ENERGIEAvec une augmentation de 500 % du gaz, Strasbourg va changer ses habitudes

Strasbourg : Avec une augmentation de 500 % du gaz, l’eurométropole veut faire des économies d’énergie tous azimuts

ENERGIEFace à une augmentation historique de coût de l’énergie, l’eurométropole et la ville de Strasbourg vont multiplier les initiatives et les dispositifs pour faire des économies et appellent plus que jamais à la sobriété énergétique
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Le prix d’achat du gaz par l’eurométropole de Strasbourg a augmenté de 500 %.
  • Elle n’a pas d’autre choix que d’accélérer sa politique de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables.
  • De nouvelles mesures vont être prises dès cet automne, comme une meilleure gestion énergétique des bâtiments publics en fonction de leur utilisation, la réduction de la température dans les écoles et les bâtiments administratifs, des économies sur la politique événementielle…

Avec une facture de l’achat du gaz en hausse de 500 % et la hausse exponentielle du prix de l’électricité, l’eurométropole de Strasbourg n’a pas d’autre choix que d’accélérer sa politique de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables. Et cela, d’autant plus que ces hausses budgétaires devront être revues à la hausse cet hiver, a prévenu la présidente de l’eurométropole, Pia Imbs, ce mercredi lors d’une conférence de presse sur cette urgence énergétique…

Car, concrètement, la facture énergétique au plan prévisionnel de 2022, qui était déjà de 3,2 millions d’euros vient de passer 17,4 millions d’euros… Même si « cela avait été anticipé dès juillet, assure la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, nous avions tablé sur le doublement du prix du gaz. Mais, après quelques semaines, ces prévisions étaient déjà obsolètes car nous en sommes à six fois plus. Nous devons réactualiser sans cesse nos scénarios. »

« Une baisse importante des ressources »

« Entre absorber la crise énergétique, l’augmentation du point d’indice et l’inflation, c’est une baisse importante des ressources de la collectivité, s’inquiète l’élu Syamak Agha Babaei, en charge du budget et des finances de la ville et de l’eurométropole. Si on devait continuer à fonctionner comme aujourd’hui, que les habitudes ne changent pas, hypothétiquement, il faudrait trouver 240 millions d’euros dans les quatre prochaines années pour la ville de Strasbourg. »

Aussi, les deux collectivités qui ont placé au tout premier plan l’urgence climatique dès le premier jour de leur mandat, comptent passer la vitesse supérieure. « Le cap que nous nous étions fixé est le bon, comme un sportif qui s’affûte pour la course, a illustré la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian. Nous étions déjà engagés. Là, il va falloir qu’on sprinte. »

Quels leviers ?

Plusieurs leviers sont possibles et vont être mis en place dès cet automne, même s’ils doivent encore être discutés dans le détail entre les 33 communes de l’agglomération et les élus. Principale piste de réflexion, la sobriété de consommation énergétique : démarrage du chauffage le plus tard possible dans la saison, limitation à des températures moyennes de 19° dans les bâtiments administratifs, voire 15° dans ses ateliers. Les écoles, excepté les crèches et les petites sections, devront également se limiter à 19°. Autres pistes, la fermeture partielle voire complète, selon l’affluence ou l’utilisation, de certains bâtiments énergivores : à commencer par des bureaux de la mairie place Broglie, mais aussi, cela reste à préciser, les piscines, patinoires, médiathèques… C’est ainsi qu’est confirmée également la fermeture, deux jours par semaine, des musées de la ville.

Recours au télétravail, réduction de l’éclairage public, l’interdiction possible des enseignes lumineuses. Toutes les politiques publiques sont passées au crible et toutes les options sont sur la table, confie l’exécutif. Exception faite, a indiqué Syamak Agha Babaei, de la masse salariale qui ne sera pas touchée pour faire des économies, tout comme les mesures sociales, le bouclier social en direction des familles. L’élu préfère parler d’une adaptation du service public local. C’est en ce sens que Jeanne Barseghian a également annoncé qu’il n’y aura pas, par exemple, d’augmentation du prix des cantines scolaires en 2022 et que le surcoût, de plusieurs centaines de milliers d’euros, sera assuré par la ville.

Enfin la politique évènementielle va être impactée afin de limiter « les dépenses de prestige », de visibilité. Ainsi, est annoncé l’annulation cette année de la journée sans voiture, intitulée Rues libérées. Mais pas de panique : « On ne touchera pas au marché de Noël, il aura bien lieu ! prévient la maire. Même si on va travailler sur sa sobriété énergétique, son écoresponsabilité, notamment sur la question des illuminations. Là, il y a des marges de manœuvre. »