INTERVIEWChris Esquerre: «Je vais foutre le bordel»

Chris Esquerre: «Je vais foutre le bordel»

INTERVIEWL’humoriste le plus génialement absurde du PAF est de retour sur Canal+ cette saison, en plus d’un échauffement à l’animation chaque jour sur France Inter après Nagui…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Chris Esquerre nous prend des mains l’iPhone (qui enregistre). «Mode avion, très bien, ah mais 30 % de batterie, bon faut pas s’éterniser apparemment». On avait laissé un Chris Esquerre distribuant les bons et mauvais points à Denisot and Co au «Grand Journal», on le retrouve cette rentrée plus despote que jamais dans «Importantissime», un programme de trois minutes où il joue à l’animateur faussement cool d’une émission fantôme. Dès ce samedi à 12h05, pour une première fournée de 16 épisodes, et drôle dès le teaser. Ça promet.

C’est venu comment, «Importantissime»?

Les chroniques en plateau, j’en avais marre, j’en avais fait peut-être plus de 1.000, entre M6, Canal, la radio… Les téléspectateurs sont tellement au courant des codes que ça devient très compliqué de les surprendre, donc de les faire rire. Là je m’amuse comme un petit fou. Comme dans «Télé Oléron» je privatise l’antenne pour faire mes conneries, ça revient à ça! Un personnage omnipotent, odieux, c’est une veine humoristique que je n’ai pas encore creusée, et c’est aussi une critique en creux des médias, même si je n’ai pas de message à délivrer bien sûr.

Une critique inspirée de votre expérience, du coup?

Oui, c’est dix ans de télé et de radio! C’est directement inspiré, plus ou moins, de faits réels. C’est ce qu’on entend dans les réunions de rédaction, les gens qui ont un melon énorme, les discours sur les «études quali»… Mais c’est caricaturé évidemment, même les pires producteurs ne sont pas comme ça.

Des émissions en particulier?

«Importantissime» synthétise tout! Il y a une pincée de «Capital», une des JT, une de Bernard de La Villardière, du «Grand Journal», des talk-shows des autres chaînes, c’est une espèce de melting-pot caricaturé.



Le tournage en coulisses et votre personnage font un peu penser à «The Office»...

J’ai regardé cet été, oui! On m’a dit que j’y trouverais des ressemblances. Je ne regarde aucune série: pour faire mon métier, faut jamais regarder ces trucs-là, sinon t’arrives pas à créer quelque chose de spécial.

Vous avez arrêté votre spectacle

Oui, le DVD sort à Noël, ça sera la clôture. C’était une décision difficile à prendre, c’est dur d’arrêter quand ça marche. Mais c’est pas l’essence de ce métier de pantoufler dans un truc écrit il y a quatre ans. Il faut que j’écrive un second spectacle maintenant. Sinon j’ai l’impression d’être un escroc!

Cette première semaine en animateur relai de Nagui (sur France Inter à 12h10), c’était comment?

J’apprends vraiment un nouveau métier, tu maîtrises très peu de choses. Au pire, si c’est pas probant, si je suis archi-mauvais, j’arrêterai. J’ai demandé deux mois d’engagement, le plus court possible, ils m’avaient proposé un an et j'ai dit attendons de voir, vous serez bien contents de pouvoir me virer facilement si c’est pas bon!

L’attachée de presse arrive pour lui montrer les photos du plateau d’«Importantissime». «Là il les jetterait une à une: (l’air dégoûté) ça non, ça non, ça non. Y’a rien.»

Quel animateur serez-vous dans «Importantissime»? Vous aurez des invités?

Je trouve qu’on fait un usage complètement immodéré de Twitter, à la radio, à la télé, ça me paraît délirant car ce n’est qu’une partie du public, alors je vais beaucoup m’en moquer, je vais lancer des faux tweets, je vais foutre le bordel! Je suis de l'ancienne génération. J’ai l’air d’un gamin, mais j’ai 39 ans. J’utilise à fond mon côté ringard pour le mettre dans le perso. Et oui, bien sûr, j’aurai de vrais invités, je peux très bien avoir Carole Bouquet! L’objectif, c’est d’avoir des scoops…

Sur Twitter vous suivez cinq personnes dont Boulanger et Conforama. Votre fil doit être palpitant! Pourquoi?

Parce que je ne cire pas les pompes des gens pour qu’on me suive, je ne veux pas participer à ce commerce… Il y a des gens à la radio et la télé qui followent plein de gens et se désabonnent ensuite pour ne suivre que leurs potes. Il est fantastique, mon fil! Mais je réponds aux tweets, et sur Facebook aussi, à tout le monde! C’est presque un quart-temps.