Delphine Lanson, réalisatrice de «Naître Père»: «LCP a été menacée par un député UMP»

Delphine Lanson, réalisatrice de «Naître Père»: «LCP a été menacée par un député UMP»

INTERVIEW – La Chaîne Parlementaire diffuse lundi soir à 20h30 le documentaire «Naître Père». «20 Minutes» a demandé à Delphine Lanson, la réalisatrice, de raconter l'histoire d’un film qui n’était, d’abord, pas conçu pour être militant…
Alice Coffin

Alice Coffin

A l’origine du film Naître Père, la volonté de la réalisatrice Delphine Lanson de «suivre deux hommes dans leur accession à la paternité». Elle suit donc François et Jérôme, pacsés depuis 13 ans, et adeptes pendant neuf mois des allers-retours Paris – Wisconsin où ils se rendent pour voir la mère porteuse de leurs jumeaux, puis assister à la naissance de leurs enfants. Le film est sorti en salle en février, en plein débat sur le mariage pour tous et discussions où il fut souvent question de GPA (gestation pour autrui). Du coup, la Chaîne Parlementaire a décidé de programmer le film. Une diffusion a lieu lundi soir à 20h30, une autre aura lieu le 11 août. Interview de la réalisatrice.

Histoire de clarifier très vite les choses, ce film est militant ou pas?
Au départ, pas du tout. Cela ne pouvait pas être le cas puisque il n’y avait même pas de débat à l’époque. J’étais devenue maman de façon classique , avec un monsieur, et je m’interrogeais alors beaucoup sur la paternité. Le film était prévu pour être diffusé en 52 minutes sur Stylia.

Et puis…
Et puis il y a tout ce qu’on a entendu ces derniers mois. Des choses inacceptables, mal renseignées. Les points de vue des uns et des autres sont légitimes mais c’est dommage de se baser sur l’ignorance. Alors si mon film n’est pas militant, moi je suis en le train de le devenir!

Ce n’est pas franchement anodin que LCP, la Chaîne Parlementaire, diffuse ce documentaire, vous ne trouvez pas?
A la lumière des débats, ils ont souhaité approfondir le sujet, l’éclairage sur la question. C’était risqué de leur part. Ils l’ont senti car il y a eu des pressions d’un député UMP. Pour que le film soit déprogrammé. La personne qui s’occupe de la programmation a risqué sa place. Ils ont tenu bon, ce qui est courageux de leur part. Ils ont tout de suite répondu en disant que LCP se devait de présenter des regards pluriels, et en ajoutant des dates de diffusion supplémentaires!

Vous avez eu des refus de la part de salles ou de chaînes?
De salles, je n’ai pas à me plaindre. Il est resté 11 semaines à l’affiche à Paris. En revanche, France Télévisions a en même temps affiché un vif intérêt pour le film mais l’a refusé pour des raisons pas forcément valables. En gros, ils trouvaient le documentaire dangereux car trop positif. Mais je ne veux pas en dire plus car ce n’est pas moi qui les ai eu au téléphone. Et puis, finalement France 5 va le diffuser en feuilletons dans « Les Maternelles» à partir du 4 septembre.

C’est vrai en même temps qu’il est positif votre film et que vous n’abordez pas forcément tous les sujets, notamment celui des enjeux financiers.
Ce n’était pas ma problématique. Et ils sont abordés dans le DVD. En fait, j’ai posé toutes les questions, et toutes les réponses figurent sur les 83 heures de rush. Mais encore une fois à la base je ne pensais pas à faire figurer cela dans le film car pour moi je parlais juste d’une histoire singulière. Et il se trouve que c’est une très belle histoire. Certains trouvent peut être cette réalité trop belle, mais je ne vais pas en inventer une plus noire. C’est peut être difficile de croire au bonheur parfois!

Le couple du film dit avoir amorcé les démarches après avoir vu un documentaire à la télé. Votre film a-t-il joué un rôle dans la décision d’autres couples?
Oui, et d’autres au contraire m’ont dit que cela ne les tentait pas du tout. Ce que j’espère c’est que cela permette de montrer un chemin, celui de solutions éthiques et éclairées, qui respectent les pères, les enfants, les mères porteuses et leurs familles.