PLOUFDes bouteilles de crémant d’Alsace immergées à Colmar pour une expérience

Alsace : Des bouteilles de crémant d’Alsace immergées à Colmar pour une expérience « amusante et intéressante »

PLOUFSoixante seront remontées deux ans et analysées sous toutes les bulles
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Première en Alsace ! Trois cents bouteilles de crémant ont été immergées dans le plan d’eau de Colmar.
  • Pourquoi ? Pour une expérience. « On va mener des analyses assez poussées pendant dix ans », explique Philippe Hugueney, directeur de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
  • Tous les deux ans, 50 bouteilles devraient être remontées.

Avis aux plongeurs amateurs de la région de Colmar. Ne soyez pas trop surpris si vous tombez… sur des caisses de crémant d’Alsace ! Trois cents bouteilles du célèbre vin effervescent ont été immergées mercredi sous la base nautique de la ville, à vingt-cinq mètres de profondeur.

« Tout est scellé et cadenassé. Le site est protégé et surveillé, la plage est à proximité. Un éventuel voleur sera vite repéré », sourit Eric Straumann. C’est lui, le maire de Colmar, qui est à l’origine de cette expérience. Une première dans la région, pas dans le monde avec notamment du champagne plongé en Mer Baltique.

« J’ai eu l’idée en buvant un vin pétillant de Sicile avant les fêtes de Noël l’an dernier. C’était original ! », reprend l’élu, qui s’est ensuite rapproché de spécialistes. « Je ne voulais pas passer pour un hurluberlu ! » L’accueil a été plutôt bon. Notamment chez le meilleur sommelier du monde 1989, Serge Dubs, toujours en poste au restaurant doublement étoilé « L’Auberge de l’Ill », à Illhauesern. « Je lui ai dit "pourquoi pas". Moi qui suis Alsacien et ambassadeur de nos vins, ça me paraissait être une bonne initiative », se souvient-il. « Même si des opérations du même type ont déjà été menées, en altitude aussi, je trouve l’expérience amusante et intéressante. »

Car le projet ne s’arrête pas à l’immersion et à la dégustation dans quelques années de ces 300 exemplaires de la cuvée prestige du domaine Muré, à Rouffach. « On va mener des analyses assez poussées pendant dix ans. Le but, c’est d’avoir une meilleure connaissance du processus de vieillissement du vin. De voir l’influence des conditions extérieures sur son évolution », confirme Philippe Hugueney, directeur de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae de Colmar).

Cinquante bouteilles remontées tous les deux ans

Le scientifique se penchera en particulier « sur les molécules aromatiques, pour voir comment elles évoluent par rapport à une garde traditionnelle en cave. » En parallèle, le docteur en physique Gérard Liger-Belair, professeur à l’université de Reims, scrutera « comment s’affecte la moussabilité du crémant ». Et, bien sûr, Serge Dubs prêtera son nez et son palais afin de qualifier tout ça en termes gustatifs.

Les bouteilles de la cuvée prestige du domaine Muré, de Rouffach.
Les bouteilles de la cuvée prestige du domaine Muré, de Rouffach. - Ville de Colmar

« L’été dernier, j’ai pu boire du vin de Cahors qui avait été placé dans le gouffre de Padirac, à 103 mètres sous terre, pendant un an, reprend l’œnologue. Sa densité gustative était plus affinée et plus profonde. On verra bien ce que ça donne cette fois ! » Tous les deux ans, 50 bouteilles devraient être remontées, toujours par les sapeurs-pompiers. Elles ne devraient pas être réservées qu’à l’expérience. « Le but, ce n’est pas de faire du commerce. On s’en servira pour les grandes occasions, comme l’ouverture de la Foire aux Vins », promet Eric Straumann.