«Tunnel», le thriller de Canal+ qui fait honneur à l'humour «rosbif»

«Tunnel», le thriller de Canal+ qui fait honneur à l'humour «rosbif»

TELEVISION – Très attendue, la nouvelle série de Canal+ commence ce lundi. Inspirée de la série suédo-danoise «Bron», déjà objet d’un remake américain, elle relève le pari de l’adaptation à valeur ajoutée…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Le corps a été déposé à la frontière franco-britannique, en plein milieu du tunnel sous la Manche. Elise Wassermann de la police criminelle de Calais (Clémence Poésy) et Karl Roebuck, son homologue de Folkestone (Stephen Dillane), sont appelés sur les lieux. L’œuvre est celle d’un tueur en série: ils vont devoir enquêter ensemble. Coproduite par Canal+ et Sky Atlantic, inspirée de la série suédo-danoise «Bron/Broen» et déjà adaptée à la sauce US («The Bridge» avec Diane Kruger), «Tunnel» prenait le risque d’être un thriller de plus, dont l’intrigue nous a déjà été narrée non pas une, mais deux fois. Mais la série convainc grâce à son savoureux duo d’enquêteurs.

Sandwichs frites-mayo et humour british

Clémence Poésy, la Française, ne décroche pas un sourire. Cassante, solitaire, autoritaire, elle ne s’embarrasse pas de paroles inutiles et vise les faits, et seulement les faits. Le partenaire dont elle se serait bien passée («Comment ça se passe avec l’Anglais?» - «Il parle beaucoup»), Stephen Dillane est le flic empathique, charmeur, joueur. Le soir venu, quand la première s’empiffre de sandwichs frites-mayo dans son studio aux murs nus, en poursuivant l’enquête, le second rejoint sa femme et ses enfants: il en a cinq de trois femmes différentes.

A défaut de dérider sa partenaire, les répliques de Karl Roebuck tombent juste, et séduisent d’emblée. Un «humour anglais, donc sur soi, jamais méchant ni cynique, contrairement au nôtre», commente Clémence Poésy, choisie pour son bilinguisme et sa carrière internationale. Un humour surtout porté par le charisme évident de l’acteur, vu dans «Game of Thrones» (Stannis Baratheon). «C’est de la dentelle, ce qu’il fait», s’enthousiasme Clémence Poésy. Quant au coauteur de la série Ben Richards («Spooks», «Party animals», «MI-5»), a t-il besoin de préciser qu'il n’aime «pas du tout les thrillers pompeux et sérieux»?

La signature Dominik Moll

Prenez le pilote de «Bron» et celui de «Tunnel»: du côté du serial killer, décidé à dénoncer par tous les moyens la faillite morale de la société (ce qui donne lieu à quelques lourdeurs – une voix modifiée caricaturale, un message politique alambiqué), très peu, sinon aucun changement. L’identité est à trouver dans les dialogues, ceux de sept scénaristes, cinq Anglais, deux Français, qui ont fait des préjugés «Frogs» vs «Rosbifs» leur moteur principal. «Il y a vraiment quelque chose qui appelle à explorer les variations entre d’autres pays, ce n’est pas un hasard qu’il y ait trois adaptations», estime Ben Richards.

Ben Richards d’un côté, Dominik Moll de l’autre. Le réalisateur de Harry, un ami qui vous veut du bien n’a signé que deux épisodes sur dix (les deux premiers) mais a laissé ses consignes aux quatre autres réalisateurs de la série, et son empreinte: une atmosphère noire, inquiétante, qui s’impose dès la première fameuse scène de l’Eurotunnel, dont les cinq premières minutes sont disponibles en ligne.

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