Strasbourg : Trois tabous qui ne font pas peur à la Maison du périnée
SANTE•Une structure unique en France, la Maison du périnée, reçoit les femmes comme les hommes ou enfants qui ont des problèmes avec leur périnée, un sujet qui touche à l’intime encore tabouGilles Varela
A la Maison du périnée à Strasbourg, on ne vous parlera pas d’équipement de montagne. Rien à voir avec « la chaîne des Pyrénées » plaisante la médecin Chloé Blum évoquant un micro-trottoir journalistique où des hommes interrogés sur le périnée parlaient bien souvent de la montagne, dans le Sud. Non, ici, on parle et traite très sérieusement de trois domaines qui restent encore tabous, à savoir les troubles urinaires, fécaux et sexuels en lien direct avec ce groupe de muscles qui forme le plancher pelvien.
Pas toujours évident de parler de fuites urinaires ou anales, d’un problème d’érection, de libido, d’éjaculation précoce, de douleurs vaginales lors d’un rapport sexuel… Loin aussi l’idée trop répandue que le périnée ne concerne que les femmes, souvent après un accouchement. Les hommes en ont bien un et « tous les âges peuvent être concernés par ces problèmes du quotidien, enfants comme adultes » , précise la médecin qui était encore il y a peu, chef de service en MPR (Médecine physique et réadaptation) à l’hôpital.
« Une approche pluridisciplinaire »
Pour schématiser, on parle d’une sorte de plancher de fibres musculaires situé dans le bas-ventre, en forme de hamac, qui s’étend du pubis au coccyx, et permet de gérer l’urètre, l’anus mais aussi le vagin pour les femmes. Problèmes après un cancer de la prostate chez l’homme, problèmes chez la femme ménopausée avec un amincissement du « hamac », problèmes du « pipi au lit », de fuites anales aussi chez l’enfant, le programme des réjouissances à toutes les étapes de la vie est bien fourni… Comme l’agenda de la Maison du périnée.
Située au cœur du centre-ville de Strasbourg, place Kléber, cette nouvelle structure, est unique en France. Unique car elle est multidisciplinaire permettant ainsi « une prise en charge globale et meilleure du patient, d’avoir différentes approches qui sont complémentaires », explique Chloé Blum habituée par le passé « à travailler de cette façon en hôpital ». Sont donc présents une médecin, mais aussi beaucoup d’autres thérapeutes, qui viennent en fonction des besoins.
Une sage-femme sexologue, une nutritionniste diététicienne, une kiné spécialisée dans la rééducation périnéale des hommes et des enfants, une kiné plus orientée vers la femme après une grossesse, les douleurs, les endométrioses, tout ce qui est douleur pelvienne chronique ou bien encore une kiné ostéopathe, permettant ainsi une prise en charge pluridisciplinaire du patient. Toute une équipe qui prend en charge essentiellement « les périnées compliqués ». Et « à côté de ça, on fait aussi des ateliers ludiques, comme du yoga hormonal, pour les premières règles avec les jeunes filles », sourit la médecin. Des ateliers que l’équipe compte d’ailleurs bien développer et diversifier à l’avenir.