Les journalistes encore sur les traces de Xavier Dupont de Ligonnès
MEDIAS – Deux ans et demi après les faits, dans les rédactions, l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès passionne toujours. La preuve ce soir avec un «Envoyé Spécial» sur France 2 consacré à ce dossier…Alice Coffin
Deux ans et demi après sa disparition, personne ne sait où se trouve Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d’avoir assassiné sa femme et ses quatre enfants. Ni même s’il est vivant. Personne ne le sait, mais certaines personnes le cherchent toujours. La police bien sûr, mais aussi les journalistes. La preuve, ce jeudi soir avec un «Envoyé Spécial» signé Anne-Sophie Martin consacré au mystère. Y a-t-il d’autres journalistes qui travaillent encore sur ce sujet? Et comment procèdent ces faits-diversiers lorsqu’il faut suivre une affaire pendant des années? 20 minutes les a interrogés.
«Il n’est pas question de lâcher»
«Des journalistes qui enquêtent sur de Ligonnès, y’en a encore plein! explique Jean-Alphonse Richard, chef du service Police-Justice de RTL. Il n’est pas question de lâcher le truc. C’est au contraire quand ça n’est plus à la une qu’on a des chances de récupérer une info selon la vieille règle des renards des surfaces!» Rédacteur en chef de Presse Océan à Nantes, lieu du crime, Marc Dujean confirme. «On n’a jamais arrêté sur cette affaire. Les interrogations continuent à traverser la rédaction, il y a une curiosité propre aux journalistes. Et bien sûr nous allons revenir dessus en avril, à la date anniversaire, en nous préparant longtemps à l’avance.» Au Parisien, Thibault Raisse, qui a suivi le dossier et coordonné un hors série spécial sur le sujet, estime que «même s’il ne se passe plus grand-chose de très actif, on essaie de régulièrement se tenir au courant, pour ne pas rater le coche». Avec l’espoir fou de retrouver soi-même Dupont de Ligonnès?
Le syndrome Rintintin
«Ah le fameux fantasme du fait-diversier, s’amuse Thibault Raisse. Non ce n’est pas pour cela que l’on continue à suivre.» «C’est vrai que pendant mon enquête beaucoup de collègues se moquaient de moi en disant: alors tu l’as retrouvé? Mais je ne suis pas Rintintin, tranche Anne-Sophie Martin. Simplement il reste un mystère abyssal.» Qu’elle a tenté d’approfondir en repartant «Sur les traces de Xavier de Ligonnès». «Je pensais que dans le voisinage, deux ans et demi après, les esprits se seraient un peu refroidis. Mais non, le déferlement médiatique est tel que les gens continuent d’en avoir marre.» Preuve de l’intensité de la présence journalistique.
L’affaire Dupont de Ligonnès est-elle un cas unique?
D’autres affaires justifient-elles ou ont-elles justifié un tel suivi des journalistes spécialisés? «Oui mais le problème justement c’est que des journalistes spécialisés, il y en a de moins en moins, estime la journaliste Brigitte Vittal Durand, auteure de La pratique du fait divers. (Editions CFPJ). Avant les journalistes pouvaient rester attachés vingt, trente ans à une rédaction. Maintenant c’est plus compliqué.»
L’affaire Dupont de Ligonnès, elle, devrait continuer d’occuper les esprits. «Cela fait partie des faits divers mythiques, estime Jean-Alphonse Richard. Comme la mort de Marilyn, comme Landru, on en parlera encore dans cinquante ans.»