Michel Drucker: «Je ne voudrais pas avoir 20 ans»
INTERVIEW•L'animateur a un demi-siècle de carrière derrière lui...Propos recueillis par Alice Coffin
Le 19 décembre, France 2 diffuse un téléfilm adapté de l'autobiographie de Michel Drucker, suivi du documentaire «Itinéraire d'un enfant de la télé». Un chant du cygne pour ses cinquante ans de carrière? Que nenni. «20 Minutes» a rencontré l'animateur.
Le 19, c'est une forme d'adieu?
Pas du tout. Même si, avec ce téléfilm qui met en scène mon enfance et adolescence, j'espère que les démons du passé s'envoleront. Mais on me dit que je ne fais pas mon âge, donc je peux encore faire de la télé quelques années!
C'est-à-dire?
Je souhaite le sentir, le jour venu. En télé, cela signifie surveiller son image, sa silhouette et savoir qu'à un moment ce n'est plus possible, surtout quand on fait du divertissement. A la radio, c'est différent, il n'y a pas d'âge! Bouvard a 82 ans, Elkabach 74, et Julie, présente dans l'émission avec moi, a la même voix depuis quarante ans.
C'est pour cela que vous êtes revenu à la radio?
C'est pour Europe 1, qui a toujours été une radio d'avant-garde. D'ailleurs, aucun décideur ne peut faire carrière sans passer par Europe. Toutes les grandes signatures de la rue Bayard (RTL) viennent d'Europe 1. Alors, quand le patron, Denis Olivennes, m'a dit qu'il était temps que j'arrête de servir la soupe aux autres et que je fasse une émission où je me mets plus en avant, avec plus de dérision, moi qui avais toujours laissé ça aux Ruquier ou Ardisson, j'ai dit oui.
Votre patron… Vous parlez très souvent des patrons. Pourquoi?
Parce qu'ils sont tout-puissants. Enfin, l'actionnaire. A la télé, l'actionnaire est le roi. Dans le service public, c'est le président de la République. Encore plus clairement depuis Sarkozy. Avant, il y avait le sas de décompression du CSA. Bon, le public a son mot à dire, l'audience compte aussi.
La télé, ça ressemblera à quoi dans cinquante ans?
Difficile à dire. Mais je ne voudrais pas avoir 20 ans aujourd'hui. Il n'y a que les seniors qui s'en sortent. Deux vies ne suffiraient pas aux jeunes pour devenir vedettes comme on l'a été. On est quatre-cinq à être au plus haut niveau, et, comme par hasard, tous sexagénaires. Les autres ne sont plus désormais vedettes que le temps d'un film, trois disques ou deux émissions.