WEBMes cinq ans avec Netflix

Mes cinq ans avec Netflix

WEBOutre-Atlantique, le service de streaming, qui doit débarquer en France d'ici la fin de l'année, fait partie du quotidien...
Philippe Berry

Philippe Berry

Attendu comme le messie par des millions d'internautes français, Netflix est-il à la hauteur du fantasme? Notre correspondant à Los Angeles raconte son expérience.

2008-2009: La rencontre

Tout commence par une enveloppe rouge dans la boîte aux lettres. Alors que les vidéoclubs ferment les uns après les autres, Netflix propose un système de location de DVD par la poste. Ma roommate paie 12 dollars par mois pour deux disques à la fois. Elle les commande depuis le site de Netflix, qui les envoie en 24 ou 48 heures. Quand elle a terminé, elle laisse l'enveloppe prépayée sur la boîte. Par un miracle très américain, personne ne la vole, et le facteur la récupère lors de sa tournée du soir. Une fois que Netflix a reçu les galettes, elle peut en commander deux autres, en moyenne quatre ou cinq fois par mois. Il ne faut pas être pressé mais cela nous permet de regarder l'intégrale de «The West Wing» à petit prix. «The streets of Heaven are too crowded with angels», lance le président Bartlet. Martin Sheen est presque aussi charismatique que ce jeune sénateur Barack Obama, qui vient de terrasser Hillary Clinton dans la primaire démocrate.

2010-2012: Les années galères

Parce que les DVD appartiennent au siècle dernier, on passe à la formule streaming illimité pour 7,99 dollars par mois. Dans ce tiers-monde de l'Internet que sont les Etats-Unis, l'expérience est crispante. Les chargements sont longs, la qualité aléatoire, et surtout, le catalogue laisse à désirer. Car pour des histoires de chronologie des médias, les blockbusters récents sont disponibles en DVD mais pas en streaming. Restent des classiques, des films indépendants et étrangers, quelques séries et des documentaires comme «Man on Wire». Les suggestions restent très aléatoires et une fois la liste des «50 meilleurs films disponibles sur Netflix» terminée, il n'y a plus grand chose à regarder.

2012-2014: La passion du «binge watching»

Netflix multiplie les deals de contenus, surtout du côté de la télévision. De plus en plus de séries récentes arrivent comme «Breaking Bad» et «The Walking Dead». On découvre également des pépites British comme «Sherlock» et «Luther». Mais surtout, après le coup d'essai «Lilyhammer», Netflix frappe un grand coup avec son programme maison «House of Cards». «Allez, juste un épisode et on se couche.» Deux bouteilles de vin et huit épisodes plus tard, le marathon de la Saint Valentin 2014 se termine. C'est la marque de fabrique de Netflix: on regarde où on veut (télé, PC, tablette), quand on veut. Parfois jusqu'à l'indigestion.

L'avenir: Une love story échangiste

Globalement, la qualité de l'image s'est améliorée, souvent en full HD, en attendant le 4K plus tard cette année dans certaines villes. Pour une dizaine d'euros par mois, Netflix propose désormais un catalogue assez riche pour se couper du monde pendant plusieurs hivers. Mais son concurrent, Amazon Instant, muscle son jeu. On y trouve de nombreuses exclusivités comme «The Good Wife», «Hannibal» ou «Orphan Black». «Game of Thrones», lui, n'est disponible que sur HBO Go. Pour les épisodes en cours de diffusion, cela se passe sur Hulu Plus. La réalité, c'est qu'aux Etats-Unis, on partage ses logins entre amis, du genre «Je t'échange Amazon contre HBO». Pour l'instant, les grands groupes ferment les yeux. Sur Netflix, on peut même créer plusieurs profils pour éviter de retrouver «Pretty Little Liars» dans ses suggestions à cause de sa petite cousine. Bref, après presque six ans, le mariage fonctionne plutôt bien. Cela n'empêche pas d'aller voir ailleurs.