URBANISMEA Strasbourg, la « ville de demain » prend sa place, sans voiture

Strasbourg : La « ville de demain » prend sa place, sans voiture

URBANISMELa place du Temple-Neuf, au coeur du centre-ville de Strasbourg, est vidée de ses voitures pour laisser place à l'opétration « Oasis », une « expérience éphémère » qui aspire à préfigurer à la ville de demain
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • La ville de Strasbourg travaille à une « utilisation différente, moins figée, de l’espace public ». Après un appel à manifestation d’intérêt en juin dernier, elle expérimente les « usages éphémères dans la ville ».
  • Le projet « Oasis » est actuellement déployé, jusqu’au 31 août, sur la place du Temple Neuf à Strasbourg. Une place au cœur de la ville où pour l’occasion, 35 places de stationnement ont été « provisoirement » supprimées. Deux zones bleues de six places chacune ont par ailleurs été désignées à proximité immédiate de la place.
  • Végétalisation, aménagements urbains qui invitent à la contemplation des lieux et profiter de ses platanes centenaires, le lieu accueillera également des évènements.

Des bancs en bois aux larges dossiers inclinés, s’appuyant sur des installations végétales, à l’ombre de platanes centenaires. Une invitation à la contemplation, à la réappropriation de l’espace, redonner du temps au temps, à la vie. Des pots avec des légumineuses, une place pour les enfants, les familles, des évènements culturels, ou éventuellement prendre un simple verre, et bien sûr des arceaux à vélos. Le tout en hypercœur de ville de Strasbourg, place du Temple Neuf. Une « Oasis » bordée d’habitations préservées et son magnifique temple et une opération répondant à un appel à projets pour créer à Strasbourg des lieux à « usages éphémères ».

Une place bien connue aussi des automobilistes qui trouvaient là une chance de se garer aux portes même des commerces, voire l’ultime solution de stationnement en voirie à proximité de leur domicile pour les familles notamment, habitant le quartier cathédrale. En contrepartie, il est à noter que ceux qui ont un abonnement en voirie pour ce secteur, la zone 2, ont été informés de la possibilité de stationner dans les secteurs voisins (en zones n°4, 6 et 7) jusqu’au 31 octobre, ou de profiter de l’abonnement Résidéo dans le parking P3 des Halles ou dans le parking Petite France… « Pas vraiment à côté », peut-on déjà entendre.

De nouveaux usages de l’espace public

Le projet « Oasis », d’un budget total de 80.000 euros, avait déjà été annoncé et présenté en octobre dernier. Sa mise en place a cependant de nouveau fait l’objet d’un point presse sur le site ce jeudi, car le projet a été modifié et une programmation d’évènements définie dans ses grandes lignes. D’autres propositions sont possibles et attendues. Dans sa philosophie, le projet reste identique. « C’est une expérimentation d’usage éphémère de la ville, qui préfigure celle de demain, un projet qui s’inscrit dans une réflexion globale sur les places », a rappelé le premier adjoint à la maire Syamak Agha-Babaei. Accompagné de Joël Steffen, adjoint en charge du commerce et de l’artisanat, il a ainsi été rappelé que « l’utilisation de l’espace public ne doit pas être fixe et définitive », et que l’objectif est d'« envisager une manière différente de concevoir la fabrique de la ville, avec des associations, des projets citoyens » afin de pouvoir « poser un regard neuf sur une place ou un quartier ». Une vision de la ville basé notamment sur le plan piéton où la voiture trouverait une place, mais « rangée » dans les parkings en ouvrage.

De gauche à droite Salem Drici, Syamak Agha-Babaei, et Joël Steffen, sur la place du Temple Neuf le 19 mai 2022
De gauche à droite Salem Drici, Syamak Agha-Babaei, et Joël Steffen, sur la place du Temple Neuf le 19 mai 2022 - G. Varela / 20 Minutes

Le stationnement en question

Contrairement à ce qui avait été annoncé en octobre dernier, ce n’est pas un quart des places de stationnement qui seront « éphémères » jusqu’au 31 août, mais l’ensemble de la place qui est désormais concernée par cette interdiction de stationnement. Soit 35 places supprimées. Un aménagement somme toute logique pour une véritable expérimentation assure la ville et une décision appuyée par la Direction du territoire qui ne trouvait pas judicieux « d’avoir un usage mixte de la place », assure le premier adjoint. Un nouvel usage qui sera d’ailleurs régulièrement évalué par des médiateurs. Ils interrogeront les personnes sur place. « Sur les nouveaux usages de la place qui vont émerger, peut-être aussi potentiellement sur les nouveaux conflits, explique Syamak Agha-Babaei. Mais ce n’est pas parce qu’il y a conflit, qu’on doit s’interdire d’expérimenter. » Un retour sera fait à l’issue de l’opération, promet l’élu.

Autre grande nouveauté, issue, de la concertation avec les différents acteurs du quartier, parfois crispées, la désignation de zones bleues de stationnement (avec un disque), afin de faciliter les rotations des véhicules. Ce sont les premières en hypercentre, décidées principalement à la demande des commerçants. Douze places au moins ont été équitablement réparties entre la rue adjacente Temple Neuf et sur la place du Marché Neuf. Important, elles seront limitées à 40 minutes.

Aménagements place du Temple Neuf à Strasbourg le 19 mai 2022
Aménagements place du Temple Neuf à Strasbourg le 19 mai 2022 - G. Varela / 20 Minutes

« Un programme événementiel riche »

Une place ainsi libérée qui permettra à la population de participer à des ateliers, des animations, des expositions, assure la ville. « L’une sur le climat et l’autre sur les abeilles, avec une place prépondérante donnée sur l’action environnementale, détaille Salem Drici, élu référent du quartier. Des rencontres, des ateliers ludiques pour les enfants et les familles, autour des politiques publiques, le tri et le recyclage. Mais aussi la question des transports, les questions européennes. Ou bien encore des stammtischs les jeudis en fin d’après-midi, pour des échanges avec des élus, autour de thématiques comme l’alimentation saine, le bien manger, la question des mobilités. » L’occasion aussi d’une « programmation culturelle riche tous les samedis ou les dimanches, poursuit Salem Drici, avec des expressions dans l’espace public, pour laisser la place à l’imaginaire, à la poésie, avec notamment la participation du centre chorégraphique et des temps forts et spécifiques comme pour la fête de la musique ou le 14 juillet. » Enfin, certains commerces du quartier, pourraient, à l’occasion, tenir un stand.

La place sera ouverte au public une fois les derniers aménagements, notamment de végétalisation et l’installation de bornes anti voiture qui encercleront la place, aux alentours du 1er juin.