Les programmes télé français ne se sont jamais aussi bien exportés
TELEVISION•Les ventes de programmes à l’étranger ont augmenté de 8% pour atteindre 137,1 millions d’euros. Un point sur les tendances 2013 lors des Rencontres de TV France International…Anaëlle Grondin
De notre envoyée spéciale à Biarritz
Apocalypse, première Guerre mondiale, «Les Revenants», «Bref»… Les programmes audiovisuels français ne se sont jamais aussi bien exportés à l’étranger, se réjouissent ce mardi Mathieu Béjot, directeur général de TV France International, et Benoît Danard, directeur des études du Centre national du cinéma (CNC), au Rendez-vous annuel de TVFI. Les ventes ont cru de 8 % en 2013 pour atteindre 137,1 millions d’euros. Le plus haut niveau depuis vingt ans.
Une tendance qui confirme, selon Mathieu Béjot et Benoît Danard, la «reconnaissance d’un savoir-faire dans la création de programmes de qualité». «Ce sont de très bons chiffres. Dans une période économique difficile, c’est encore plus remarquable», a commenté Frédérique Bredin, la présidente du CNC. Mais quelles sont les tendances de 2013?
L’animation et le documentaire en vedettes
Si les ventes de programmes français ont progressé pour tous les genres, leur croissance est soutenue par l’animation (+6,7 % par rapport à 2012), qui progresse pour la cinquième année consécutive. «La série d’animation française adulte "Silex and the City" incarne le dynamisme du marché, pour le CNC et TVFI. Cette production 100 % made in France rassemble aujourd’hui 1,3 million de spectateurs: la meilleure animation de l’année 2013.»
Les documentaires (+3,7 %) séduisent également beaucoup les acheteurs et décideurs étrangers. En vingt ans, leurs ventes ont progressé de près de 182 %. «Il faut rappeler la force du documentaire français, insiste Benoît Danard. Apocalypse a remporté une très large diffusion au niveau mondial». Les fictions françaises (+14,1 %) s’exportent aussi à l’international mais sont un peu moins plébiscitées.
L’Allemagne très friande de nos programmes
«On constate que l’Europe reste le plus gros acheteur de programmes audiovisuels français» avec une part de marché de près de 67 %, note Mathieu Béjot. L’Europe de l’ouest en particulier. L’Allemagne est le premier débouché international (+37,8 % d’achats en 2013) devant la Belgique (+59,9 %). En ce qui concerne l’Italie et Espagne, «deux marchés un peu sinistrés par la crise économique», Benoît Danard «observe une reprise» depuis l’an dernier. En revanche, les ventes ont reculé au Portugal, en Grèce, et également au Royaume-Uni.
Mathieu Béjot ajoute qu’il y a une diversification croissante. Si l’Europe n’est pas près d’être détrônée, «de nouveaux territoires en termes de ventes ont émergé: l’Asie et le Moyen-Orient».
Les plateformes VOD, un nouveau relais de croissance
L’ombre du géant américain Netflix, attendu en France la semaine prochaine, plane sur Biarritz. Si certains acteurs de l’audiovisuel craignent que son arrivée bouleverse le marché, les producteurs et distributeurs se réjouissent à l’idée de pouvoir négocier avec un futur client. Les services de vidéo à la demande constituent «un vrai relais de croissance», assure Mathieu Béjot. «Certains nouveaux adhérents [à l’association TV France International] nous indiquent que ces plateformes peuvent représenter 25 % de leur chiffre d’affaires», ajoute-t-il. «Elles ont une importance croissante.»
La preuve? Le studio français Ankama vient de passer un contrat avec Netflix pour diffuser «Wakfu». Et il se félicite ce mardi: «Cet accord permet à Ankama de mettre sur le devant la scène sa série animée "Wakfu" (déjà diffusée en France dans ludo, sur France3) et de lui faire bénéficier d’une visibilité mondiale via les 50 millions d’abonnés à Netflix.»