A l’office de tourisme de Chicago, Elise Gorun, agente d’accueil n’a jamais entendu parler de «Watch Dogs», le jeu vidéo d'aventure-action qui recrée la ville américaine comme «Grand Theft Auto V» remodelait Los Angeles. En revanche, «"Boss", j’aime beaucoup cette série surtout pour l’acteur Kelsey Grammer». Un acteur qui joue en 2011 et 2012 le rôle d’un maire mafieux de Chicago. Un personnage fictif, mais le décor de la ville, lui, ne l’est pas.

«La plus américaine des villes américaines»

Parmi ses séries préférées, l’agente cite la série politique «The Good Wife», qui met en scène la femme du procureur de Chicago, et aussi le plus récent «Chicago Fire», entièrement tourné dans la ville, dont les héros ne sont autres que les pompiers de la ville. Il y a un peu plus d’un mois, elle a été renouvelée par la NBC pour une troisième saison. «Chicago a souvent été décrite comme la plus américaine des villes américaines, explique Richard Moskal, directeur du Chicago Film Office, liée à la mairie, à 20 Minutes. Les séries reflètent souvent cela: animée, bosseuse et authentique. "Chicago Fire" est un bon exemple avec ses hommes généreux et au franc-parler, capables d’être héroïques au quotidien.»

Une industrie qui a crû de 20% en 2013

2013 a été une année charnière pour l’industrie audiovisuelle et cinématographique à Chicago. Selon le Chicago Film Office at the Department of Cultural Affairs and Special Events (DCASE), l’activité de cette industrie y a crû de 20 % cette année. Marco Trejo, habitant de Chicago, lui se rappelle de l’excitation qui a parcouru la ville lors du tournage des blockbusters Dark Knight et Transformers 4 respectivement en 2007 et 2013. Divergente et Jupiter Ascending, le prochain space opera des Wachowski, y ont aussi élu domicile. Mais la plus grande progression concerne les séries.

Séries policières, médicales ou à suspense…

Pas moins de six d’entre elles y sont actuellement réalisées: «Chicago Fire», son spin-off «Chicago PD», «Betrayal», «Crisis», «Mind Games» et «Sirens». «On a l’habitude d’y voir des séries policières, médicales ou à suspense», note Richard Moskal. Difficile de ne pas se rappeler d’«Urgences». Seulement, la série dont l’action était située cette métropole de 2,7 millions d’habitants était tournée à Los Angeles, en incrustant des plans sur les buildings de Chicago. «Visuellement, le centre-ville est un bel endroit pour y raconter des histoires, avec son architecture vintage, sa skyline sur le lac Michigan, ses ponts et son train aérien», pointe le responsable du Chicago Film Office.

Un crédit d’impôt attractif dans l’Illinois

L’intérêt des producteurs pour Chicago est suscité par des soucis moins esthétiques. Comme un crédit d’impôt accordé depuis 2008 par l’Etat de l’Illinois aux industries audiovisuelles. Et par des détails plus pragmatiques. Il existe un vivier d’acteurs où piocher des rôles, une réserve assurée par la présence de compagnies théâtrales réputées: SteppenWolf, Goodman ou encore Looking Glass. Mais face à New York, San Francisco ou Los Angeles, la ville a encore une réputation à se faire. «Il y a deux ans une société qui organisait pour les touristes des tours en bus sur les lieux de tournage a fermé, faute de fréquentation», se souvient Elise Gorun. Les bateaux-mouche sur la rivière Chicago, eux, continuent de faire le plein.