FILTRELe « Campus sans tabac » toussote encore un peu à Strasbourg

Strasbourg : A l’université, le « Campus sans tabac » toussote encore un peu

FILTREDepuis le 1er novembre, plusieurs entrées de bâtiments de l’université de Strasbourg sont devenues non-fumeurs
Luc Sorgius

Luc Sorgius

L'essentiel

  • Depuis octobre 2019, l’université de Strasbourg a intensifié ses actions pour aller dans le sens d’un « Campus sans tabac ».
  • Depuis le 1er novembre, une campagne de communication est déployée pour inciter les fumeurs à s’éloigner des entrées principales des bâtiments.
  • L’initiative est globalement bien accueillie par les étudiants, mais il reste encore du chemin pour un véritable campus sans tabac.

«Même ici, on ne devrait pas fumer ? » Amine affiche une mine surprise. Cet étudiant en première année de Master au Centre universitaire d’enseignement du journalisme à Strasbourg était de toute façon au bout de sa pause clope devant l’Escarpe. L’un des bâtiments de l’université dont les entrées sont devenues non-fumeurs depuis le 1er novembre, dans le cadre de l’opération « Campus sans tabac ».

« Il n’y a pas d’affiche ou de signalisation à ce sujet dans ce bâtiment », note le jeune homme. L’initiative ? Amine la trouve « plutôt bien » : « Mais je ne pense pas que cela changera quelque chose à ma consommation. Il faudra juste que j’aille plus loin pour aller fumer. Après, les gens qui fument quatre ou cinq cigarettes par jour, peut-être que ça va les démotiver… »

« Il faudrait mettre les moyens avant »

Même avis pour Yanis, étudiant en M1 enseignement. En ce jeudi matin, il vient de remarquer l’affiche pour le « Campus sans tabac » dans la vitrine du Portique, un des autres bâtiments concernés par l’opération. « Les cendriers sont encore en place devant les entrées, ça incite les gens à fumer ici », souligne-t-il.

Devant le Patio, un des lieux les plus fréquentés de l’université, ils sont encore nombreux à en griller une sous le préau du bâtiment. « Quand tu veux mettre en place une mesure, il faudrait mettre les moyens avant : déplacer les cendriers, mettre en place un endroit pour que les fumeurs puissent s’abriter », souffle en chœur un groupe d’étudiantes en socio.

Des zones fumeurs pour fin 2022

« On n’a pas encore le réflexe », lance pour sa part Mathilde, 22 ans, en Master 2 de sociologie. « Comme je viens de voir l’affiche, je me suis un peu décalée, mais comme ce n’est pas délimité, je ne sais pas s’il faut que je m’éloigne d’un mètre ou de cinq… » Elle observe toutefois que « depuis la pandémie, il y a moins de gens devant les entrées. Avant, c’était parfois noir de monde ».

S’il reste encore du chemin à parcourir pour dissiper la fumée, tous les étudiants interrogés s’accordent sur le bien-fondé de l’opération. Alexandre Tatay, attaché de presse de l’Unistra, insiste sur l’aspect progressif de la démarche : « La mise en place de zones fumeurs est prévue pour fin 2022, avec des cendriers implantés à ces endroits-là. Là, on invite les étudiants et le personnel à s’éloigner des entrées. »

Une première à l’échelle d’une université

En support à la campagne de communication, une vingtaine d’étudiants, « spécifiquement formés » pour devenir « médiateurs tabac », sillonneront le campus jusqu’au 25 novembre. Leur objectif ? « Recueillir les avis des étudiants et du personnel, et surtout ce que les gens souhaitent », précise Alexandre Tatay. « Ils inviteront également les étudiants à rencontrer le personnel du service de santé universitaire, pour les aider notamment à arrêter de fumer. »

La démarche « Campus sans tabac », lancée en octobre 2019 après l’obtention d’une enveloppe de 191.000 euros dans le cadre d’un appel à projets de l’agence régionale de santé (ARS), est la première en France à l’échelle d’une université. Avec une ambition claire, selon Alexandre Tatay : « Que tout le campus soit non-fumeur fin 2022. » D’ici là, l’université compte bien mettre le paquet.