la légèreté dans des moments de doute». Dans les années 2000, elle était «sur un site, All about Friends, avec un pseudo», mais c'est sa première réunion. Au quizz (de très, très haut niveau), elle ne sèche pas une fois. Franck est obligé de lui demander de laisser les autres répondre.
Aucun creux
Sami avait «peur». «Je me suis dit: je vais tomber sur des gros geeks». Katia ne «se serait déplacée pour aucune autre série». Pour tous, évidemment: «Aucune série n’égale Friends». Beaucoup citent How I met, Big Bang Theory. Mais «Friends, c’est drôle, ça a toujours été drôle. Aucune saison faible, aucun creux. Et l’humour n’a pas vieilli». Certains ont suivi les séries des acteurs, Joey, Cougar Town, pas tous. «Episodes, c’est vraiment bien».
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Un bébé et des pleurs
Thomas est propulsé dix ans en arrière. En 1998, il venait d’arriver à Paris, «cherchait un endroit pour regarder Friends.» Franck avait créé le site un an plus tôt, «juste pour apprendre à faire un site, Internet démarrait», et lancé ensuite les rencontres: «Quand France 2 a acquis les droits, Jimmy les perdait, c’était le drame. On s’était dit, si Jimmy garde la VO, on crée des rencontres toutes les semaines. A la première, on était 150». Grâce au club, «il y a eu des mariages, un bébé», raconte Thomas. «Une petite Emma, comme la fille de Ross et Rachel».
A sa sélection de vidéos, Franck a intégré la scène finale. Silence dans le pub, comme dix ans plut tôt. «Les gars pleuraient, c’était collectif, c’était génial. Dans le bar, on était cent, et pas un bruit, essaie de concevoir le truc. On a vécu Friends ensemble, pas dans notre canapé. Ceux qui ne l’ont pas vécu ne comprennent pas».