SERIES TV«Scandal», entre Shakespeare et «roman de plage trashy»

«Scandal», entre Shakespeare et «roman de plage trashy»

SERIES TVLe soap politique hautement addictif de la créatrice de «Grey’s Anatomy» arrive en clair ce mardi sur M6. «20 Minutes» a rencontré deux acteurs sans lesquels le Bureau ovale ne tournerait pas rond…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Michelle Obama est fan, Barack s’en tient à son chouchou «House of Cards» mais a félicité en mai son alter ego fictionnel pour la sérénité avec laquelle il exerce la fonction présidentielle... Aux Etats-Unis, «Scandal» est incontournable. Centrée sur le cabinet d’Olivia Pope, experte en gestion de crises qui évite aux affaires louches du tout Washington de virer au scandale, flirtant volontiers avec le soap, peu avare en grosses ficelles mais, il faut bien l’avouer, rapidement addictive, la série débarque en clair sur M6 après sa diffusion sur Canal.

Au Festival TV de Monte-Carlo, 20 Minutes a rencontré Jeff Perry et Bellamy Young. Aucune magouille n’effraie le premier, Cyrus Beene, chef de cabinet de la Maison Blanche. Aucune femme ne privera de son statut la seconde, Mellie, la Première dame... Rencontre.

«Shonda, c’est Shakespeare»

La showrunneuse Shonda Rhimes peut compter sur eux pour faire sa pub. Pour Jeff Perry, «peut-être pas très objectif», «L’écriture de Shonda, c’est du Tchekhov, c’est du Shakespeare». Ou encore: «Elle écrit pour nous comme Woody Allen écrit pour Diane Keaton». Créatrice de «Grey’s Anatomy» et de «Private Practice», Shonda Rhimes exploite à nouveau le filon de la série chorale, et, même si le duo entre Olivia Pope et le Président prend sérieusement les devants dès le pilote, soigne toute sa galerie de personnages. Jeff Perry était le père de Meredith dans «Grey’s Anatomy». «Pour l’ambigüité qu’elle donne à son casting, ses séries sont un paradis pour les acteurs.» Sa réaction à la lecture du script? «Je ne pouvais pas m’arrêter, comme si je lisais un roman de plage trashy!» Il corrige: «Sauf que ce n’en est pas un.»

La crise, c'est aussi sur le plateau

«Scandal», ça secoue, ça pulse, ça fatigue, aussi. En un épisode, il faut: trouver une solution miracle à une affaire au potentiel explosif, faire avancer la romance interdite, distiller des intrigues secondaires. Du coup, la crise n’est pas que dans le scénario, à en croire les acteurs, au débit de parole proche des héros d'Aaron Sorkin («A la maison blanche»). «Sur le tournage, ils arrêtent pas de crier: "Au rythme de Scandal!". On est constamment en état d’urgence», assure Bellamy Young. «Les scripts ont au moins dix pages de plus que les autres séries de 40 minutes», ajoute Jeff Perry. D’autant que les scripts ne leur sont donnés que la veille du tournage, «à l’heure du déjeuner, encore tout chauds de la photocopieuse, et on doit tourner dès le lendemain.» Les acteurs aussi, «des gladiateurs en costume»?


Cyrus, ce «son of a bitch»

Ils sont si avenants, Jeff Perry et Bellamy Young, qu’on oublie facilement les perversités de leurs personnages. «Le pouvoir, ce n’était pas du tout une inclination naturelle pour moi», promet Jeff Perry, qui avoue volontiers avoir été «ignorant en politique» avant la série, contrairement notamment à l’actrice principale Kerry Washington, très active au sein du Parti démocrate. Bellamy Young, elle, explique s’être plongée dans des lectures pour affiner son rôle de Première dame. Une idée de l’évolution de leurs personnages pour la saison 4, attendue à l’automne 2014? «Aucune!», répondent-ils en chœur. Jeff Perry se demande juste si «Cyrus va être encore plus un salaud [«son of a bitch»] ou s’il va devenir un peu plus humain.»