Requins à La Réunion: La recrudescence des attaques expliquée sur Arte
TELEVISION•La chaîne diffuse ce mardi à 20h50 une enquête passionnante qui a nécessité deux ans de travail sur l’île. Toutes les hypothèses sont passées au crible avec des scientifiques…Anaëlle Grondin
Dix attaques de requins et cinq morts en trois ans. Du jamais vu auparavant. Depuis 2011, La Réunion doit faire face à ce grave problème qui affecte le tourisme sur l’île et divise ses habitants. Un phénomène qui a déjà fait l’objet de nombreux reportages sensationnalistes sur les chaînes nationales, ne faisant souvent que donner l’image d’une «île aux requins» très dangereuse et irriter un peu plus les Réunionnais.
Mais, ce mardi à 20h50, Arte propose pour changer une enquête qui a nécessité deux ans de travail. Son auteur, Rémy Tézier, a tenté de comprendre pourquoi les attaques de requin se sont multipliées ces dernières années à La Réunion en examinant toutes les pistes possibles et en allant les vérifier sur le terrain (et même sous l’océan) avec des scientifiques. «Beaucoup de reportages sur les requins ont été réalisés par des équipes de métropole qui restent une semaine, ce n’est pas en une semaine qu’on a des réponses», tacle le réalisateur.
«Donner des éléments de compréhension»
«J’ai voulu faire ce film pour savoir ce qu’il se passait, pour donner des éléments de compréhension aux Réunionnais [qui ont déjà pu visionner le documentaire] et pour que chacun puisse se faire une opinion», explique-t-il à 20 Minutes. Il a alors décidé d’accompagner, à partir d’octobre 2012, l’équipe scientifique chargée de percer les mystères du comportement des requins-bouledogues, un spécimen très peu connu et très peu étudié auparavant, et des requins-tigres.
«On a étudié chaque hypothèse» permettant d’expliquer leur présence accrue au large de La Réunion, souligne Rémy Tézier: les fermes aquacoles qui attireraient les squales, l’embouchure de l’Etang Saint-Paul dont l’eau douce se déverse dans la baie, les carcasses de poissons flottant dans le port de Saint-Gilles, station balnéaire, ou encore la raréfaction des poissons qui pousseraient les requins à chercher d’autres proies comme l’homme.
«Sans a priori»
Installé depuis 24 ans à La Réunion, Rémy Tézier est lui-même un féru de surf. Mais il affirme être «parti sans a priori». «J’ai travaillé avec un journaliste [Laurent Bouvier] pour tenter d’avoir un point de vue objectif. La force de ce documentaire c’est qu’il a été fait avec deux points de vue», assure le réalisateur.
Même s’il connaît très bien l’île, il affirme que faire ce film n’a pas «été évident» après «tous les reportages qui ont été tournés» là-bas. «Les gens nous ont fait confiance car on habite là-bas et que c’était pour Arte», explique Rémy Tézier.
La prudence règne aujourd’hui
Le réalisateur dit n’avoir jamais cessé de surfer à La Réunion. Il reste toutefois prudent. «J’ai filmé des requins sous l’eau. Quand j’y vais, j’ai un regard complètement différent. J’emmène un masque, je regarde la clarté de l’eau, je fais attention aux horaires.» Des automatismes que tous les surfeurs devraient avoir selon lui.